Dans l’espoir d’arriver enfin à bout d’un fléau inscrit parmi ses préoccupations depuis 50 ans, Amnesty International a lancé le 13 mai 2014, une nouvelle campagne mondiale de deux ans contre la torture. Intitulée « STOP TORTURE », cette campagne était le 13 mai 2014, au centre d’une conférence de presse organisée au Grand hôtel de Bamako par Amnesty Mali.
« Amnesty international accuse des gouvernements du monde entier de ne pas tenir leurs engagements en ce qui concerne l’élimination de la torture, trente ans après l’adoption de la Convention contre la torture par les Nations unies en 1984 », a indiqué Mme keita Mariam Touré, Présidente de Amnesty Mali.
Pour la circonstance, elle était accompagnée par Saloum Dédéou Traoré, Directeur de Amnesty Mali et de El Bechir Singaré, coordinateur juriste de Amanesty Mali. Mme Keita Mariam Touré a rappelé que dans le cadre de cette campagne, Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, a estimé que « dans le monde entier des gouvernements font preuve d’hypocrisie face à la torture. Ils l’interdisent à travers la législation, mais l’encouragent dans la pratique ». Amnesty international est aujourd’hui convaincu que la torture est non seulement toujours pratiquée, mais elle est même prospère dans de nombreux pays à travers le monde. Reprenant des propos du secrétaire général d’Amnesty International, Mme Keita Mariam Touré dira que de plus en plus de gouvernements tentent de justifier le recours à cette pratique au nom de la sécurité nationale, affaiblissant les progrès constants réalisés dans ce domaine depuis 30 ans. Pour rappel, la Présidente de Amnesty Mali dira que depuis 1984, 155 Etats ont ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture. Selon elle, sur ces Etats, 142 font l’objet de recherches menées par Amnesty International. « L’organisation a constaté que 79 d’entre eux, soit plus de la moitié des Etats parties qu’elle a étudié, pratiquaient encore la torture en 2014, 32 autres membres des Nations Unies n’ont pas adoptés la Convention, bien que l’interdiction mondiale de la torture s’applique également à eux », a-t-elle indiqué. Avant d’annoncer que pendant ces 5 dernières années Amnesty International a signalé des cas de torture et d’autres formes de mauvais traitements dans au moins 141 pays de toutes les régions du monde. Mais, convaincue que la torture étant par nature entourée du plus grand secret, la Présidente de Amnesty Mali a estimé que le nombre de pays qui la pratique est probablement plus élevé.
Pour sa part, El Béchir Singaré, coordinateur juriste à Amnesty Mali est intervenu pour la présentation de la synthèse destinée aux médias et intitulée « la torture en 2014 : 30 ans d’engagements non tenus ». Après avoir indiqué que le document fournit un aperçu du recours à la pratique dans le monde, El Bechir Singaré a rappelé les différentes techniques de torture : positions douloureuses, décharges électriques dans les parties génitales, privation de sommeil, etc. Mais, il ressort des constats que ces pratiques sont le plus souvent utilisées contre les personnes soupçonnées d’infractions pénales ou d’atteintes à la sécurité du pays, les dissidents et les opposants politiques. Il faut rappeler que dans le cadre de cette campagne, Amnesty International a initié une étude auprès de 21 221 personnes, dans 21 pays de la planète. Selon El Béchir Singaré, il ressort de cette étude que près de la moitié (44%) des personnes interrogées craignent d’être torturés en cas d’arrestation. Il a ajouté que l’immense majorité (82%) est favorable à des lois interdisant sans ambigüité la torture. Et, enfin, il dira que plus du tiers (36%) estiment que la torture peut être justifiée dans certains cas, lorsque la sécurité de la population est en jeu. Amnesty International promet d’agir sur le plan mondial contre la torture, mais l’organisation compte dans le cadre de cette campagne, se pencher sur 5 pays : Mexique, philippines, Nigéria, Ouzbékistan et Maroc et Sahara Occidental.
Assane Koné