La Coalition malienne publiez ce que vous payez (PCQVP-Mali) a organisé le vendredi 24 mars 2023 à son siège, une conférence de presse sur les enjeux de l’exploitation des minéraux de transition énergétique (lithium) et de partage d’expériences sur les bonnes pratiques acquises par PCQVP-Mali à l’occasion de la Cop-27 et de Mining Indaba.
Le Mali dispose aujourd’hui de deux projets d’exploitation de lithium à savoir : Galamina (Frirefinch Ltd) et Bougouni (Minéraux Kodal) dans le village de N’Ganala. La mine de Galamina est en construction et le début de l’extraction des minerais de lithium est prévu pour le 1er semestre 2024.
Selon le président de la coalition PCQVP-Mali, Abdoul Wahab Diakité, la production moyenne annuelle attendue est de 726 000 tonnes de concentré de spodumène, un silicate d’aluminium et de lithium.
Le lithium est utilisé dans la fabrication des batteries, verres et céramiques, pharmacie, électronique et aluminium, graisse lubrifiante, acier et traitement de l’air. D’où sa réputation de minerais stratégique.
C’est pour cela que la Coalition PCQVP-Mali, acteur majeur de la société civile dans le secteur extractif, a organisé la conférence de presse pour favoriser une exploitation juste, transparente et équitable des mines de lithium au Mali.
Cependant, le président de la Coalition dira qu’au jour d’aujourd’hui, aucun acteur ne peut se targuer d’expérience avérée pour prédire les impacts nocifs potentiels des mines de lithium. Pour cela, la Coalition a mené plusieurs actions à l’international et sur les sites d’extraction du lithium pour renforcer les capacités et la compréhension de ses membres sur ces minerais de transition énergétique.
Le Mali a commencé l’exploitation industrielle des mines d’or il y a environ 40 ans. Elle a généré des centaines de milliards de F CFA au profit du budget d’Etat. Mais, en dépit de cet apport superficiellement reluisant, l’or n’a jamais brillé pour le Malien lambda.
L’or produit au Mali, ne fait l’objet d’aucun processus de transformation locale. Il est exporté à l’état brut vers les raffineries sud-africaine et Suisse malgré l’existence d’unités de raffinage d’or au Mali.
Des constats amers
Le contrat de cession de la mine de lithium de Galamina n’est pas encore été publié sur le site du ministère en charge des Mines. Toutes les actions initiées et mises en œuvre par la Coalition notamment les débats publics organisés par PCQVP-Mali, les rencontres d’échanges avec la direction nationale de la Géologie et des Mines, l’insertion des articles de presse, sont restées vaines.
Pour la Coalition, il est clair que sans la publication du contrat et ses annexes, les communautés ne pourront pas assurer leur rôle de veille et de contrôle, voire participer à la prise de décision concernant leur environnement. En outre, la publication permet de savoir le niveau de prise en charge des préoccupations des communautés.
Les conclusions de l’étude d’impact environnemental et social ne sont pas disponibles au niveau des communautés et de la société civile. Elles disent être informées verbalement desdites conclusions. La société civile n’a aucun moyen de suivi des impacts environnementaux et sociaux du projet d’exploitation de lithium de Galamina.
Le département des Mines ne fait pas de communication sur les projets d’extraction de lithium au Mali. Les enjeux futurs de l’exploitation de lithium au Mali sont peu connus par le grand public. Il n’y a aucune information sur les potentielles retombées économiques, le mode de calcul et de la fixation du prix du minerai sur le marché international, des engagements sociaux et environnementaux.
Les dernières informations font état de l’exportation des minerais de lithium extraits vers le Port de la Côte d’lvoire. Le Mali ne prévoit pour le moment aucune forme de transformation préliminaire localement des minerais de lithium extraits à Galamina. Le département est le seul détenteur de toutes les informations sur le lithium.
Devant ces constats amers, la Coalition PCQVP-Mali demande au gouvernement la publication intégrale du contrat de cession de la mine de Galamina et ses annexes ; la mise à la disposition des communautés (Bougouni, Galamina) et de la société civile des conclusions des études d’impact environnemental et social ; l’interdiction d’exporter les minerais à l’état brut sans aucune forme de transformation préalable sur place ; la tenue régulière des séances d’information des populations et de la société civile sur les enjeux futurs de cette exploitation au Mali.
“Le gouvernement du Mali doit tirer toutes les leçons de l’exploitation de l’or. Le lithium, minerai stratégique pour la transition énergétique doit jouer un rôle stratégique pour le développement de notre pays”, conclura le président de la Coalition, Abdoul Wahab Diakité.
Zeïnabou Fofana