Après sa sortie contre le programme de l’éducation sexuelle dans les écoles qui a obligé le régime à y renoncer, l’Imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique (HCI), ne désarme point. Celui qui ne se considère ni comme « propriétaire ou gardien du temple », entend néanmoins jouer pleinement sa partition sur toutes les questions liées l’avenir du Mali, en tant que citoyen et leader de la plus grande organisation musulmane du pays. Et l’Imam Dicko indique la voie à suivre : « le Mali doit aller à un sursaut national afin de sortir de sa situation (difficile) actuelle ». Dans un bref entretien, M. Dicko s’est confié à nos reporters.
Au siège du Haut conseil islamique, sis à Hamdallaye (ACI 2000), on assiste à un ballet incessant de visiteurs. Responsables d’associations et/ou de groupements musulmans, simples citoyens… se succèdent pour des entretiens ou encore des demandes d’entretien auprès de Mahmoud Dicko.
Très sollicité, le président au Haut conseil islamique reçoit à tour de rôle ces nombreux visiteurs qui attendent dans une grande salle de réception. Les audiences se font soit dans un bureau au rez-de-chaussée ou à l’étage.
C’est à la fin d’une longue journée (mercredi dernier) que le Président Dicko nous a accordé quelques minutes.
D’emblée, l’Imam a fait part de ses préoccupations au sujet de la situation actuelle du pays. « Oui, j’ai un regard inquiétant par rapport à ce qui passe actuellement dans notre pays. Mais, on ne perd pas espoir. Le Mali a suffisamment de ressources pour surmonter les épreuves. Et je crois fortement en la capacité du peuple malien de rebondir et de dépasser ce moment difficile ».
La détérioration de la situation sécuritaire au Centre du pays ? Le Président Mahmoud Dicko fait part de son souci. Il affirme : « Ma réaction par rapport à cette situation est comme celle de tous les citoyens du Mali. Que ça soit au Centre, au Nord ou au Sud, on doit se faire du souci dès qu’il y a un problème dans n’importe quelle partie du pays ». Quelle solution préconise l’Imam Dicko ? « Il faut se mettre ensemble. A mon humble avis, personne ne peut, seule faire le Mali… De nombreux pays ont connu des difficultés. D’autres pays ont connu pire que le Mali. Mais, ils (ces pays) ont su trouver les ressources nécessaires pour surmonter ces difficultés. Pourquoi pas le Mali ? Il est impérieux que les Maliens regardent dans la même direction. Et je crois aujourd’hui qu’il faut aller à un sursaut national. Ce sursaut est une nécessité pour sortir le Mali de l’impasse. Et on peut jamais relever les défis tant que nous sommes restons diviser et éparpiller. Ça ne marchera jamais ! ».
L’abandon du programme sur l’enseignement de la sexualité ? L’Imam reste sur ses gardes : « Comme ça été annoncé, l’opinion est témoin ! Ils ont annoncé le retrait devant tout le monde… », a-t-il affirmé.
Enfin, Mahmoud Dicko a indiqué qu’un grand rassemblement se prépare. «Au moment opportun nous informerons les Maliens. Nous estimons qu’il faut organiser une grande prière pour le Mali ».
Mohamed Sylla
Mémé Sanogo
(L’Aube 1037 du lundi 21 janvier 2019)