L’univers carcéral du district de Bamako et Kangaba : Une surpopulation atroce !

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Maison d’arrêt de Bamako

Le rapport de la visite effectuée dans les centres de détention du district de Bamako et du cercle de Kangaba, les 4 et 5 décembre 2014, par les organisations membres du réseau des défenseurs des droits humains, a été présenté par la présidente de la commission nationale des droits de l’Homme, Me Kadidia Sangaré.

La cérémonie a regroupé les représentantes de l’Union Européenne, Laura Mascana et de la Misahel, Fulgence Zeneth, ainsi que des responsables de l’administration pénitentiaire.

La mission des organisations membres du réseau des défenseurs des droits humains a concerné la Maison centrale d’arrêt de Bamako, le camp 1 de la gendarmerie de Bamako, les centres spécialisés de détention, de rééducation et réinsertion pour mineurs et pour femmes de Bollé et la Maison d’arrêt de Kangaba.

Maison centrale d’arrêt de Bamako

Il ressort du rapport que la Maison centrale d’arrêt de Bamako est surpeuplée. Sur une capacité d’accueil de 500 détenus, elle abrite 1821. Sur cet effectif, seulement 630 sont condamnés et le restant, 1991, est en détention provisoire. Parmi les détenus, note le rapport, figurent un mineur et deux personnes âgées.

Camp 1

Au Camp 1 de la gendarmerie de Bamako, la mission a noté seulement 51 détenus, sans pourtant préciser sa capacité d’accueil. Le Camp 1 ne dispose pas de centre de santé, révèle le rapport de la commission nationale des droits de l’Homme. En cas de maladie, ce sont les détenus qui payent leurs médicaments.

Centre spécialisé de détention, de rééducation et réinsertion pour femmes de Bollé

La capacité d’accueil de ce centre n’a pas été donnée. Toutefois, il abritait à la date du 5 décembre dernier 143 détenues dont 34 condamnées. Les 109 restantes sont en détention provisoire. Ce centre,  tout comme celui des mineurs, dispose des services de santé (infirmerie, pharmacie et personnel).

 

Centre spécialisé de détention, de rééducation et réinsertion pour mineurs de Bollé

Le centre contient 63 pensionnaires. 57 détenus mineurs sont en détention provisoire, seulement 6 ont été condamnés. Le rapport est muet sur la capacité d’accueil de ce centre spécialisé.

Maison d’arrêt de Kangaba

A Kangaba, la capacité d’accueil est de 30 détenus. A la date de la visite des organisations membres du réseau des défenseurs des droits humains, la maison d’arrêt de Kangaba abritait 63 personnes. Sur ce chiffre, il y avait 6 condamnés, 21personnes en détention provisoire et 13 inculpés.

La mission a constaté que les conditions d’hygiène ne sont pas du tout reluisantes.  La maison même est dans un état hygiénique préoccupant caractérisé par un manque d’aération et de toilette. Plus grave, les détenus font leurs besoins naturels dans des seaux, dans la cellule.

Un autre fait marquant : il n’existe pas de centre de santé dans la Maison d’arrêt de Kangaba. Les détenus, pour se soigner, traversent souvent la ville à pied pour accéder au centre de santé, note le rapport. Ce sont les détenus mêmes qui payent leurs médicaments. Pendant la nuit, aucun service de santé n’est offert aux détenus, même dans les situations d’urgence.

Concernant la nourriture, la mission a indiqué que l’ensemble des maisons d’arrêt, sauf le camp 1, sont dotés en alimentation par l’Etat. Les détenus ont accès aux trois repas quotidiens, mais la qualité de ceux-ci doit être améliorée. Au camp 1 les détenus ont en charge leurs repas.

Par rapport à l’état des bâtiments et des dortoirs, s’ils sont passables en général, ceux de la Maison centrale d’arrêt de Bamako et de Kangaba sont dans un état de vétusté totale. La mission a relevé aussi l’insuffisance de cellules qui aggrave le surpeuplement.

Les organisations membres du réseau des défenseurs des droits humains n’ont pas constaté de tortures causées par les surveillants. Ils ont signalé des cas d’agressions, de mauvais traitements entre les détenus eux-mêmes. Ces violences sont souvent exercées sur les nouveaux arrivants ou les détenus faibles.

Par ailleurs, les centres spécialisés de détention, de rééducation et réinsertion pour mineurs et pour femmes de Bollé offrent aux détenus certaines activités favorisant leur bien-être. Il s’agit des activités de formation, de travail et de détente. La mission déplore que ces ateliers ne soient pas équipés, notamment en matériaux de soudure et de couture.

Elle déplore également que des activités ne soient pas  offertes aux détenus de la Maison centrale d’arrêt de Bamako et du Camp 1.

Ahmadou Maïga

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