Mahamadou Samaké , Point Focal Mali G5- Sahel « La sécurité a progressivement pris le pas sur les aspects de développement ».

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Mahamadou Samaké
Mahamadou Samaké

Economiste de formation, Mahamadou Samaké est diplômé de l’ Université de Paris 1, panthéon Sorbonne en économie d’entreprise et titulaire d’un diplôme DEA en économie du développement.     Chargé de mission au Ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Population, il est le Point Focal du G5- Sahel pour le Mali. A l’occasion de la tenue au Mali, Bamako, de l’atelier de pré validation des textes du G5 du Sahel, il a bien voulu répondre à nos questions. Faites en bonne lecture.

Le Pouce : Qu’est ce que c’est le G5 du Sahel ?

Mahamadou Samaké : « Le G5 Sahel est une organisation sous régionale qui a été mise en place par les cinq pays du Sahel communément appelés du champ, c’est-à-dire le Burkina Faso, la Mauritanie, Le Mali, le Niger et le Tchad. Il s’agit d’une organisation chargée de coordonner les politiques de développement et de sécurité dans les cinq pays considérés. Notre zone est exposée à de nombreux défis, l’insécurité, le crime organisé, le trafic d’armes de marchandises prohibées et de toute sorte. Bref, c’est une zone très fragile. L’organisation se donne pour ambition de jouer sur les deux piliers que sont : le développement et la sécurité. C’est un ensemble de programmes intégrateurs qui sont conçus pour être mis en œuvre pour développer en particulier les zones à faible densité de population. Un des aspects les plus importants, c’est la question de sécurité. Aujourd’hui la sécurité a progressivement pris le pas sur les aspects de développement compte tenu de l’actualité ».

 

Le Pouce : Pourquoi le choix porté sur le Mali pour abriter cet atelier.

Mahamadou Samaké :  « Le principe de création de l’organisation remonte au mois de février 2014 et la convention de création date du mois de décembre 2014. Depuis la mise en place de l’organisation, il ya eu un certain nombre de réunion que nous avons tenu soit à Niamey, soit à Nouakchott. Pour une organisation aussi importante pour nos pays, c’est un honneur pour chaque Etat d’abriter au moins une réunion de l’organisation sous-régionale. Il se trouve que le Mali, depuis le début des réunions en février 2014, n’avait pas eu l’occasion d’abriter une réunion  du G5-Sahel. A l’occasion d’une réunion qui discutait d’une question de sécurité en particulier la plate-forme régionale en matière de coopération sécuritaire, il a été demandé au Mali, s’il pouvait organiser l’atelier que nous allons tenir les 6 et 7 octobre 2015. Il s’agit d’un atelier de pré validation d’un certain nombre de textes qui vont être élaborés par un de nos partenaires l’Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime. Ces textes vont opérationnaliser la plate- forme régionale de coopération en matière de sécurité et au-delà aidé le G5 à élaborer les textes d’opérationnalisation de son comité défense et sécurité. Ce sont des experts qui ont déjà eu à travailler sur ces questions, qui vont présenter à la réunion de Bamako les projets de textes qu’ils ont eu à élaborer. Les experts du G5 venus des différents pays vont se pencher sur les documents et s’ils sont d’accord, vont procéder à une pré validation. L’idée étant que ces projets de documents seront ensuite présentés à l’examen et à l’adoption des plus hautes autorités de l’organisation, à l’occasion des prochaines réunions statutaires qui se tiendront à Ndjaména au Tchad avant la fin de cette année civile.Il s’agit d’une réunion extrêmement importante pour la sous-région en termes de sécurité.

Le Pouce : Et le développement dans tout ça ?

Mahamadou Samaké : Le but principal de la création du G5 était de coordonner les politiques de développement et de sécurité dans les cinq pays qui le composent. Le premier chantier auquel le G5 s’est attaqué où moi je prenais le train en marche, au mois de juin 2014, c’était d’élaborer le programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel. L’organisation est structurée en terme d’activités à mener autour de quatre axes d’interventions à savoir : les infrastructures ; la résilience ; la gouvernance et la sécurité. Au niveau du programme d’investissements prioritaires, nous avions identifié à l’époque un ensemble de projets pour 7208 milliards de Fcfa, reparties entre les pays dans les quatre axes d’interventions. Une des innovations du G5, c’est que précisément la stratégie régionale de développement et de sécurité fait une place de choix au développement des infrastructures. Avec tous les problèmes que nous connaissons dans le sahel, il y a tout récemment une prolifération des stratégies de développement destinées au sahel. Presque tous les bailleurs de fonds ont leur stratégie. Il y a la stratégie intégrée des Nations Unies pour le sahel. La banque Mondiale à sa propre stratégie. L’Union Européenne à la sienne. Quand vous regardez la plupart de ces stratégies qui se développent  pour le sahel, vous constaterez que l’infrastructure n’est quasiment pas traitée. Or, le paradoxe c’est que le développement passe nécessairement par le développement des infrastructures. De toutes les manières, ce sont des facteurs d’intégration. Seuls les 47% des 7208 milliards de Fcfa ont été consacrées aux projets d’infrastructures à savoir les routes, les chemins de fer, des projets d’interconnexions électriques. C’est juste faire un équilibre des choses ».

Le Pouce : Une idée sur les participants ?

Mahamadou Samaké : « Nous envisageons la participation d’une trentaine de personnes. Au niveau du siège de l’organisation, vous allez avoir le staff du secrétaire permanent, le secrétaire permanent lui-même, plus son expert en sécurité qui, a déjà pris fonction, plus le coordinateur régional de la plate-forme de coopération en matière de sécurité, plus un expert français mis à la disposition du secrétariat permanent du G5, comme conseiller sur les questions de défense et de sécurité et un assistant de secrétariat. Cinq personnes vont venir du siège. Au niveau des Etats, il est attendu trois participants par pays. Chaque Etats va déléguer le coordinateur national de la plate-forme régional de coopération en matière de sécurité, le pendant de ce coordinateur national coté défense et enfin le point focal de chaque pays. Le Mali en tant que pays organisateur aura un léger avantage avec une participation allant de 5 à 6 personnes ».

Le Pouce : Les attentes ?

Mahamadou Samaké : « Cette réunion est une rencontre technique, purement consacrée aux questions sécuritaires.  Le sahel connait d’énormes problèmes sécuritaires avec des développements récents comme des guerres asymétriques ; l’apparition de l’extrémisme violent. Ce sont des sujets complexes, auxquels les experts doivent donner des réponses. La maîtrise de l’information est capitale pour mettre en place un dispositif sécuritaire efficace.  Cette plateforme qui a été mise en place constituera un réseau d’échanges d’informations à caractère opérationnel, pour bien expliquer les questions sécuritaires et la gestion des frontières. Il est attendu de la réunion de Bamako, l’élaboration des textes qui vont donner des descriptifs complets du mode de fonctionnement, le type d’organisation et de préciser les niveaux d’engagement en terme de coopération sécuritaire entre les pays membres. Chacun des pays va être doté d’un formateur national. Pour chaque pays, il sera également défini les modalités de fonctionnement de la plateforme et au niveau régional comment la circulation va se faire.

La première attente très forte sera l’élaboration de textes institutionnels qui vont régir le fonctionnement de la plateforme. La deuxième attente sera que la sécurité doit être entendue dans sa conception globale. C’est que le maintien d’ordre et la sécurité ne sont pas seulement les questions de police. Il y a la sécurité intérieure, la sécurité extérieure. C’est l’ensemble de ces aspects, qui font qu’un pays peut être en sécurité. Pour y arriver, il faut parvenir à faire travailler tous les acteurs de ces questions sécuritaires. Jusqu’à présent, nous avons assisté à une façon de travailler qui fait que chacun joue son rôle à son niveau. Il y a certains acteurs qui s’occupent de sécurité et d’autres se chargent de défense. L’idée du comité de défense et du G5 est d’apprendre à tous ces acteurs qui interviennent dans la défense et la sécurité à travailler ensemble. C’est seulement en les faisant travailler ensemble que nous parviendrons à assurer la sécurité de nos Etats, nos populations et nos partenaires et amis nombreux  qui vivent parmi nous. »

Entretien réalisé par Tiémoko Traoré

 

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