Au Mali, s’il y a un phénomène qui pose le plus de dégâts, c’est bien le problème de la citoyenneté. Les citoyens ignorent leurs droits et croient les savoir parce que n’acceptant pas que d’autres leur montrent le bon chemin lorsqu’ils sont dans l’erreur. Cette situation occasionne de nos jours d’énormes phénomènes d’injustices dont sont victimes les mêmes citoyens. Il convient d’adopter la méthode de la « docta ignorantia ».
L’ignorance a acquis sa lettre de noblesse au Mali à travers ses citoyens. Chacun se croit tout connaitre alors qu’en réalité il n’est que le plus grand ignorant. Faisons recours aux sages antiques et notamment à Socrate, celui-ci ne nous enseignait-il pas que l’ignorance consiste au fait de se croire sage alors qu’en réalité nous avons le crâne vide. L’un des problèmes cardinaux au Mali aujourd’hui, c’est la folie de grandeur de ses citoyens qui se croient tout connaitre et notamment tout ce qui relève du domaine de l’intellectualisme et notamment du droit alors qu’ils restent ignorants à un degré extrême. Cette folie de grandeur dont nous faisons état ne consiste qu’au fait de refuser toute correction. En effet, la correction des erreurs constitue un crime abominable aux yeux des citoyens maliens qui traduisent cela comme une moquerie à leur encontre. Chacun se croit suffisamment riche en connaissance que plus personne ne s’adonne à la culture. Du coup, les principes fondamentaux de la République sont ignorés par tous. Comme conséquence inattendue, que de violations gravent des droits ! Il n’est pas rare de les rencontrer sur nos voies publiques prises au dépourvu par les agents chargés du contrôle routier. Au Mali, nous ignorons nos droits parce que nul ne veut s’y connaitre et pourtant ne cesse d’accuser les autres voire de dire « Je connais mon droit ». Cette attitude est la marque fondamentale d’une véritable ignorance. Le sage, lui, ne se place jamais en position de connaisseur ou de faiseur de rois, mais plutôt comme un ignorant à la recherche de la connaissance, de ses droits. C’est la raison pour laquelle, l’intellectuel anglais, Karl Popper, faisait comprendre que l’homme apprend à travers la correction de ses erreurs. L’erreur étant la preuve de l’imperfection de l’homme, celui-ci, pour s’approcher véritablement de la sagesse, doit accepter la correction incessante de ses erreurs. Lesquelles corrections constitueront pour lui des expériences. Le savant Newton n’a-t-il pas l’habitude de faire savoir qu’il ramassait des coquilles au bord de la mer sans se rendre compte de l’immense étendue d’eau étalée devant lui ?
Cela traduit à combien de degrés l’homme est imparfait. Cette attitude que les anciens appelaient la « docta ignorantia » entendu par « l’ignorance du savant » doit être intégrée dans les comportements des citoyens maliens afin que chacun puisse reconnaitre ses erreurs, ses défauts et accepte qu’ils soient corrigés par ses semblables pour que les droits de la République soient respectés par tous. Cela ne serait possible que lorsque les citoyens se font confiance les uns des autres. Cette acceptation de la correction progressive de nos erreurs nous fait rapprocher davantage de la perfection et nous fait vivre dans une société plus juste et plus égalitaire où chacun sera forcé de respecter les droits.
Fousseni TOGOLA