Plus de deux ans après son adoption, la loi portant sur l’interdiction, la production, l’importation, la détention, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables peine toujours à entrer en vigueur. Le dossier semble avoir été étouffé par des groupes de pression issus de milieux industriels et commerçants. Enquête !
Deux ans après l’adoption de la loi portant interdiction sur l’importation, l’utilisation, la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables, sa mise en vigueur se fait toujours attendre. Après plusieurs reports le dossier est en passe d’être oublié dans les tiroirs. Pour cause, selon plusieurs sources proches du dossier, des lobbies ont pesé de tout leur poids afin d’empêcher l’application ou la mise en vigueur de la dite loi. Il s’agit entre autres de commerçants et d’industriels qui y tirent largement profit. Pire, d’après nos investigations certains membres du comité chargé du dossier affirment avoir été victimes de menaces de mort. Au motif que si jamais, cette loi venait à être appliquée, des usines seront fermées et des personnes seront mises au chômage. Raison pour laquelle, le gouvernement continue de tergiverser face aux lobbies ‘’pro-sachets plastiques’’ qui sont visiblement prêts à tout pour sauvegarder leurs intérêts.
Pour rappel, c’est en janvier 2012 que le gouvernement a adopté, sur proposition du ministre de l’environnement, la loi portant interdiction, production, détention, commercialisation et utilisation des sachets plastiques non biodégradables. Ainsi que les granulés non biodégradables destinés à la fabrication desdits sachets. Et son application devait être effective à compter de janvier 2013. Mais hélas, selon certaines sources, le projet de loi a été bloqué au niveau de l’Assemble nationale. D’où l’occasion pour le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, d’alors, Ousmane Ag Rhissa, de présenter pour une deuxième fois, en octobre 2013 le dit projet de loi en Conseil des ministres. Mais jusque là c’est le statu quo. Des élus et autres barons de l’administration publique ont-ils reçu des pots de vin ?
Mais une chose reste sûre, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs, dit un célèbre dicton.
Cependant, le temps que l’application de cette loi traine, les déchets plastiques continuent de pourrir la vie des 15 millions de Maliens. Car ils nuisent non seulement à l’environnement mais aussi contribue à la dégradation des sols à cultiver.et pose de vrais problèmes de santé publique. Et à en croire les chiffres officiels, les déchets plastiques représentent 3% des déchets municipaux. Et sur 17.089 tonnes de plastiques produites ou importées, seulement 1.355 à 1.720 tonnes sont recyclées.
Pourtant après la visite du président Ibrahim Boubacar Keïta à Kigali au Rwanda, bon nombre de Maliens avaient l’espoir que la dite loi serait appliquée le plus vite possible. Pour cause, le Rwanda est l’un des rares pays en Afrique où l’utilisation et la commercialisation de sachets plastiques non biodégradables sont interdites par la loi. Et le président Ibrahim Boubacar Keïta après sa visite au Rwanda avait laissé entendre dans un de ses discours que Kigali était la capitale la plus propre du monde.
Espérons que Bamako devienne propre un jour pour supplanter Kigali.
Lassina NIANGALY