L’odeur de la fin d’un règne contradictoire !: Est-ce le vent sénégalais de la rupture qui se profile à l’horizon ?

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Wade n’est-il pas en train de diviser son peuple, un peuple qui a été et reste un exemple en matière de stabilité, de démocratie ? Ce passage en force en vers et contre tous est une faute politique et morale grave.

Nous assistons, depuis la confirmation de la candidature de Wade pour un troisième mandat à la tête du Sénégal, une intensification de la violence. Wade qui a combattu dans les rangs de l’opposition contre ceux qui s’éternisent au pouvoir n’est-il pas en train de leur emboiter le pas ? En 2010, Wade a regretté « simplement que la Côte d’Ivoire ne se soit pas davantage inspirée du Sénégal. ». Dans le bras de fer engagé contre une couche importante de la population sénégalaise, Wade qui a activement milité pour le départ de Gbagbo n’est-il pas en train de conduire son pays dans la même direction que celle de la Côte d’ivoire (RCI) ? Est-ce le même scenario de la RCI qui se dessine ?

En 2011, il a été le premier chef d’Etat africain à dire non à Kadhafi et reconnaître le CNT.  Il a déclaré en s’adressant directement à Kadhafi : «Plus tôt tu partiras, mieux ça vaudra. » N’est-il pas aujourd’hui dans la même situation ? L’évidence et la sagesse seraient qu’il se mette au balcon. Face à la forte d’opposition qui s’organise contre lui, il indexe l’occident comme ses semblables africains, lesquels se mettent à crier chaque fois que l’opposition dont ils font face ne relève que de la pure manipulation de l’Occident.

La politique menée par la plupart des gouvernements est, aujourd’hui, susceptible de plonger leur pays à plus ou moins brève échéance dans la dépression. Sans aucun doute. Il faut d’abord cesser d’accuser les ennemis extérieurs ou intérieurs d’être responsables de la crise.

La crise actuelle est une crise dont les racines se trouvent à l’interne même, dans les modalités de l’accumulation et de la répartition des richesses. En 2000, il a salué le comportement démocratique d’Abdou Diouf, en prenant des mesures adéquates pour cette élection il restera une figure emblématique.

En s’accrochant au pouvoir, il risque fort malheureusement de décrocher une sortie moins reluisante. Surtout si les massacres continuent contre les manifestants.Wade n’est-il pas en train de diviser son peuple, un peuple qui a été et reste un exemple en matière de stabilité, de démocratie. Ce passage en force envers et contre tous est une faute politique et morale grave. Cette année, les sénégalais peuvent et doivent compter sur leurs leaders religieux pour insuffler les valeurs morales à l’élection présidentielle 2012.

Abdoulaye Wade n’est-il pas lâché déjà ?

Après les déclarations de certains pays occidentaux, on a vu les réactions des autorités sénégalaises, se relayer pour fustiger l’ingérence des Occidentaux dans leur processus électoral et en appeler au « patriotisme » des leaders de l’opposition pour condamner cette intrusion. Ces déclarations traduisent-elles  la grande déception que le président Wade a dû ressentir ?

Pendant que l’Afrique cherchait à arrêter les agressions en Lybie, Wade a été le seul à dire non à Kadhafi dont il avait pourtant été l’un des défenseurs. On se souvient de son voyage à Benghazi pour aller soutenir les « rebelles » libyens, alors que l’OTAN était en train de frapper. C’est le seul chef d’Etat qui se soit rendu en Libye avant la fin de la guerre !

Wade n’avait-il pas déclaré, lors d’un déplacement à Paris, que, contrairement aux autres chefs d’Etat africains, il était favorable au « droit d’ingérence » contre les « dictateurs » qui répriment leurs peuples ? Maintenant, qu’il est dans la même situation, le langage change.

Ce « droit d’ingérence » lui tombe sur la tête comme une bombe : comme les dictateurs, il est en train de réprimer son peuple qui lui demande tout simplement de respecter la Constitution. Les révoltes en Tunisie, en Égypte et en Lybie, comme celles qui continuent dans d’autres pays de la région, annoncent un changement systémique dans les relations internationales. Ces manifestations sénégalaises ne font pas exception.

C’est vrai qu’avec sa sagesse il a contribué au maintien de l’équilibre géostratégique, économique et politique en un moment donné. Cependant, il est important de se rappeler que la crise économique est entrain de changer les relations internationales.

Les différentes déclarations des Occidentaux, exhorte Wade à revoir sa position car ils craignent la déstabilisation de la sous-région, consécutive à des troubles graves qui sévissent en Afrique de l’Ouest.

Les réactions de l’autorité sénégalaise traduisent un profond désarroi d’un régime et d’un homme lâché par les Occidentaux.

Je rappelle que la révolution du jasmin en Tunisie, les révoltes de la place Tahrir au Caire, qui ont entraîné la chute de Moubarak, les mouvements sociaux en Algérie, au Yémen, au Bahreïn et les journées de la colère en Libye n’étaient pas prévisibles.

L’intensité et la contagion de ces mouvements ont surpris même les observateurs les plus avertis. Nous sommes tous convaincus aujourd’hui de l’effet destructeur des mouvements sociaux sur les régimes. Face à ces mouvements populaires, les pouvoirs s’effondrent, et ceux qui pensaient qu’ils étaient en marge se voient rattraper par le vent. C’est son cas. Le président Wade doit se rendre à l’évidence : son règne tend à sa fin probablement, quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse. Cependant, il peut se racheter même le jour de la proclamation des résultats définitifs pour ne pas dupliquer le scenario de la RCI. « Nous ne devons pas acquérir seulement la sagesse, nous devons en jouir », disait Cicéron

Par Dr Aly dit Agali WELLE** Médecin, Gestionnaire Hospitalier

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