Libération de Soumaïla Cissé : Divergence de vue sur la question

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Soumaïla Cissé enlevé le 25 mars 2020 alors qu’il battait campagne dans son fief électoral pour les législatives, a été libéré le 08 octobre en compagnie de deux otages italiens et un otage français.

Selon plusieurs sources, cette libération serait obtenue en contrepartie de la libération d’une centaine de djihadistes et d’une somme importante estimée à 10 millions d’euros, soit environ 6 milliards de FCFA.

Si certains Maliens sont heureux du retour de Soumaïla Cissé parmi nous, d’autres s’indignent de la façon dont l’homme politique a recouvré la liberté, en échange de la libération de ceux qui ont tué des Maliens.

Enseignant à la retraite, Lassana Keita estime que la libération de Soumaïla Cissé est une bonne chose car c’est un Malien et un être humain. Mais, poursuit-il, jusqu’à la fin du monde, il doit changer. «Car, par sa faute, on a libéré des terroristes dangereux qui vont se retourner contre nous. Il ne devrait pas aller en campagne dans une zone que tout le monde savait dangereuse» affirme-t-il.

Mamourou Koné, de son côté, affirme que la libération de Soumaïla Cissé est une très bonne chose parce que personne ne doit souhaiter que quelqu’un d’autre disparaisse de la sorte et sans revenir. Toutefois, dit-il, en ce qui concerne la vie politique, il ne doit pas trop parler et il doit contrôler son langage. Car s’il ne fait pas attention à ce qu’il dira, il va être induit en erreur.

Il a fait aussi savoir que le fait que des terroristes soient libérés pour que Soumaïla Cissé recouvre sa liberté n’est pas grave, car le Mali avait besoin de l’ancien chef de file de l’opposition et de toute façon, le terrorisme allait toujours continuer.

«Souvent on accepte certaines souffrances pour atteindre notre objectif, sinon la façon dont ces terroristes ont été libérés n’était pas la bonne manière»,  explique-t-il.

Coulibaly, qui affirme avoir compati à la souffrance du président de l’URD, après sa disparition, semble se préoccuper d’autres choses. «Nous prions Dieu pour que les terroristes qui ont été libérés ne se retournent pas contre nous, pour nous faire du mal» souhaite-t-il. «Sa libération a été une bonne chose, car il a des enfants et des parents comme nous tous» ajoute-t-il.

Sidiki Goïta, dans une publication sur Facebook, soutient que la libération de deux-cents terroristes et la rançon payée pour libération de Soumaïla Cissé ne doivent pas être vues d’un mauvais œil par les Maliens. Ce d’autant que «la vie d’un Malien n’a pas de prix et la vie de chaque citoyen est sacrée et peu importe ce que ça coûte». Il dit aussi qu’Israël a libéré 400 djihadistes pour récupérer le corps d’un militaire déjà décédé.

Souleymane Kouyaté, étudiant en master en Algérie, dit avoir des doutes concernant la captivité de Soumaïla Cissé, et se demande  si ce n’était pas une conspiration contre le régime d’IBK. Car, poursuit-il, «j’ai remarqué que depuis sa libération, tout marche pour lui, il fait des interviews, il a toutes ses facultés mentales et il a même grossi. Comment est-ce possible après avoir passé 6 mois avec ces personnes-là ?». Le fait qu’il soit libre, si réellement il était capturé, ajoute-t-il, était nécessaire parce qu’il faut reconnaître que c’est une figure politique très importante.

Alpha Diallo, tailleur, dit être contre la façon dont Soumaïla Cissé et ses  co-otages ont été libérés. «Imagine, libérer une centaine de terroristes pour quatre personnes. Mais comment c’est possible ?» s’étonne-t-il. Il ajoute que même si ces quatre otages devaient mourir, cela était mieux que de libérer une centaine de terroristes comme ça.

Car, dès que ces terroristes seront chez leur chef, ils seront réarmés et viendront attaquer nos villages et tueront des civils ainsi que nos militaires. «Je sais, mais ce n’est pas notre souhait, cette libération aura des inconvénients pour nous et dans les jours à venir, ils vont faire des attaques et puis nos militaires vont mourir» s’inquiète-t-il.

Pour sa part, Drissa Kané dit être contre la libération des terroristes et le paiement de rançon pour la libération d’otages. Il dit qu’on ne devait pas accepter de libérer les terroristes et de payer la somme demandée car, poursuit, «on pouvait négocier leur libération autrement au lieu de cette façon».

Comme on le constate, les conditions de la libération de Soumaïla  Cissé continuent de diviser les Maliens.

Fadiala N. Dembélé

Stagiaire

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