«J’ai plusieurs fois changé d’avis au moment de sortir, juste en sentant l’odeur de l’encens de ma femme»…, «Moi, dès que je sens l’odeur de l’encens à mon retour du marché et le lit bien fait par ma femme, je deviens fou de joie…». Des témoignages très poignants et suggestifs à propos du Wushoulan.
Pour certains, il n’évoque qu’un fumigène parfumé juste bon pour chasser les émanations désagréables. L’encens va au delà de cette conception simpliste puisque possédant des vertus insoupçonnés des non-initiés.
L’encens ou «Wushoulan» est une résine romantique et aromatique dont l’usage remonte très loin dans le temps et l’espace. Il est présent dans toutes les religions monothéistes et surtout dans l’antiquité où son usage était exclusivement réservé aux prêtres et autres ministres de culte.
Aujourd’hui et au Mali en particulier les femmes, et les épouses en l’occurrence, l’utilisent pour embaumer les pièces (chambre, salon, salle de réunion, salle de conférence bureau…), non seulement pour y chasser les mauvaises odeurs, repousser les bestioles, tels les insectes, salamandres et autres, rendre l’environnement plus agréable mais aussi, chasser les mauvais esprits.
Alors, s’il a le pouvoir de chasser le démon, il peut donc avoir celui de maintenir le fougueux époux. Bien entendu, tout dépend de la composition et des ingrédients.
De l’avis de M. Fadjo Fané vendeur d‘encens au Grand Marché de Bamako, que nous avions rencontré, il existe différentes qualités du produits aux noms très évocateurs, du moins, pour les «bambaraphones» mais quasiment impossibles à traduire: «koulounogo», «gueni fima», «gueni blénma», «fleurni», «souraka tanè», «mangnon kissèni», «Djekalani»…
Pour ce fin connaisseur, l’encens est partie intégrante de la cosmétique féminine, un attribut de galanterie, de savoir-vivre et de savoir-être. Le parfum de l’encens, à ses dires, peut être conservé plusieurs jours et il crée la différence.
Dans le domaine mystique, rapporte M. Fadjo Fané, l’encens attire le bonheur dans une famille et y éloigne le mal. Il est censé rapproché le fidèle de son Dieu. Pas seulement le fidèle, aussi le mari de sa femme.
Ici, c’est un encens particulier qui est d’usage. C’est le «GONGONDILI MOUGOU». Il a deux fonctions essentielles. Il neutralise d’abord les mauvaises émanations chez la femme et aussi, captive, voire enscorcelle l’époux. Là réside le véritable sécret de la chose. Des mixtures dont les recettes restent jalousement gardées par leurs fabriquants permettraient d’amadouer et d’envouter le plus coriace des époux. Il suffirait juste d’exhaler l’arome.
Et selon toute évidence, ca marche, du moins, à en croire M. Bény commerçant au Marché-Rose: «J’ai plusieurs fois changé d’avis au moment de sortir, juste en sentant l’odeur de l’encens de ma femme. Je décide de ne plus sortir et de rester à la maison dans la bonne humeur et l’ambiance conjugale».
Il en est presque de même pour M. Sow, vendeur de bijoux : «Dès que je sens l’odeur de l’encens à mon retour du marché et le lit bien fait par ma femme, je deviens fou de joie. Franchement, je préfère l’encens aux parfums et désodorisants modernes. Le Wushoulan, c’est toute autre chose, il est naturel et suscite la bonne humeur».
Qu’importe qu’il ait le pouvoir d’envouter le mari, chasser le démon et les bestioles, l’encens, reste un produit local dont la consommation a grande échelle est susceptible de booster l’économie nationale, avec, à la clef, de la valeur ajoutée.
Bibata Couloubaly (stagiaire)