Dans le but d’engager une implacable lutte contre les violences basées sur le genre et les multiples brimades dont certaines femmes et filles maliennes sont victimes, Ceci-Mali et ses partenaires ont lancé leur campagne de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et aux filles. C’était le jeudi 25 novembre 2021 dans la cour du lycée public de Kalanbancoro, en présence des responsables de Ceci-Mali, des autorités communales, des responsables du lycée et des élèves qui étaient les principales cibles, ainsi que les organisations partenaires du projet.
Cette activité rentre dans le cadre de l’accompagnement des organisations locales de défense des droits des femmes et les plateformes alliances et réseaux dans tout ce qu’ils mènent comme action en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre. Signalons aussi que c’est une initiative du projet Voix et leadership femme mis en œuvre par le Ceci-Mali et SOCODEVI afin de briser le tabou sur les violences basées sur le genre au niveau des établissements scolaires. « Chaque année, du 25 novembre (journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) au 10 décembre (journée internationale des droits de l’Homme) se déroulent « les 16 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles », a lancé la représentante de la Directrice pays de CECI-Mali Mariam Diallo, cheffe du projet Voix et leadeurship des femmes-Musoya (Vlf-Musoya). Pour cette année 2021, dit-elle, compte tenu des réalités de chaque pays, le Mali à travers le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en collaboration avec les partenaires, a retenu le thème suivant : « La fin de la violence contre les femmes et les filles : une priorité pour le Mali, je m’engage ! ». La représentante de la Directrice pays de Ceci-Mali a signalé que ces journées offrent une opportunité de mobiliser l’opinion publique nationale et internationale et de réaffirmer leur engagement commun pour lutter urgemment contre les violences basées sur le genre. « Les adolescents et jeunes étant une cible qui nous tient à cœur, nous avons décidé de faire le lancement de nos activités aux côtés des élèves afin de les outiller sur les questions de VGB et également le corps professoral du lycée qui joue également un rôle important d’éducateur », a-t-elle expliqué, avant de partager avec l’assistance quelques constats majeurs sur les violences faites aux femmes et aux filles et la nécessité d’adopter une loi contre ces violences. « Les données de l’enquête démographique et de santé du Mali (EDSM-V), nous rappellent que : depuis l’âge de 15 ans, près de quatre femmes sur dix (38 %) ont subi des violences physiques, principalement exercées par des conjoints, partenaires ou parents proches ; plus d’une femme de 15-49 ans sur dix (13 %) ont déclaré avoir été victimes d’actes de violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie ; parmi les femmes qui ont déjà été en union, 44 % ont subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leur conjoint et un quart des femmes ont été physiquement blessées à la suite de violences conjugales », dévoile-t-elle. L’UNICEF estime qu’au Mali, une fille sur deux est mariée alors qu’elle est encore enfant, l’exposant ainsi aux risques d’abandon scolaire, à la violence et à un plus grand risque de décès en raison de complications liées à la grossesse et l’accouchement, regrette-elle.
Avant de mentionner que ces différentes formes de violences domestique, physique, psychologique de harcèlement sexuel en milieu scolaire etc. font l’objet de peu d’attention en raison de l’impunité et de la stigmatisation et qu’elles se manifestent ainsi : la violence d’un partenaire intime (coups et blessures, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide); la mutilation génitale féminine ; la violence sexuelle et le harcèlement (viol, actes sexuels forcés, avances sexuelles non désirées, abus sexuels sur enfant, mariage forcé, harcèlement dans la rue, harcèlement criminel, cyber-harcèlement); le trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle), etc.
Aujourd’hui, à la lumière de ces constats, il parait évident que la violence à l’égard des femmes et des filles est un problème universel récurrent, constituant l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde, déplore-t-elle.
Avant d’annoncer que c’est pourquoi, l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des filles doit constituer un objectif de développement et nous interpeler toutes et tous. « Cette année constitue une opportunité remarquable pour faire évoluer la situation des femmes et des filles car elle marque également les 20 ans de l’adoption par les Nations Unies de la résolution 1325 sur « Femmes, Paix et Sécurité » et la signature par le Mali, du troisième plan d’actions de cette résolution », a-t-elle noté.
Moussa Samba Diallo