Les responsables du Groupe Granada, gestionnaire de l’Hôtel Laïco Amitié depuis mars 2020, étaient face à la presse le 16 Septembre 2020, dans les locaux dudit hôtel. Objectif : informer l’opinion nationale sur les circonstances du licenciement d’une partie de leurs employés. Ladite conférence de presse était co-animée par le directeur général du groupe Granada, Karim Debbeche, Me Aliou Abdoulaye Touré, conseiller juridique, et Aldbea Inhamed, PDG de du groupe hôtel Laïco Mali, qui se sont tour à tour prononcés sur le cas des 66 personnes licenciées sur les 157 agents liés à l’hôtel par un contrat à durée indéterminée.
Que s’était-il passé ?
Selon le PDG du Groupe Granada, Karim Debbèche, quelques semaines après leur arrivée en mars 2020 à la tête de l’hôtel de l’Amitié, le Mali a enregistré ses premiers cas de Covid-19. Conséquence : les pertes se sont accumulées et «sur la centaine de chambres, 25 seulement marchaient», a-t-il expliqué. Dans un premier temps, l’hôtel s’est limité à mettre au chômage technique une partie du personnel avant que les conséquences de la crise socio-politique ne viennent se greffer à celles des crises sécuritaires et sanitaires. «Face aux pertes qui s’accumulaient, nous avons décidé de licencier une partie du personnel. C’était une décision difficile, mais étions obligés de la rendre pour sauver l’entreprise et le reste des emplois », a déclaré le PDG, estimant que leur licenciement est de motif économique».
De son côté, Imhamed Mansour ALDBEA, directeur de l’établissement, a indiqué que Laico a longtemps préféré les pertes au licenciement depuis 1999. Et de rappeler qu’en 1999 les employés ont été laissés à la maison pendant deux ans et payés pour raison de rénovation et pendant trois ans avec l’arrivée de la MINUSMA en 2013. Parlant du salaire de son personnel, il a soutenu que le groupe Laico paye le mieux dans le secteur hôtelier du Mali.
Quid de l’aspect juridique ?
Sur la question, il est revenu à l’avocat du Cabinet Zahara Anour, Me Aliou Abdoulaye Touré, de défendre la cause de son client en mentionnant la bonne foi de l’hôtel pour avoir opté d’abord pour le chômage technique avant de procéder au licenciement définitif. Et de rappeler que l’article 35 du code de travail donne la possibilité à l’entreprise, lorsque la situation économique lui est défavorable, de procéder par mise en chômage temporaire. «Aucune entreprise responsable ne peut faire prévaloir le licenciement à l’emploi, c’est ce que nous avons observé», a-t-il relevé par ailleurs. Malheureusement, dit-il, cette décision a été très mal accueillie par les victimes qui ont refusé de venir récupérer leur lettre de licenciement, de se présenter à l’inspection du travail avant d’opter pour des manifestations ayant consisté à bloquer tous les accès de l’hôtel. Quoi qu’il en soit, les licenciements, selon Me Touré, sont conformes à la loi malienne. «Aucune règle de droit n’a été violée», a-t-il soutenu en mentionnant que l’hôtel Laico l’Amitié reste ouvert au dialogue, mais sans «un couteau à la gorge». En dépit de la violence de certains employés licenciés, qui réclament le départ du groupe Ganada faute de reprendre leur travail, Me Touré prône la retenue.
Amidou KEITA