Les africains, et maliens en particulier, le savaient depuis des lustres. Des scientifiques hexagonaux viennent de le découvrir : « manger en famille renforce les liens entre les membres de la famille et permet aussi de réduire le risque d’obésité chez les enfants».
Dans la tradition malienne, manger seul est un acte quelque peu déplacé et de nature à révéler la voracité du mangeur. En famille, entendez, en groupe, autour d’un plat commun, par contre, permet de resserrer davantage les liens entre les convives. Il s’agit d’un trait de l’éducation. Et c’est justement à propos que l’adage précise «qu’au contraire du ventre, c’est plutôt l’esprit qui se rassasie» comme pour dire que la question ne porte ni sur la quantité encore moins sur la qualité du repas.
Par ailleurs, afin de signifier la profondeur des liens avec une tierce personne même en dehors du cercle familial, l’on évoque très souvent cette expression imagée : «nous avions mangé [ou nous mangeons encore] dans le même plat ». En somme, le plat est sacré à condition d’être partagé ensemble et au même moment.
Il ne s’agit guère d’une révélation pour tout africain pétri de la tradition. Mais pour américains et occidentaux, il s’agit d’une grande nouvelle au regard de la découverte faite par des chercheurs de l’Université de l’Illinois. Voilà le scoop :
« Manger en famille resserre les liens. Des chercheurs de l’Université de l’Illinois ont aussi trouvé un autre avantage à prendre ses repas en famille. Selon eux, les enfants qui mangent avec leurs parents risquent moins d’être obèses que les autres… Selon les données avancées par les chercheurs, trois repas en famille par semaine suffisent à diminuer le risque d’obésité de 12% chez l’enfant, et diminue aussi de 20% sa consommation de junk food…, [nourriture malsaine, malbouffe].
Environ un enfant sur sept est obèse. L’excès de poids provoque un manque de confiance en soi et des problèmes physiques qu’un enfant ne devrait pas rencontrer. Selon les chercheurs, il est plus facile qu’on le pense pour les parents d’éviter l’obésité chez leurs enfants. La règle est simple: manger en famille, c’est en général manger plus sain que manger tout seul.» (Source : mlb – belga – 25/05/11).
Et les scientifiques d’inviter les parents à convaincre leurs enfants à manger en famille. La leçon ne souffre d’aucune ambigüité : manger seul fait désormais partie intégrante du régime malbouffe.
En Afrique et plus particulièrement au Mali, le complexe aidant, de nombreux foyers ont perdu l’habitude des repas communs. Certains jettent leur dévolu sur les restaurants censés chics et de bon goût. Et les prétextes tout trouvés sont les contraintes de temps.
Les chercheurs prouvent cependant que «trois repas en famille par semaine suffisent à diminuer le risque d’obésité de 12% chez l’enfant».
Trois repas par semaine ! Autrement dit, 3 repas sur 21 ! Ce n’est pas trop demandé aux parents !
Faut-il rappeler que l’obésité constitue désormais un problème de santé publique dans de nombreux pays à travers le monde ? Et avec un coût très élevés (risques d’infarctus et autres défaillances cardiovasculaires très importants, handicap physique…). L’Afrique n’y échappera pas au regard de l’évolution, voire de la révolution alimentaire et surtout des habitudes.
Alors, responsables de familles, vous aviez deux bonnes raisons scientifiques pour renouer avec la tradition : vos enfants seront encore plus unis et ils ont de fortes chances d’échapper à l’obésité avec ses corollaires.
B.S. Diarra