Il y a des catégories de diplomates et de services secrets des pays occidentaux qui ne donnent pas très souvent, leur avis sur le pays dans lequel, ils sont en mission. Nous avons eu la chance d’avoir un qui a accepté de nous donner son avis sur plusieurs aspects de notre Maliba, à cœur ouvert. Ce diplomate est européen, doté d’une grande expérience africaine de 10 ans en Côte d’Ivoire, en Libye en Centrafrique, au Soudan, au Mali sans compter aussi, son expérience Afghane etc…
Dans notre entretien dont nous résumons le contenu, il dit que la MINUSMA ne quittera pas le Mali avant 15 ans selon les dernières informations à son niveau, si jamais le niveau de l’insécurité ne baisse pas. Pour lui, si la MINUSMA se retire actuellement, il y aura la perte de 3160 emplois permanents directs et 89740 emplois indirects. En ce qui concerne les travailleurs maliens de la MINUSMA, l’Etat doit penser à recaser tous ces professionnels rompus au système des Nations-Unies. Il a ajouté que les Nations-Unies n’ont jamais résolu un problème de conflits, voir même les problèmes qui se posent aux différents peuples. Cela est dû au fait que chaque puissance au sein du conseil de sécurité a son carré d’intérêts différent de celui de l’autre. Il a pris l’exemple sur le Congo (RDC) la Côte d’Ivoire, le Soudan,Somali, Afghanistan, l’Irak, le Libéria et la Libye. Concernant la situation de l’Etat de la Nation malienne, il se dit inquiet pour plusieurs raisons notamment, le fait que le Mali est en train de se transformer dangereusement en zone autonome sans la présence de l’Etat à l’image de la Libye, avec plusieurs groupes armés possédant chacun son hinterland. Le Mali est plongé dans une guerre civile qui ne dit pas son nom, les terroristes au nord et au centre, les trafiquants de tout bord dans une partie du nord, à cause de la mal gouvernance, les gouvernés se révoltent contre les gouvernants de l’autre côté. Pour lui cette situation est due au manque de leadership des gouvernants et la mal gouvernance, sans aucun programme efficace pour développer les secteurs qui ont un impact direct sur la réduction de la pauvreté. Les problèmes crées sont sans solution adéquate ou sont traités avec de mauvaises solutions. En somme pour lui, c’est le manque de vision pour le futur du nord du Mali et l’Etat du Mali en général. Le pays, aussi bien que le pouvoir s’est fragilisé. A cause de cela 83% des leaders religieux sont devenus des hommes politiques au service d’un pouvoir pauvre en acte de réarmement moral des populations. A chaque fois que l’Etat s’affaiblit, la religion grignote une partie du pouvoir central. Il conseille au peuple de se réveiller sinon pour lui, le Mali à ce rythme disparaitra bientôt avec comme conséquence, la balkanisation du pays où vont sévir les trafiquants de drogues, des groupes armés islamiques incontrôlés où chacun aura sa zone de domination. Une islamisation qui va enclencher une guerre civile généralisée. C’est en ce moment, que tous les partenaires se retireront sur la pointe des pieds.
Concernant le référendum constitutionnel, dans cette situation, il pense que le Mali n’a pas besoin de changer de constitution. Cette histoire de révision constitutionnelle est un piège tendu à IBK par un pays occidental afin de sauvegarder ses intérêts au nord du Mali. A cet effet, seul le peuple peut sauver le Président IBK mais à condition qu’il comprenne que c’est le peuple qui peut faire face à cette puissance occidentale. La création d’un SENAT dans un pays en crise n’a pas de sens. Elle va affaiblir davantage le Mali sur le plan de l’équilibre budgétaire. Le Mali à l’Etat actuel a d’autres priorités qui n’ont rien à voir avec la création d’un SENAT.
L’armée doit être renforcée par des jeunes qui ont l’amour de ce métier en leur donnant une bonne formation, et en multipliant les camps militaires dans des zones bien définies.
Concernant la gestion des ressources minières devant lancer le Mali sur la rampe du développement social, économique et culturel, elle est établie de façon déséquilibrée. En négociant bien, l’Etat peut voir le niveau de sa part augmenter jusqu’à 48%. L’Etat peut aussi limiter la durée d’exploitation des mines pour pousser les partenaires à accélérer le rythme d’implantation des usines et leur exploitation. Il pense également que notre Président doit avoir des conseillers économiques dotés d’une grande expérience internationale et naviguant avec un tableau de bord, comme un pilote d’avion transatlantique. Selon notre diplomate IBK n’est pas au courant des souffrances de son peuple dont la moitié est pauvre selon le dernier rapport du CREDD.
Pour lui, seul le peuple peut être le propre boulanger de son destin et non, un seul individu fût-il futé ou intelligent. Il conseille au Président IBK d’écouter son peuple, de discuter avec lui. Les montants donnés nuitamment aux organes de presse pour faire l’apologie du texte référendaire, après l’échec de la sortie des députés dans leurs zones respectives ne résolvent pas la question. Au contraire, cela donne l’impression qu’il veut vendre au peuple, une mauvaise marchandise. Peut-être qu’il ignore le niveau de détermination du peuple à faire échec à ce référendum. S’il croit que le peuple civil est seul contre la révision constitutionnelle, il se trompe énormément.Le diplomate affirme aimer le Mali plus que tous les autres pays dans lesquels il a séjourné.
Siramakan KEITA