A l’heure où les autorités du pays sont en train de se préparer pour les échéances de 2012, les femmes ne cessent de rappeler les responsabilités des leaders par rapport à la question de la représentation équitable des femmes et des hommes sur les listes de candidats des partis politiques. C’est dans cette optique que le Réseau des femmes Africaines, Ministres et parlementaires (REFAMP) et le Cadre de Concertation des Femmes des Partis Politiques (CCFP) en partenariat avec l’ONU – Femmes ont mis en place un projet de Lobbying/plaidoyer, communication pour l’adoption de mesures législatives et réglementaires favorisant la participation de la femme à la vie politique .
Ce projet vient d’être matérialisé ce mardi 23 août 2011 au centre Aoua Keïta. C’était à la faveur de la tenue d’une journée de plaidoyer par les membres du REFAMP et du CCFP auprès des partis politiques. Pour la circonstance, c’est l’ancienne ministre, Mme. Maïga Sina Damba qui assurait la facilitation de cette journée aux côtés de la secrétaire générale du REFAMP, Mme Bintou Sanankoua, de Mme Mariko Korotoumou Théra et de Mme Tall Awa Touré du CCFP.
L’historienne, Mme Bintou Sanankoua, dans son intervention, a invité les représentants des partis politiques qui ont pris part à cette rencontre de faire tout pour accroître la présence des femmes dans les instances dirigeantes de leurs partis et de favoriser les candidatures féminines lors des prochaines échéances électorales.
Quant à Maïga Sina Damba, elle a rappelé le souci constant du projet mis en place, le Réseau des femmes Africaines, Ministres et parlementaires (REFAMP) et le Cadre de Concertation des Femmes des Partis Politique (CCFP) en partenariat avec l’ONU Femmes qui selon elle est l’émergence politique des femmes.
Argumentaires pour le plaidoyer
Après la révolution populaire de Mars 1991 dont les maliennes furent parmi les principales actrices, le peuple Malien a résolument opté pour la démocratie. Or, qui parle de démocratie, dit égalité entre tous les citoyens et toutes les citoyennes du Pays, le respect des droits de l’homme en général, et des droits des femmes en particulier. La constitution de 1992, issue de cette révolution, garantit l’égalité de tous les citoyens. Elle affirme dans son préambule, sa détermination à défendre les droits de la femme et de l’enfant. Par ailleurs, le Mali a signé et ratifié la plupart des conventions internationales et régionales de promotion et de protection des droits de l’homme et spécifiquement ceux relatifs aux droits de la femme. Les Etats doivent adopter des mesures législatives et règlementaires appropriées pour assurer le respect effectif de ces droits.
Malgré l’existence d’une politique de promotion de la femme mise en œuvre au Mali depuis l’avènement de la troisième république, la participation des femmes dans les instances de prise de décision reste faible. Les femmes ne représentent en effet que 15%(+PM) des membres du gouvernement, 11% des ambassadeurs, 14% des conseillers techniques, 08% du haut conseil des collectivités, 13% dans l’administration publique centrale, 10% des députées, 1,13% des maires, 8,60% des conseillers communaux etc., pourtant, elles sont présentes dans tous les secteurs de développement. En ce début du troisième millénaire, la représentation des femmes dans la vie publique et politique nationale demeure faible voire marginale malgré leur poids démographique (51% de la population) et leur engagement constant dans les activités des partis politiques ont déploré les participantes à la rencontre.
Selon toujours Mme Tall Awa Touré, les présidents, cadres et responsables des partis politiques sont les mieux placés pour connaître le rôle capital que jouent les femmes au sein des différentes formations politiques. Le Mali, pense Mme Tall a besoin de tous ses enfants, hommes et femmes, de toutes ses forces vives pour aller de l’avant sur le chemin de la démocratie et d’un développement durable.
Mme Tall a, par ailleurs, rappelé que lors des élections générales de 1997, la volonté d’une seule formation politique a suffi pour porter le nombre de femmes députées de 3 à 18 soit de 2,5% à 12,2% à travers un système de quota adopté en son sein. Par ailleurs, pousuivra –t-elle, le Parlement africain et l’Union Interparlementaire révèlent que le niveau des représentations des femmes est élevé dans les pays appliquant un système de quota ou de parité.
Mme Tall n’a pas manqué de noter au cours de son intervention que le Mali cité comme modèle de démocratie pluraliste en Afrique, se situe en réalité parmi les pays n’ayant encore pas atteint 18,6%, la moyenne mondiale en 2009 de représentation des femmes dans les instances de prise de décisions. Notre pays est selon elle à la traine avec seulement 10,2% de femmes députées derrière le Rwanda (56,3) ; l’Afrique du Sud (44,7), l’Angola (37,5), l’Ouganda (31,3), le Burundi (30,5), la Tanzanie (30,4), l’Ethiopie (22), le Malawi (20), le Cap Vert et le Soudan (18,1), l’Ile Maurice (17,1), le Gabon (16,7), le Burkina Faso (15,3), la Zambie et le Zimbabwe (15,2), le Cameroun (13,9), Djibouti (13,8), le Swaziland (13,6), la République centrafricaine et le Maroc (10,5).
Pour terminer, Mme Tall a interpellé les partis politiques sur le défi à relever la faible représentation des femmes dans les instances politiques. « Nous ne sommes pas à la quête de faveurs, mais à la quête d’une justice sociale. Le Mali est en construction, et a besoin du concours de toutes ses filles et tous ses fils. Le principe d’égalité doit prévaloir sur toutes les autres considérations lors de l’établissement de vos listes. Citoyennes à part entière, avec les mêmes droits et devoirs, les femmes ont été de tous les combats. Nous vous invitons donc à parier sur les générations futures, pour une société dont toutes les composantes, de façon harmonieuse, pourront mettre toute leur intelligence, leur compétence, et toute leur énergie au service du Mali », a-t-elle souligné. Elle a remarqué que les élections ne peuvent réussir sans l’apport déterminant des femmes et des hommes à toutes les étapes du processus.
Alors, il est demandé aux partis politiques d’inscrire massivement les femmes sur leurs listes de candidats.
Mariétou Konaté (l’Annonceur)