Les talibés à Bamako : Des marchepieds pour les maîtres coraniques

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Les mendiants dans une rue de Bamako
Les mendiants dans une rue de Bamako

Les anciens expliquent que dans certaines sociétés, l’on poussait les enfants dans  la mendicité pour leur survie. C’était une méthode pédagogique pour apprendre l’enfant le principe de l’humilité, de la complémentarité et la culture de la solidarité. « On a toujours besoin des autres pour vivre », apprend t-on. La méthode était aussi valable pour l’enseignement polythéiste traditionnel que monothéiste importé d’orient.

Selon des sociologues spécialistes de l’éducation traditionnelle, les talibés étaient d’un certain âge auparavant. Ils venaient apprendre et s’imprégner des pratiques et valeurs de la religion. Comme les maîtres coraniques « Karamoko » n’étaient des gens aisés, économiquement stables, les apprenants étaient autorisés à mendier pour pouvoir manger. Comme c’étaient des sociétés agraires en son temps, la société donnait plutôt de la nourriture que de l’argent.

A cet effet, un emploi du temps était établi de façon à permettre aux talibés de bénéficier des enseignements donnés par le « Karamoko » et un temps pour chercher à manger (mendier devant les portes). Les céréales et les plats cuits recueillis permettaient au groupe de manger à leur faim. Mais avec l’évolution, le phénomène s’est transposé dans les centres urbains, résultats du mouvement migratoire des temps modernes. Même là, au début des années 70 et 80, période des grandes migrations au Mali, du fait de la sècheresse, les premiers maîtres coranique étaient attachés à la tradition. Les fonds, cette fois-ci en espèce sonnante et trébuchante et non en nature comme c’était le cas dans le milieu rural, ainsi collectés par les «Garibou » était judicieusement  utilisé. Ils servaient à payer la nourriture pour tout le monde, les ordonnances et autres dépenses en cas de besoins. Dans ce jeu, chacun avait donc son compte, les talibés après des années d’apprentissage, revenaient mûr et  bien instruit dans leur famille respective. Le retour faisait l’objet de fête pour la circonstance dans les villages. Mais, cette façon de faire appartient désormais au souvenir.

A la différence de ce qui se passe aujourd’hui, les enfants sont devenus des marches pieds pour les maîtres coraniques au détriment de leurs parents. De nos jours, les  maîtres sans scrupule qui envoient les enfants mendier toute la journée s’enrichissent de ce fruit sans se soucier de l’avenir de leurs élèves. Les enfants sont comme du bétails de labour pour leur maître et leurs femmes. Le phénomène crève les yeux, mais chaque fois que les autorités tentent d’y remédier, ils se heurtent à un bouclier de force hostile, comme si elles ont intérêts à sa pérennité. Entre temps, nos rues se remplissent de petits délinquants.  Car, sans soutien et sans éducation, la plupart de ces enfants talibés finissent dans les rues. Ainsi, ils érigent leur domicile devant des édifices publics abandonnés ou des lieux de culte (Mosquée et Eglise), les carrefours des feux tricolores, sur les grandes altères et autres. Certains enfants, qui n’ont pas l’âge de se défendre subissent toute sorte de pression de leur maître. Les menaces peuvent être verbales, voire physique. Dans les témoignages accablants que nous vous proposons, certains talibés rencontrés en commune VI rapportent qu’ils sont arrivés avec leurs maîtres depuis 3 ans, « mais nous vous assurons que jusque-là nous, ne faisons rien qui se rapporte aux pratiques de l’enseignement coranique. Et, le hic est que notre Karamoko ne se fait nullement du souci pour notre santé, notre enseignement encore moins les pratiques religieuses. Nous cherchons notre nourriture et de l’argent pour lui. Tous les soirs, il récupère les recettes de la journée. Le lendemain, la quête recommence. Nous espérons qu’un jour, Dieu viendra à notre secours », espèrent-ils.

Ce sont des cris de détresse et de colère adressés à la fois aux parents, qui croyaient trouver une solution en se débarrassant de leur progéniture entre les mains de ces maîtres sans scrupule, et les autorités du pays.

Fily Sissoko.

 

 

 

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1 commentaire

  1. Merci beaucoup Mme Sissoko pour cet article par d’un des serieux problemes de notre societe. Je vous cire et je crois ces phrases sont tres explicatices de la situation des enfants talibes: “A la différence de ce qui se passe aujourd’hui, les enfants sont devenus des marches pieds pour les maîtres coraniques au détriment de leurs parents. De nos jours, les maîtres sans scrupule qui envoient les enfants mendier toute la journée s’enrichissent de ce fruit sans se soucier de l’avenir de leurs élèves. Les enfants sont comme du bétails de labour pour leur maître et leurs femmes. Le phénomène crève les yeux, mais chaque fois que les autorités tentent d’y remédier, ils se heurtent à un bouclier de force hostile, comme si elles ont intérêts à sa pérennité. Entre temps, nos rues se remplissent de petits délinquants. Car, sans soutien et sans éducation, la plupart de ces enfants talibés finissent dans les rues. Ainsi, ils érigent leur domicile devant des édifices publics abandonnés ou des lieux de culte (Mosquée et Eglise), les carrefours des feux tricolores, sur les grandes altères et autres. Certains enfants, qui n’ont pas l’âge de se défendre subissent toute sorte de pression de leur maître. Les menaces peuvent être verbales, voire physique. Dans les témoignages accablants que nous vous proposons, certains talibés rencontrés en commune VI rapportent qu’ils sont arrivés avec leurs maîtres depuis 3 ans, « mais nous vous assurons que jusque-là nous, ne faisons rien qui se rapporte aux pratiques de l’enseignement coranique. Et, le hic est que notre Karamoko ne se fait nullement du souci pour notre santé, notre enseignement encore moins les pratiques religieuses. Nous cherchons notre nourriture et de l’argent pour lui. Tous les soirs, il récupère les recettes de la journée. Le lendemain, la quête recommence. Nous espérons qu’un jour, Dieu viendra à notre secours », espèrent-ils.

    Ce sont des cris de détresse et de colère adressés à la fois aux parents, qui croyaient trouver une solution en se débarrassant de leur progéniture entre les mains de ces maîtres sans scrupule, et les autorités du pays.”.

    Il faudra que les autorites prennent des mesures afin de punir des karamokos usurpateurs et profiteurs, abuseurs de ces jeunes enfants. Le Senegal un pays frere a commencer a encadrer ce systeme d’esclavage avec des peines d’emprisonnement alors pourquoi pas Nous aussi. Ou bien ladji bourama woloni alias IBK a trop de feux derriere lui en plus de la chicane entre lui et ses ex-corrumpus duHCI qui lui rattrapent pour ne pas donner des feux verts aux ministres consernes dans ce dossier et la societe civile aussi qui ont plus leurs gueules dans les affairess de politiques que sociales.
    La majorite de ces karamokos ne sont que des malhonnetes et ils ne veulent pas lever leur C-U-L pour travailler et gagner leurs vies comme tout citoyen mais ils utilisent des enfants innocents et des betes adultes par leurs charlatannisme pour se la couler tout doux sans efforts. Pour les adultes c’est leurs problemes et je m’en balance mais pour les enfants C’EST AUTRE CHOSE.

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