Il prévoit, entre autres, des campagnes de sensibilisation, d’information et de plaidoyer, l’organisation de sessions de formation, de caravanes médiatiques.
Le forum pour le renforcement des capacités des hommes des médias sur les mutilations génitales féminines s’est achevé jeudi à Ségou. Initiée par le Programme national de lutte contre l’excision (PNLE) du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et ses partenaires, cette rencontre participait de la mise en œuvre du plan d’action (2011-2014) du PNLE. La session devait permettre aux hommes des médias d’acquérir une compréhension approfondie du phénomène de l’excision dans sa globalité afin d’affiner les nouvelles stratégies contre l’excision dans notre pays. Plus d’une centaine de participants composée de journalistes, animateurs, communicateurs modernes et traditionnels venant de Kayes à Kidal et du district de Bamako, ont ainsi pris part à cet exercice d’information et de discussion sur l’excision. Pendant quatre jours, les participants ont débattu d’un sujet qui, par son ampleur et ses conséquences graves sur la santé et le bien-être des filles et des femmes, constitue un réel problème de santé publique dans notre pays.
A l’issue de la rencontre, un plan d’action d’une année a été élaboré à l’intention des hommes de médias. Cette nouvelle stratégie va les amener à accentuer, dans des émissions radiophoniques et des articles de presse, la sensibilisation et l’information du public pour l’abandon de l’excision dans notre pays. Le plan d’action prévoit des campagnes de sensibilisation, d’information et de plaidoyer, l’organisation de sessions de formation, des caravanes médiatiques, entre autres. Durant la rencontre, les différents types d’excision, les risques de complications ainsi que les conséquences sur la femme et la société ont été développés. Les aspects juridiques en rapport avec l’excision, les notions de droit et sources du droit ont été disséqués. Les débats attestent de résultats fort appréciables dans la lutte contre le phénomène mais confirment qu’il reste beaucoup à faire. L’urgence a été soulignée de responsabiliser les médias qui sont en contact direct avec les populations et qui sont capables de les influencer. De ce fait, les hommes des médias doivent être au cœur des dispositifs de lutte contre le fléau car ils peuvent jouer un rôle déterminant dans le combat contre la pratique de l’excision.
L’excision engendre discussions, controverses et résistances et malgré les efforts déployés depuis plusieurs décennies par l’Etat ainsi que les différents intervenants pour arrêter la pratique, le taux de prévalence reste élevé : 85%, selon EDSM IV de 2006 (91,6% selon EDSM III de 2001) et 82,7% selon l’enquête à indicateurs multiples de 2010. Si ces taux dénotent une régression de la pratique dans le pays, ils soulignent encore plus la somme d’efforts à fournir, notamment dans le domaine de la communication en vue d’accélérer la prise de conscience et l’adoption de changements de comportements positifs en faveur de l’abandon de la pratique de l’excision. Le forum des hommes de médias va jouer dans le sens de l’accélération souhaitée. En effet, l’expérience a prouvé qu’une fois que les communautés à la base ont compris les méfaits de la pratique de l’excision et ont su faire le lien entre cette pratique et ses conséquences néfastes sur la santé de leurs filles, leurs épouses et leurs familles, elles décideront d’elles mêmes, de manière consensuelle et collective, d’abandonner l’excision. Aujourd’hui, plus de 400 communautés villageoises ont abandonné la pratique de l’excision. Ce résultat encourageant résulte de l’accompagnement des médias modernes et traditionnels du PNLE et de ses partenaires dans leurs activités de sensibilisation, de plaidoyer, de formation et de prise en charge des complications liées à l’excision. Ces appuis ont contribué à changer le comportement en maints endroits. Mais l’immensité du territoire et sa diversité culturelle rendent indispensable, au regard de l’objectif ambitieux fixé par le Plan d’action national 2010-2014 de lutte contre la pratique, de solliciter des communicateurs modernes et traditionnels, un concours accru. Un concours précieux et, à ce stade du combat, indispensable.