L’excision, une pratique islamique

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Dans cette contribution, Modibo Sangaré, président de l’Union Nationale pour la Renaissance (UNPR-Faso dambé ton) donne son opinion sur l’excision des filles.

L’excision ou circoncision des filles devient un serpent de mer ; et les serpents qui n’arrêtent pas de siffler au dessus de nos têtes peuvent jubiler car, un sous-préfet de la IVème région, de Konobougou si je ne m’abuse, se trompant de pays et d’époque, fulminait de rage sur le petit écran contre les exciseuses de sa circonscription qui rechignent, nonobstant le tintamarre des opposants à cette pratique, à abandonner l’excision. Grisé par les cameras de télévision, ce sous-préfet dont la rage contre l’excision n’a d’égale que son ignorance du sujet, menace de sanction toutes les exciseuses qui ne déposeront pas leurs couteaux avant la fin 2010. Quelle audace ! C’est malheureux de constater que le pouvoir, ici comme ailleurs, échoit facilement entre les mains des hurluberlus.

Monsieur le sous préfet, au cas  où vous l’ignoreriez, l’excision n’est pas une pratique interdite par la loi au Mali. Inchaallah, elle ne le sera pas de notre vivant, de votre vivant, ni du vivant de vos commensaux qui vivent grâce aux subsides d’ONG étrangères. Mon propos ne s’adresse pas au Tétrarque soumis à la volonté de Dioclétien VI du Vème empire Benguiste qui a choisi de faire du débat sur l’excision, un débat à sens unique au niveau de la télévision nationale. Il ne s’adresse pas non plus aux discutailleurs de mauvaise foi de certaines ONG qui ne parlent et n’agissent que pour le compte de ceux-là qui ont compris que l’acculturation est le meilleur gage d’une domination perpétuelle. Il s’adresse, mon propos, aux honnêtes citoyens maliens bringuebalés  par les partisans et adversaires de la circoncision des filles.

J’emploie à dessein le mot "circoncision" pour mettre un terme à la confusion par rapport au mot "excision". Sachez que le Littré  et le Larousse nous apprennent que la "circoncision" et l’"excision" constituent des synonymes et peuvent être employés indifféremment l’un à la place de l’autre qu’il s’agisse d’homme ou de femme. C’est pour marquer négativement les esprits contre l’ablation  d’une petite partie du clitoris lorsqu’il est long, que les Français emploient "excision" pour la femme et "circoncision" pour l’homme.

La circoncision féminine est une pratique islamique ; affirmer le contraire relève d’une stratégie dont l’objectif est de créer le doute dans l’esprit des croyants afin de mieux faire passer le message dans un pays où le substrat religieux est très fort. La circoncision remonte au Prophète Abraham dont l’épouse Sarah, excédée par la jalousie, fit le serment de couper une partie du corps de Hagar, sa coépouse, qui venait de donner naissance à Ismaël. Après réflexion, elle y renonça, consciente de l’innocence de Hagar qu’elle-même avait conseillée à Abraham de prendre comme épouse pour perpétuer sa descendance. Croyante qu’elle était, il lui fallait honorer son serment vis à vis de son Seigneur. Elle décida alors de lui couper, en lieu et place du nez, de l’oreille ou du bras, une partie du clitoris pour tempérer, se disait-elle, son ardeur sexuelle pour l’homme. Lorsqu’elle eut circoncis Hagar, Dieu imposa à Sarah de se circoncire elle-même, également à Abraham, à tous les membres de sa famille, ainsi qu’à tous ceux qui suivent sa religion (Voir Chronique de Tabari Tome I chapitre XLIX). Dans son interprétation du Coran (Texte et explication Tome I SII V124), Ibn Kathir, tout comme la quasi-totalité des exégètes, cite la circoncision ou l’excision parmi les commandements que le Prophète Abraham a exécutés avant qu’il soit élevé au rang d’Imam des peuples par notre Seigneur. Et d’après Ibn Abass, neveu et contemporain du Prophète (PSL), ces Commandements, a dit le Prophète (PSL), sont des actes rituels : la pureté des cinq parties de la tête et dans les autres membres. Pour la tête, se couper les moustaches, se brosser les dents, aspirer de l’eau par les narines et se peigner. Pour le reste du corps, se couper les ongles, se raser le pubis, épiler les aisselles, se circoncire et se nettoyer avec l’eau après avoir uriné ou fait une déjection. Dans les deux Sahihs (Bokhari et Mouslim), Abou Houreira rapporte que l’Envoyé de Dieu (PSL) a dit : " Cinq actes font partie de la fitra (bonne mœurs de l’Islam) : la circoncision ou l’excision, le rasage de pubis, la coupure des moustaches, l’épilage des aisselles et couper les ongles ".

Des esprits malins rétorqueront que les interpolations juives ne sont pas rares dans les Hadiths; il s’agit ici de Hadiths dont la chaîne de transmission est bien connue des savants musulmans. Nous pouvons affirmer que déclarer nuisible l’excision pour la santé de la femme dénote d’une ignorance notoire ou de la mauvaise foi des mauvais chrétiens et des mauvais musulmans ; c’est récuser le verset du Coran qui dit que le Prophète ne parle pas de son propre chef (S. 53 Verset 3). Le Prophète a toléré l’excision, il en a enseigné la bonne pratique: veulent-ils nous faire croire qu’il s’est trompé sur le sujet ? Quel sacrilège ! A Oumm Atiya, le prophète a dit: "Coupe, n’excède pas. Ce Hadith est authentique. L’excision, selon la Sunna, n’a aucune conséquence néfaste sur la santé de la femme. Ecoutons plutôt une farouche opposante à l’excision, pédiatre, Présidente du groupe de femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS), Marie Hélène Franjou: "Les trois types d’excision les plus répandus sont : l’excision selon la Sunna, la clitoridectomie et l’infibulation. L’excision, selon la Sunna, la forme la moins sévère, consiste à couper le capuchon du clitoris. Au contraire,  l’excision ou clitoridectomie, c’est l’ablation du clitoris et des petites lèvres, qui constitue une mutilation: c’est surtout le fait d’ethnies vivant en Afrique de l’Ouest. On peut la comparer à la section du pénis chez les garçons. Quant à l’infibulation ou l’excision pharaonique, il s’agit de la forme la plus sévère de ces mutilations" (AM avril 1999). Quant au prétendu traumatisme causé par l’excision, donnons la parole à un célèbre ethno-psychiatre, professeur à l’université Paris VIII, directeur du centre Devereux à Saint Denis, Tobie Nathan, qui déclare: "Je suis frappé par certains commentaires féministes sur l’excision censée être une exigence des hommes. Ceux-ci ignorent tout du déroulement de la cérémonie qui est exclusivement une affaire de femme. Quant à l’éventuel manque de plaisir sexuel des femmes excisées, il faut remettre les choses à leur place. Ici comme là-bas, 95% des dysfonctionnements sont d’ordre psychique. "

Dieu a envoyé Mohamed (PSL) comme miséricorde pour toutes les créatures selon le saint Coran (S. 21 V. 107). Il ne peut enseigner une pratique susceptible de nuire à la santé de la femme. Pratiquée selon la Sunna, elle protège au contraire la femme contre certaines maladies. Dans le livre "Pathologie chirurgicale", H. Robert a clairement démontré, à la page 1048, que la non excision expose les femmes au cancer du col de l’utérus. Il a fait une étude sur les femmes excisées et les religieuses, qui l’a conduit à constater dans ce milieu un faible taux du cancer du col de l’utérus. En revanche, dans les milieux qui ne pratiquent pas l’excision, il a relevé un taux assez élevé de cette maladie. A signaler que la multiplicité des partenaires sexuels est l’une des causes du cancer du col de l’utérus, selon le Petit Larousse de la médecine. Ce  qui explique le faible taux chez les religieuses. L’excision diminue les risques de contamination du SIDA. Dans un article du journal Américain  "Science" publié en 1989, le Docteur Marx établit les résultats de trois recherches scientifiques ménées aux Etats-Unis d’Amérique et en Afrique.Ces études montrent un faible taux de contamination chez les circoncis des deux sexes.

Pour conclure, je rappelle à vos commanditaires et maîtres à penser occidentaux cet aphorisme du Général Giap qui disait que l’impérialisme est un mauvais élève. Car le mauvais élève ne tire jamais profit de ses échecs. S’ils maîtrisaient leur histoire, singulièrement si Dioclétien VI (Dioclétien, empereur romain connu pour avoir atrocement persécuté les premiers chrétiens) maîtrisait l’histoire de son continent beaucoup plus que les Africains ne maîtrisent la leur, il aurait su que les multiples édits contre les chrétiens dans l’empire romain ont conduit à la vision de l’Empereur Constantin 1er sur le Pont de pilvius et, plus tard, au Concile de Nicée qui consacra le triomphe du christianisme comme religion d’Etat de l’Empire. Ce premier Concile Œcuménique de l’histoire de la chétienneté harmonisa la doctrine de l’église avec l’adoption de la Trinité à l’issue d’un vote. Aujourd’hui, les lois contre l’excision, le foulard islamique, le voile intégral, les minarets, peut-être demain, le port des babouches et la barbe, conduiront en l’an 2100, qui sait ?, à l’avènement d’un autre Constantin, qui organisera une choura au parlement de Bruxelles.

La rédaction

 

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