Une semaine après la grève des transporteurs, le gouvernement n’est pas au bout de ses peines. Et comme nous l’écrivions, la grève de la semaine dernière pourrait être le départ du feu sur un front social particulièrement inflammable. Entre le réveil du volcan scolaire et la poussée des antiabolitionnistes, il y a la situation au Nord qui se dégrade davantage.
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Parmi tous les dossiers que le nouveau gouvernement se devait de surveiller comme du lait sur le feu, c’est bien celui de l’école notamment dans ses segments secondaire et supérieur. Le nouveau ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique en a visiblement conscience. En effet, le Pr. Amadou Touré s’est retrouvé à la tête d’un département longtemps déserté par le dialogue social et où la pédagogie avait peine à se frayer un chemin. Le Pr. Touré devait faire vite. Mais face à un volcan, que peut un pompier ? La libération des étudiants de la FMPOS lui avait donné l’illusion qu’il partait du bon pied. Mais, il s’est vite rendu compte que sa tâche ressemble au supplice du Sisyphe. En effet, comme nous l’indiquions, la libération des étudiants de la FMPOS n’est qu’une porte ouverte à la galerie des innombrables problèmes entassés les uns sur les autres quand ils ne sont pas entremêlés.
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Tout comme son collègue de l’Equipement et des Transports, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique commence son baptême de feu avec une grève. Celle déclenchée par la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (COSES) le mardi dernier pour 48 heures. Une grève d’avertissement selon ses initiateurs qui tiennent à la satisfaction de leurs revendications qui tournent autour de sept points : l’octroi d’une indemnité de logement, l’impossibilité pour les enseignants contractuels de bénéficier de bourse de formation ou d’aspirer à des responsabilités administratives, l’obligation du concours pour accéder à certains postes, la mise sous la tutelle des enseignants du second cycle des maîtres de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, le paiement de l’augmentation des contractuels, etc. Saisi de ces différentes revendications, le précédent gouvernement du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga avait mis en place des commissions afin de voir comment satisfaire le COSES. Mais, la semaine dernière, le constat de l’échec a été tiré par les responsables syndicaux. Or ils tiennent à ce que leurs doléances soient satisfaites intégralement, sinon leur mauvaise humeur pourrait leur dicter de procéder par des grèves sauvages. Ainsi, ils ne comprennent pas qu’il y ait, selon eux, une sorte de discrimination accordant des indemnités de logements aux seuls enseignants du supérieur. La commission avait suggéré la solution des logements sociaux tandis que le COSES a opté pour les indemnités.
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Le ministre Touré qui sait ce qu’il lui reste à faire n’est pourtant pas au bout de ses blocages. Parce qu’au niveau de l’enseignement supérieur, la réalité est toute autre. La libération des étudiants de la FMPOS ne devait permettre que la tenue des examens de fin d’année scolaire dans cette faculté. Sans avoir la possibilité de savoir qui a réussi et qui a échoué du fait de la retenue des notes par les enseignants du supérieur. Dans une interview accordée à nos confrères du Challenger, le Dr. Abdou Mallé, secrétaire général du Snésup, a expliqué le pourquoi de la retenue des notes et les conséquences que cela engendrerait notamment sur la reprise des cours.
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Pour le secrétaire général du Snésup, la décision de retenir les notes a été prise en assemblée générale le 21 juillet dernier, suite au retard que le gouvernement met à prendre le décret réglementant les tâches liées aux examens et à la non régularisation de la situation administrative des enseignants. La dernière négociation remonte au 15 septembre dernier, « et depuis nous attendons. Les délégués du gouvernement ont dit qu’ils vont rendre compte à qui de droit » a déclaré le Dr. Mallé. Celui-ci ne peut pas comprendre que depuis 1998, date où l’enseignement supérieur a eu son statut particulier et où les dossiers ont été transférés de la Fonction publique au département de l’Education, qu’il n’y ait plus d’avancement normal pour les enseignants, « par exemple jusqu’à présent, l’avancement de 2007 n’est pas sorti ». A ce problème viennent se greffer celui du paiement des arriérés mais surtout de la pléthore dans les classes. Pour le Synésup, il est humainement impossible pour un enseignant de corriger 3000 copies. « Tant que le gouvernement ne réagit pas, il n’y aura pas de notes et il n’y aura pas de reprise de l’année scolaire » avertissait le Dr. Mallé. Or, il n’excluait pas le dépôt d’un préavis de grève pour secouer le gouvernement. Il reste à espérer que le ministre Touré ait entendu le message. Sinon, son supplice du Sisyphe mettra du temps à prendre fin.
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Bassaro Touré
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