A l’occasion de la fête internationale de la femme, le 8 mars, l’Observatoire africain pour le Développement Endogène (OADE) a tenu à faire comprendre le rôle prépondérant que peuvent jouer les femmes non seulement dans le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme violent, mais également dans la lutte contre ces fléaux. Il demande aux gouvernements la prise en compte des femmes dans les politiques nationales.
« De tout temps, l’histoire n’a jamais réussi à pleinement prendre en compte les mérites et souffrances spécifiques des femmes Africaines gommées de la mémoire de la guerre en faveur des combats des poilus relatés par de nombreux ouvrages et bibliographies, malheureusement à tort », lit-on dans le message de l’Observatoire africain pour le Développement Endogène (OADE) à l’occasion de la fête du 8 mars. Dans cette allocution, l’organisation lève également le voile sur les préjugés dont sont victimes les femmes. L’OADE précise : « Il paraît donc évident que la femme africaine, comme d’ailleurs toutes les autres, se retrouve incontournable dans l’analyse de la chaîne de radicalisation et de production de l’extrémisme violent ». À en croire cette organisation, la femme peut être source d’extrémisme comme elle peut contribuer à son atténuation. Elle joue un rôle « déterminant capital dans la prévention et la lutte contre la radicalisation des jeunes, l’extrémisme violent et le terrorisme en Afrique. » L’observatoire ne fait aucun doute que le terrorisme ait contribué à fouler au sol les droits de la femme. Car, précise-t-il, les femmes étant les principales victimes des actes terroristes ne sont pourtant pas pris en compte dans la lutte contre ce phénomène ; son implication dans ce combat est également mise à côté. « S’il est admis qu’en Afrique la femme fait partie des couches vulnérables, elle l’est davantage depuis l’essor alarmant des phénomènes de radicalisation, terrorisme et extrémisme violent », précise-t-on dans ce message du 8 mars. Ce que déplore davantage l’OADE, c’est toutes les formes de violence dont les femmes subissent à cause de ce phénomène terroriste. La traite des êtres humains, les violences sexuelles, etc., des actes qui contribuent, explique-t-on, au financement du terrorisme. « D’après le rapport 2015 d’Amnesty International, pas moins de 2 000 femmes et filles auraient été enlevées depuis le début de 2014 », rappelle-t-on. Le cas de BokoHaram au Nigéria en avril 2014 est cité en exemple. Ce même groupe terroriste qui a commencé en juin 2018 à employer les femmes comme des Kamikazes est à la source de l’augmentation de la crainte mondiale face à ces nouveaux acteurs de combat. « Les enlèvements de femmes et de filles sont devenus une tactique délibérée des groupes terroristes pour attirer les forces de défense et de sécurité dans des embuscades, ou obtenir le paiement de rançons et la libération de prisonniers en contrepartie », explique-t-on avant de préciser que « Sur le plan opérationnel, les femmes ont plus de facilité de dissimulation et de mouvement par rapport aux hommes. Elles représentent un avantage tactique certain, en ce sens qu’elles ont un accès facile à leurs cibles et sont en mesure de mener une attaque furtive avec un effet de surprise désarmant. »
L’OADE prône ainsi un changement de mentalité sur la femme en demandant son implication dans les combats contre les terroristes. Ainsi, l’Observatoire africain demande la prise en compte des femmes dans les politiques nationales.
« Les femmes, mères de famille, peuvent constituer une première ligne de protection contre la radicalisation des jeunes et l’extrémisme violent. Le processus de radicalisation s’opère dès la maison, ce qui renforce l’importance du rôle essentiel des mères, notamment grâce à leur capacité à anticiper et à détecter le phénomène. », explique OADE avant de demander : « il est question d’une véritable revalorisation et promotion des droits de la femme étant donné que les recherches montrent que les sociétés qui respectent les droits des femmes sont moins propices à l’extrémisme. Il s’impose de rendre effectif le renforcement de l’autonomie des femmes au sein des familles, en leur donnant autorité et crédibilité, c’est considéré comme essentiel dans la lutte contre l’extrémisme violent. »
L’éducation, le partage d’information et la sensibilisation effective sont considérés par l’OADE comme des moyens efficaces de prévention de l’extrémisme violent. Pour l’Observatoire Africain « La lutte contre la radicalisation, le terrorisme et l’extrémisme doit passer par l’implication et la revalorisation du statut de la femme. Il urge dépenser équitablement afin de bâtir intelligemment et innover pour le changement de stratégie dans la prise en compte de la femme dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique. »
Fousseni TOGOLA