A leur interlocuteur, les revendeurs ont expliqué le calvaire qu’ils vivent dans l’exercice de leur métier et égrené un chapelet de griefs à l’encontre du service commercial et, même, de la direction. Les parties se trouvent d’ailleurs devant les tribunaux. Imperturbable, le Pdg a promis d’examiner leurs doléances au cas par cas, de revoir leurs conditions de travail, de les remettre dans leurs droits. En retour, Arouna Touré leur demande de sauver et préserver les rapports sociaux au sein de leur entreprise commune, en commençant par retirer leur plainte contre la société. C’est dans une atmosphère détendue que les deux parties se quittèrent.
Nommé en février dernier, Arouna Modibo Touré semble avoir été appelé par les plus hautes autorités en pompier et en redresseur, tant la tension sociale couve au Pmu Mali, une société de surcroît mise en lambeau financier par ses cadres. Entre procès, grogne des parieurs, gouffre financier, tension interne et risque d’explosion, la société du Pari mutuel urbain nage dans des problèmes, qui semblent insolubles. Mais, le nouveau Pdg a sa double arme secrète : aplanir les problèmes sociaux par le dialogue et redresser la situation financière par la rigueur dans la gestion administrative.
C’est justement dans ce cadre qu’Arouna Touré a rencontré, le 20 mars dernier, les revendeurs du Pmu Mali. Ces acteurs incontournables de la société souffrent le martyr, brimés par la direction (surtout sous l’ancien Pdg Idrissa Haïdara) et piétinés par le service commercial. S’ils ne sont pas suspendus ou enfermés en prison, ils sont purement et simplement radiés, pour des problèmes d’écarts, très souvent non justifiés. Ces écarts sont remboursés, mais, pour la plupart des cas, ils ne sont reversés dans les caisses. Ils tombent dans les poches des cadres et agents commerciaux. Pire, il arrive que des revendeurs soient accusés d’écarts (et suspendus) et qu’on s’aperçoive, lors du contrôle à postériori, qu’ils ont même versé plus que le montant réquis. Une grosse injustice.
A cela s’ajoutent les cas de pertes des états de paiement où les revendeurs sont contraints de payer deux fois. Une autre injustice.
En ce qui concerne la direction générale, il ressort qu’elle n’a aucune considération pour les revendeurs qu’elle qualifie de « simples prestataires de service ». Or, la règle universelle est que : « Sans revendeurs (ou caissiers), point de courses de chevaux ». Dans le cas particulier du Mali, ce sont ces revendeurs qui font des entrées de plus de 360 millions de FCFA en une seule course (pas plus tard qu’à l’arrivée du nouveau Pdg). Il se trouve que ces acteurs, qui sont à la fois au four et au moulin, ne bénéficient d’aucun avantage dans l’exercice de leur métier, alors que des agents véreux (anciens revendeurs de surcroît) se fendent de titres pompeux de personnel commercial pour traire la vache laitière. C’est une troisième injustice de rang.
C’est toute cette série d’injustices qui a été portée à la connaissance du nouveau Pdg par le secrétaire général du syndicat des revendeurs du Mali, Isaac Dramé et ses camarades.
Dans ses réponses, Arouna Touré dit avoir pris bonne note de tous les problèmes soulevés par ces hommes et ces femmes qui fondent la raison d’être même du Pmu-Mali. Et, il leur a dit : « Je vais vous remettre dans vos droits, tous vos droits, Inchallah ! ». Mais, le Pdg les conseille en ces termes : « Respectez votre hiérarchie ! Evitez les écarts de langage ! ». Mieux, Arouna invite ses interlocuteurs à baisser la tension avec le service commercial : « Les agents commerciaux ne doivent pas être considérés comme vos ennemis. Vous travaillez en complémentarité ».
Enfin, le Pdg demande aux revendeurs de retirer leurs plaintes en justice, pour un règlement à l’amiable de tous les conflits. Car, « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès », dit un adage de justice. Le PmuB (Burkina) a réussi à gérer ses conflits internes, pourquoi pas le Pmu Mali ? s’interroge le patron du Pmu Mali, qui a pris congé des revendeurs dans une atmosphère très joviale.
Sékou Tamboura