Lutte contre le trafic de drogue au Mali de janvier 2014 à juin 2018 : 455 personnes de 13 nationalités ont été interpelées

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Nous avons pris comme repère l’année 2014, au cours de laquelle la  Commission Ouest-Africaine sur les Drogues (Wacd) a publié son rapport phare intitulé ” Pas seulement une zone de transit : la drogue, l’Etat et la société en Afrique de l’Ouest “. Ce rapport montre que l’Afrique de l’Ouest est devenue un point central du trafic mondial de drogues et a vu une augmentation de la production et de la consommation locale de drogues. Ce rapport qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, constitue une interpellation des Etats de l’Afrique de l’ouest à redoubler de vigilance et de rigueur en matière de lutte contre le trafic de drogue devenu une menace pour la gouvernance, la stabilité, la croissance économique et la santé publique dans la région.

Le cadre légal du contrôle et de la répression de l’usage des drogues au Mali est défini par la Loi n°01-078/AN-RM du 18 Juillet 2001, modifiée, portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs. Ce texte contient toutes les dispositions pertinentes des Conventions des Nations Unies sur la drogue, entre autres : la question de disponibilité des drogues pour des fins médicales et scientifiques ; les règles relatives à l’abus et la commercialisation des drogues; l’inspection et la répression des infractions relatives à l’abus et au trafic illicite des drogues; les saisies et destructions des drogues saisies;  les livraisons surveillées et l’incitation à la vente des produits; la création au niveau national des organes chargés de la coordination des actions préventive et répressive contre l’abus et le trafic illicite des drogues…

En plus des mesures traditionnelles de lutte contre la criminalité organisée à travers des services comme la police (Brigade des Stupéfiants), la gendarmerie (Sij) et la douane (Bmi et Dred), le Mali a adopté des mesures appropriées à la dimension de l’ampleur du phénomène des drogues, à travers la création des organes de répression, de coordination, de contrôle et de soins, Il s’agit notamment de la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm); du Centre psychiatrique du CHU du Point G ; la Mission interministérielle de coordination de la lutte contre la Drogue (Mild) et l’Office central des stupéfiants  (Ocs). Mais il faut préciser que le Décret No. 2013-012 a été adopté afin de gérer certains défis de coordination et de cohérence en relation avec les efforts de lutte contre la drogue. C’est ainsi que l’Office central des stupéfiants s’est vu assigner la mission de mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention, de contrôle et de répression envisagées aux plans national, sous-régional, régional et international pour une lutte efficace et coordonnée contre le trafic de drogue.

Sur le plan opérationnel, l’Ocs est chargé de collecter, centraliser, analyser et exploiter tous les renseignements pouvant faciliter la prévention, le contrôle et la répression du trafic illicite des stupéfiants ; interpeller les trafiquants de drogues et leurs complices et les mettre à la disposition de la justice; stocker et détruire les drogues saisies; mettre en œuvre et coordonner toutes les actions tendant à la répression du trafic illicite des stupéfiants ; créer et alimenter les banques de données relatives aux  faits d’abus et de trafic illicite des stupéfiants.

Au Mali, en raison d’un manque d’informations fiables concernant la consommation de drogues, il reste très difficile d’évaluer l’ampleur du phénomène. Cependant, une enquête RDS effectuées par Arcad-sida 2013 a permis de comprendre l’ampleur du fléau de la drogue injectable. Cette étude a porté sur 500 consommateurs de drogues et a révélé leurs statuts de poly consommateurs avec un taux de 7,8% d’injecteurs,

Parmi ceux-ci 34,8% réutilisaient leurs seringues et 26,1% se partageaient les seringues, la séroprévalence du VIH était de 5,1% soit trois plus élevée que chez les non-injecteurs.  Ces quelques données suffisent pour alerter, surtout si l’on sait qu’en 2017, il y a eu une tentative de faire entrer 10kg d’héroïne au Mali, à partir de l’Aéroport de Bamako. La drogue a été saisie et la mule (le convoyeur dans le jargon du milieu) a été alpaguée. Il s’agit d’une Botswanaise, qui se déclare vendeuse de friperie dans son pays.

Tout près de nous, notamment le dimanche 23 décembre 2018 aux environs de 12h30, la Cellule Aéroportuaire Anti Trafics/Antenne de I’Ocs a procédé à la saisie de 2,600 kilogrammes d’héroïne brune estimés à plus de 50 millions de FCFA sur le marché local. La mule est aussi tombée dans le filet des limiers de l’Ocs.

Une attention plus accrue doit donc être accordée par les autorités publiques du Mali aux questions liées à la lutte contre la drogue, notamment en dotant des services concernés de moyens en mesure de leur permettre de mieux faire aux trafiquants, ces derniers devenant de plus en plus ingénieux dans les procédés et les moyens mis en œuvre pour réaliser leurs activités criminelles.

Cependant, le peu de moyens disponibles n’empêche pas l’ensemble des services impliqués dans la lutte contre le trafic de drogue au Mali de se donner à fond et les statistiques officielles le prouvent, notamment avec l’interpellation de 193 personnes en 2014, 151 en 2015, 49 en 2016, 27 en 2017 et 35 au premier semestre de 2018, les statistiques définitives de 2018 n’étant pas encore disponibles. Ce qui fait un total de 455 personnes interpelées.

Il faut remarquer la décroissance du nombre d’interpellations consécutive à une pression sans relâche exercée sur les trafiquants devenus de plus en plus hésitants en ce qui concerne l’introduction de leurs produits sur le marché malien.

On retrouve 13 nationalités parmi les personnes interpelées. En effet, ils viennent des pays suivants : Mali, Guinée, Mauritanie, Burkina Faso, France, Sénégal, Bolivie, Côte d’Ivoire, Sierra Léone, Nigéria, Malawi, Ghana et Niger.   Des performances à saluer. Seulement, la bande sahélo-saharienne, qui s’étend du nord du Niger et du Mali, du sud de la Mauritanie jusqu’au Tchad, demeure une zone d’insécurité avec des trafics de tous genres car le terrorisme s’accommode très bien des activités illicites de trafic de drogue, de personnes, etc. en plus du crime organisé.     

Amadou B. NIANG

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