Alors que les négociations de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés doivent reprendre le 1er septembre 2014 à Alger, la FIDH et l’AMDH ont tenu à rappeler aux autorités maliennes qu’il ne peut y avoir de paix juste et durable sans véritable lutte contre l’impunité de tous les auteurs des graves violations des droits humains commises pendant la crise au Mali. En effet, le 17 janvier 2014, Ag Alfousseyni Houka Houka avait été arrêté par les forces armées du Mali (FAMA) dans la région de Tombouctou pour son rôle présumé dans la commission de violations graves de droits humains.
Ce personnage important du mouvement islamiste à Tombouctou y dirigeait un tribunal islamique qui a ordonné, entre autres, des amputations, lapidations, flagellations et arrestations arbitraires lors des dix mois durant lesquels le nord du Mali était sous le contrôle des groupes islamistes armés. Afin d’accompagner les victimes dans leur quête de vérité et de justice, le 20 juin 2014, l’AMDH et la FIDH se sont constituées parties civiles auprès du tribunal de première instance de la Commune III à l’encontre de Ag Alfousseyni Houka Houka.
Ce dernier a été libéré 15 août 2014 par les autorités maliennes dans le cadre des négociations politiques en cours entre le gouvernement malien et les groupes armés et ayant, à ce jour, abouti à la signature d’une feuille de route en vue de “la mise en place d’un cadre pour des négociations de paix pour permettre l’émergence d’une solution globale et négociée” au Mali. ” Cette libération politique est une véritable atteinte à l’indépendance de la justice et une violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité,” a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH. “Il est absolument nécessaire que les négociations politiques entamées se poursuivent mais ni au détriment de la justice ni dans l’oubli des victimes “, a-t-il ajouté.
Cette mise en liberté de l’un des membres influents du mouvement Ançar Dine intervient après les échanges de prisonniers entre Bamako et les groupes armés le 15 juillet 2014, le gouvernement du Mali avait déjà procédé à la libération puis à l’échange de 42 éléments des groupes armés présumés auteurs de graves violations de droits humains et inculpés par la justice malienne, contre 45 éléments des forces armées et de sécurité capturés par les groupes armés lors des combats du 23 mai 2014 à Kidal. Cet échange de prisonniers est intervenu alors qu’étaient organisées les premières auditions de victimes de violations graves des droits humains lors du conflit au nord du Mali en 2012, constituées parties civiles et accompagnées par la FIDH et l’AMDH dans les procédures judiciaires ouvertes par la justice nationale.
Ainsi, la FIDH et l’AMDH réitèrent leur appel aux autorités maliennes à faire de la lutte contre l’impunité une priorité, à tout mettre en œuvre pour que les responsables de graves violations des droits humains soient poursuivis et traduits en justice, ainsi qu’à garantir les droits des victimes à la justice, la vérité et la réparation.
” Aucune nation, aucun peuple qui a souffert de graves crimes contre l’humanité ne peut prétendre à la réconciliation, à la paix et au développement durables sans une justice saine, équitable et luttant efficacement contre l’impunité” a déclaré Me Patrick Baudouin, président d’honneur et responsable du groupe d’action judiciaire de la FIDH. La FIDH et l’AMDH, en collaboration avec d’autres organisations de défense de droits humains au Mali, s’apprêtent à adresser aux autorités maliennes un mémorandum en faveur d’un accord de paix respectueux des droits des victimes à la justice.
Youssouf CAMARA
Je pense qu’il ne faut pas compter sur ce régime pour lutter contre l’impunité! C’est dommage car il avait tout pour faire redémarrer la justice saine au Mali. Les dérapages ont commencé depuis l’investiture d’IBK et il est actuellement impossible de rectifier le tir avec ce pouvoir qui joue au pompier. Il va continuer à subir les évenements au lieu de les devancer!
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