Levée de boucliers de 47 organisations de défense des droits de l’homme contre le projet

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Les Organisations de Défense des Droits de l’Homme au Mali sont sur leur pied de guerre contre le projet de Loi d’Entente Nationale qui serait sur la table des députés, et qui, à leurs yeux, constitue une menace pour la paix, la réconciliation et les droits des victimes de la crise au Mali. Elles l’ont fait savoir en début de week-end dernier au siège du Conseil National du Patronat, lors d’une conférence de presse organisée à cet effet, et principalement animée par Mme Bintou Founè SAMAKE, Présidente de WILDAF ; Mme Ramata GUISSE, Directrice d’Amnesty International-Mali ; Me Moctar MARIKO, Président de l’AMDH ; en présence de Mme Amina MAIGA,  Présidente du Conseil National des Victimes.

Selon les organisateurs, l’objectif de cette conférence était d’informer et d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les risques liés audit projet de loi, à savoir la promotion de l’impunité et la violation des droits inaliénables des victimes de la crise malienne. Pour Mme Bintou Founè SAMAKE, Présidente de WILDAF, les organisations de défense des droits de l’homme s’opposent au projet de loi d’entente nationale tel qu’il est aujourd’hui élaboré par le gouvernement.

Selon elle, ce projet de loi élaboré et adopté en conseil des ministres du 31 mai 2018, prévoit que les auteurs de certains crimes liés à la crise de 2012 puissent faire l’objet d’amnistie ou d’une grâce. Sont également prévues des mesures d’apaisement sociale comme l’indemnisation des victimes de ces crimes ainsi que des mesures de réinsertions destinées aux ex-combattants, aux réfugiés et aux déplacés internes. Cependant, regrette-elle, ce texte de loi a été élaboré sans l’implication, ni consultation des organisations de défense des droits de l’homme et des victimes au Mali. Il se fonde par ailleurs sur la charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, elle-même adoptée en catimini par le gouvernement, et qui n’a pas été diffusée aux seins de la population malienne. Plus écœurant encore pour les organisations de défense des droits de l’homme, c’est qu’elles ont, bien avant l’adoption du projet de loi en conseil des ministres, alerté les plus hautes autorités du pays sur les risques d’une telle initiative, tout en les exhortant à sursoir au processus afin d’engager des consultations.

En d’autres termes, les organisations de défense de droits l’homme réaffirment, par ailleurs, leur soutien au processus de paix, notamment l’application de l’article 46 de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger en particulier, mais rejettent le projet de loi d’entente nationale en l’état.

La Directrice d’Amnesty International-Mali, Mme Ramata GUISSE, dira pour sa part que depuis mars 2018, leurs organisations essayent de dialoguer avec les plus autorités du pays, mais regrette-t-elle, ni le Président de la République, ni le Premier ministre, n’ont daigné répondre à leurs préoccupations contenues dans une lettre en date du 05 mars 2018, et une autre lettre confidentielle en date du 21 Mai 2018.

En conséquence, les organisations de défense des droits de l’homme et les organisations des victimes ne se reconnaissent pas dans ce texte, « un texte qui méprise les droits des victimes de la crise et qui anéantit les efforts de justice et de vérité en cours au Mali ». Aussi demandent-elles le rejet dudit projet de loi, tel que rédigé actuellement ; l’implication, la consultation et la prise en compte des préoccupations des associations de victimes et des organisations de défense des droits de l’homme par le gouvernement, et préalablement à l’élaboration d’un projet de loi d’entente nationale respectueuse des droits des victimes du conflits au Mali ; l’engagement d’un dialogue sur le projet de loi d’entente nationale entre l’Assemblée Nationale et les associations de victimes et les organisations de défense des droits humains, afin qu’elles puissent exprimer leurs préoccupations et craintes au sujet dudit projet de loi…

Me Moctar Mariko, président AMDH, dira par rapport à la problématique de saisine : « nous avons commencé cette action et nous avons même adressé une lettre ouverte au Président de la République tout en lui demandant une audience. Malheureusement, notre demande n’a pas eu de réponse. Même réaction pour le Premier ministre, qui a désigné le ministre de la Réconciliation Nationale sortant, avec lequel nous avons échangé. Nous sommes sortis confiants, car il nous a proposé de faire des amendements et des observations. Mais pendant qu’on était dans la réflexion, nous apprenons que le projet de loi est passé du conseil des ministres à la table de l’Assemblée Nationale. Nous ne baisserons pas les bras, et nous pensons que nous sommes dans le temps. Nous n’allons pas fléchir, nous avons prévu beaucoup d’activités et beaucoup d’actions à mener en bons militants des droits de l’homme, sans violence aucune. Et nous allons passer par l’ensemble des organisations de la société civile pour faire passer ce message et faire comprendre au gouvernement que ce texte, au lieu de nous amener vers la réconciliation et la cohésion nationale, est plutôt en train de nous diviser et porter un coup non seulement à notre justice, mais aussi faire la promotion de la culture de l’impunité au Mali ». Ça chauffe alors !

 

A.K         

 

 

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1 commentaire

  1. les DH de ces ManipulateurAtlantistes se sont bien moqué tout au long de leurs occupations qui (trop) ont durées plusieurs siècles et dont ont ressent encore les multiples stigmates aujourd’hui!!!

    Même Sitting bull avait dit : « la parole de ces blancs est écrit sur de l’eau … »

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