Les responsables du comité national pour le salut du peuple (CNSP) étaient face à la presse, le mercredi 16 septembre 2020 à Kati, dans leur quartier général. L’objectif de cette conférence de presse était de partager avec les hommes de média le compte rendu du sommet de la CEDEAO tenu le mardi dernier dans la capitale ghanéenne consacré à la situation dans notre pays.
Pour le colonel -major Ismaël WAGUE, porte-parole du CNSP, ils sont partis à Accra avec deux objectifs : Partager avec la CEDEAO les conclusions des concertations nationales qui ont eu lieu à Bamako du 10 au 12 septembre 2020 et solliciter la levée des sanctions contre le Mali. Il relève que la CEDEAO conditionne la levée des sanctions à la désignation d’un Président et d’un Premier ministre civils chargés de diriger la transition au Mali. Mais, le CNSP semble avoir une position. «Nous ne sommes pas allés à Accra pour prendre une décision…Notre position, c’est de se mettre en accord avec la majorité de la population qui a demandé une transition militaire », a souligné le colonel- major Ismaël WAGUE.
Selon lui, la CEDEAO est certes d’accord avec la durée de la transition fixée à 18 mois et éventuellement un militaire à la tête du conseil de la transition (organe législatif), mais exige un Président et un Premier ministre civils chargés de diriger la transition au Mali. Aux dires du conférencier, c’est la condition sine qua non pour la CEDEAO de lever les sanctions contre le Mali. Ayant pris note des exigences de la CEDEAO, le CNSP indique qu’il n’est pas « allé à Accra pour prendre une décision ». Le conférencier indique que le CNSP a une semaine pour donner une réponse à la CEDEAO. Le Mali s’expose à un “embargo total” de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) si les militaires désormais au pouvoir ne nomment pas rapidement un Président et un Premier ministre de transition civils, a-t-il déclaré.
A ses dires, il n’y a pas eu d’accord avec la CEDEAO sur la transition mais la mission n’a pas été un échec. Et de poursuivre, le sommet a permis au CNSP d’évoquer la situation du Mali. « Nous avons un objectif clair, il y a beaucoup de personnes qui pensent qu’on a pris trop de retard, mais je pense qu’on est à un mois de notre mise en place. Il y a beaucoup de choses qui ont été faites en tenant compte des concertations, de la prise en compte d’une grande partie de la population malienne pour les associer au devenir de leur pays. Pour nous, c’est extrêmement important. Ça va donner une forme de légitimité à tout ce qu’on va poser comme action parce que c’est le peuple qui a dit. Ces phases étant terminées, maintenant, il est temps d’avancer rapidement. Voilà pourquoi, dès aujourd’hui, on a commencé à constituer le collège qui va mettre en place rapidement les organes de la transition. Il n’y a pas eu de temps perdu. C’était une nécessité de passer par ces étapes. Maintenant que ces étapes sont en train d’être passées, on va continuer la suite, installer les organes de transition et commencer à travailler normalement », a déclaré WAGUE. Selon lui, la continuité de l’Etat est en train d’être assurée par les différents secrétaires généraux des départements ministériels. A l’en croire, l’Etat fonctionne, l’armée aussi car, les opérations militaires continuent. « En ce qui concerne les sanctions, on verra ce qui sera pris comme décision pour le maintien ou pas d’un Président civil ou militaire. Toutes les options sont sur la table. La gestion de l’Etat n’est pas facile, il y a des compromis à faire. Aujourd’hui, c’est l’existence même du Mali en tant qu’Etat qui est en jeu. Le Mali est un Etat en guerre. Le Mali est dans une crise profonde. Nous sommes là avec un objectif clair, c’est de trouver des solutions viables et à long termes pour sortir de tout ça. Tout ce qu’il faut comme compromis pour le bénéfice du Mali et pour le bénéfice du peuple, on va le faire », a indiqué le porte-parole du CNSP. Répondant aux questions des journalistes, le colonel major Ismaël WAGUE donne la position du CNSP par rapport à la transition au Mali. « Dans les concertations, il y a une grande majorité qui a parlé d’une transition militaire pourtant. Il y a une minorité qui a demandé une transition civile et il y a aussi la communauté internationale qui est plutôt favorable à une transition civile et voilà pourquoi, nous avons mis dans la charte, un Président militaire ou civil sachant que nous, notre position, c’est de se mettre en accord avec la majorité de la population qui a demandé une transition militaire. Ça c’est très clair, mais nous avons dit que la gestion de l’Etat n’est pas simple, il y a beaucoup d’aspects qu’il faut intégrer. Donc quelque soit ce qu’une majorité veut, la réalité pourra être autre. Notre position est très claire. Le collège qui va être mis en place va intégrer les résultats des concertations et la position inflexible de la CEDEAO pour prendre ses décisions », a-t-il dit. A ses dires, une décision réfléchie sera prise et sera assumée. « Notre intention avouée, c’est vraiment d’être au côté de la majorité des Maliens qui a demandé une transition militaire », a-t-il dit.
Les responsables de la junte n’ont pas obtenu mardi la levée ou l’allègement de ces mesures. Enfin, il dira que le but de l’acte fondamental qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est de rendre légal le CNSP.
Moussa SISSOKO