Profondément préoccupées par la situation actuelle des droits humains au Mali, à l’heure où les pourparlers entre le gouvernement du Mali et les groupes armés se poursuivent à Alger, une quarantaine d’organisations et institutions de défense des droits humains ont organisé une marche pacifique “Paix & Sécurité” hier 11 septembre 2014 à Bamako. Objectif : Exiger des accords de paix qui respecte le droit des victimes
«Alger : Pensez aux victimes, Tolérance Zéro contre l’impunité, Nul n’est au-dessus de la loi, Réconciliation Oui, Impunité Non, Stop aux atteintes à l’indépendance de la justice, Mandat d’arrêt contre l’Impunité, Arrêtez et jugez houka Houka, Stop aux libérations extrajudiciaires, Non à l’impunité des violences sexuelles, Viols, Mariages forcés, Esclavages sexuels, Plus jamais ça, Justice aux parents et épouses des militaires disparus et assassines, Droits de l’homme non négociables aussi etc. », les militants des droits de l’homme avaient plus d’un slogan ce jeudi 11 septembre 2014 dans leurs escarcelles. Au total, ils étaient plus de 2000 manifestants à braver les mauvaises conditions météorologiques pour scander ces slogans dans les rues de Bamako à l’appel d’une quarantaine d’organisations et institutions de défense des droits humains. Il s’agit entre autres de : la Coalition Malienne pour la Cour Pénale Internationale-CM-CPI, le Collectif CRI DE CŒUR, le Collectif des Femmes du Mali-COFEM, le Collectif des Victimes de la Mutinerie du 30 septembre 2013, la Commission Nationale des Droits de l’Homme-CNDH , le Conseil National de la Société Civile- CNSC, la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme-FIDH, le Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires-REFAMP, le Collectif des victimes de la Crise du Nord, l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture-ACAT Mali, la Fédération Nationale des Collectifs d’Organisations Féminines du Mali- FE.NA.COF etc.
Cette marche intitulée Marche pacifique «paix & justice » est parti du monument de l’indépendance pour prendre fin devant le Ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des sceaux du Mali. Dans un mémorandum remis au chef dudit département, ces organisations recommandent au gouvernement du Mali de: Garantir, en toutes circonstances, les droits des victimes de crimes internationaux à la justice, à la vérité et à la réparation, exclure toute amnistie pour les crimes internationaux y compris les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants soldats, conformément au Statut de Rome auquel le Mali est partie, Prendre des mesures appropriées en vue de s’assurer que les responsables des crimes soient poursuivis, jugés et condamnés par la justice malienne et/ou internationale, Promouvoir une paix durable pour toutes les populations du Mali, Garantir le principe de la séparation des pouvoirs, Diligenter l’adoption du décret d’application de la loi N°2012–025 du 12 juillet 2012 portant indemnisation des victimes de la rébellion du 17 janvier 2012 et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012».
Cette marche fait suite la conférence de presse organisé le 28 août 2014 au siège de la Commission Nationale des droits de l’homme à la l’ACI 2000. A travers l’organisation de ces deux évènements, les organisations de défense des droits de l’homme entendent protester contre la levée de 6 mandats d’arrêts contre des présumés coupables de violation grave des droits de l’homme.
En effet, le gouvernement du Mali a procédé récemment à la levée de 6 mandats d’arrêt, à la libération politique des 23 éléments du Mnla et du Hcua en octobre 2013, ainsi qu’à celle de 42 éléments des groupes armés le 15 juillet 2014. Parmi ces libérations, c’est le cas de Houka Houka Ag Alfousseïni, ancien chef de la police islamique à Tombouctou, qui a marqué les esprits et créé chez les victimes du Nord un sentiment de frustration chez les victimes aux dires des défenseurs des droits de l’homme. Face à cette situation actuelle de violation des droits de l’homme, le Réseau des défenseurs des droits humains, en partenariat avec la commission nationale des droits de l’homme(Cndh), avait organisé une conférence de presse, le jeudi 28 août 2014, au siège de la Cndh, pour exprimer leur mécontentement. «Ces personnes libérées vont retourner dans leurs localités et vont se pavaner devant les victimes dans les rues de Gao, Tombouctou et Kidal. Nous disons que ces libérations politiques constituent une véritable inquiétude, car elles violent non seulement le principe de la séparation des pouvoirs, mais aussi violent les droits inaliénables de victimes et mettent en danger la vie des victimes, la vie des juges chargés de ce dossier et celle des défenseurs des droits de l’homme. C’est ce que nous évitons à notre pays. C’est pourquoi, nous exhortons les autorités maliennes à remettre à la justice toutes ces personnes suspectées d’être impliquées dans des graves violations des droits humains», déplorent les organisateurs de ces différentes manifestations.
Abdoulaye Ouattara