L’imam Mahmoud Dicko tance les autorités de la transition

0

Au cours d’un meeting organisé le dimanche 7 mars au Palais de la culture par le Mouvement Djigiya-Kura de Housseini Amion Guindo, l’imam Mahmoud Dicko a vertement critiqué la conduite des affaires publiques par les autorités de la transition. «Vous ne pouvez pas gérer le pays avec un président distant du peuple, un Premier ministre froid et un vice-président je ne sais pas…» a-t-il martelé, avant d’inviter les autorités à dialoguer avec les forces vives de la Nation. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention.

«Depuis le début de la transition, il y a quelque chose que je n’ai pas dit. Mais, aujourd’hui, oui, je vais le dire. Je le dirais avec responsabilité et je m’assume en le disant. J’avais dit que je vais retourner dans ma mosquée parce que les gens à qui l’on a confié le pays, je pensais qu’ils pouvaient constituer un espoir pour nous, en faisant les choses de la meilleure manière. Mais je suis au regret de constater quelque chose que je vais dire aujourd’hui et dénoncer.

Depuis que les autorités de la transition sont au pouvoir, quelle catégorie, quel groupe, ces autorités ont-elles rencontré pour discuter du Mali ? Il n’y en a pas. Personne ne peut gérer un pays comme ça. Tu ne peux gérer le peuple sans le peuple. Non, cela ne peut pas marcher. Ce que j’ai dit à mon grand-frère, j’ai dit à mon grand-frère d’écouter le peuple malien et d’écouter les doléances du peuple malien. Moi, je le lui ai dit. Vous croyez que moi je vais craindre de le dire aujourd’hui ? Non.

Il faut qu’ils gèrent le pays avec beaucoup de considération pour le peuple, pas de mépris. Depuis qu’ils sont venus, toutes les catégories, toutes les sensibilités, sans exception, ils n’ont rencontré aucune d’entre elles pour parler des problèmes du pays. Vous ne parlez à personne, vous ne travaillez avec personne, qu’est-ce que vous gérez ? Ça me préoccupe quand même, ça me préoccupe. Mais ce sont des choses qu’il faut avoir le courage de dénoncer.

Aujourd’hui, il faut que ceux qui sont au pouvoir mettent un peu d’eau dans leur vin. Il faut que les autorités arrêtent de jouer aux arrogants, et qu’elles discutent avec  le peuple, quelles que soient leurs divergences. Quelle que soit la situation, nous sommes condamnés aujourd’hui à nous parler et à nous entendre. C’est la voie pour le salut ou on va périr. Ce n’est pas sorcier, soit on se parle aujourd’hui pour se comprendre et se donner la main pour sortir ce pays de cette situation, soit on reste dans ce désordre en perdant le pays.

Ça, j’ai vraiment voulu le dire, et je ne me préoccupe pas des commentaires que les uns et les autres vont en faire. Bon, ils sont libres de commenter comme ils veulent. Qu’ils me traitent de tout ce qu’ils veulent, ce n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est le Mali, l’essentiel c’est notre patrie.

Aujourd’hui, le monde entier est dans le pétrin. Il y a une pandémie qui nous a imposé un nouvel ordre mondial et il y a les partenaires qui sont dans l’impasse aujourd’hui et ils ont aussi des enjeux et des élections en 2022.

Nous, nous attendons que d’autres personnes viennent gérer notre situation à notre place. Non, nous sommes quand même des hommes intelligents. Nous nous asseyons et attendons que d’autres viennent faire à notre place, même se rencontrer pour parler, on ne peut pas le faire aussi ? Non.

Il faut que les autorités de la transition, je le dis haut et fort, se retirent du repli dans lequel elles se sont mises. Vous ne pouvez pas gérer le pays avec un président distant du peuple, un Premier ministre froid et un vice-président je ne sais quoi, et puis, tout le monde est là. Mais cela ne marchera pas, cela ne marche pas vraiment.

 

Ce n’est pas pour autre chose, je m’inquiète seulement pour le pays. Moi, je n’ai de problème avec personne. Les gens disent que je suis en froid avec certains, mais je ne suis en froid avec personne ! Je n’ai pas de problème avec le M5-RFP, ni avec la CMAS. Non.

S’il s’agit de ma personne, il n’y a rien entre le président Guindo et moi.  Mais, aujourd’hui, il s’agit du Mali et c’est ce qui justifie ma présence ici, sinon je ne suis pas parrain de ce mouvement. Non, pas du tout. Je ne suis ni le parrain ni le président de ce mouvement. Mais, partout où on m’appelle dans ce pays et qu’il s’agit de ce pays, j’ai fait cette promesse à Dieu, j’irai».

Fadiala N. Dembélé/Stagiaire   

Commentaires via Facebook :