Les protestataires contre les accaparements des terres élisent domicile à la Bourse du travail : Pour eux, “pas question de retourner à la maison les mains vides”

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            Ils s’étaient donnés rendez-vous hier lundi 31 mars à la Bourse du Travail pour ensuite organiser une marche sur la Cité Administrative où ils promettaient d’installer “un village des sans terres”, jusquà la satisfaction de leurs doléances. Ils, ce sont les militants des différentes organisations qui composent la Convergence Malienne contre les Accaparements des Terres (Cmat).

Hier effectivement, ces protestataires  contre les accaparements des terres se sont retrouvés à la Bourse du Travail, mais ils n’ont plus organisé la marche. Par contre, ils ont décidé d’élire domicile dans la cour de la Bourse du Travail, en attendant la satisfaction des différentes doléances qu’ils ont formulées. Ils promettent que si rien n’est fait dans les jours à venir, en terme de satisfaction de leurs doléances, ils vont organiser la marche promise. Car pour eux, “pas question de retourner à la maison les mains vides”.

Les organisations membres de la Cmat ressassent de nombreux griefs contre les autorités politiques et administratives du pays, notamment:

– que depuis le 17 décembre 2013 le rapport final de la commission ad-hoc est bloqué au niveau de la primature, alors que les autorités continuent d’opérer sur tous les terrains litigieux ;

– que leurs membres sont victimes d’harcèlements, d’intimidations et d’arrestations arbitraires systématiques ;

– que la situation foncière au Mali se dégrade sans cesse, que le nombre des déguerpis s’accroît toujours ;

– que les champs des paysans sont accaparés et intoxiqués avec des produits phytosanitaires utilisés abusivement ;

– que la loi Hamidou Diabaté menace 80% des Maliens détenteurs de droits coutumiers ;

– qu’il y a un manque de volonté politique chez les autorités à résoudre les problèmes posés ;

– qu’une politique et une loi foncière en cours d’élaboration trainent et ne sont pas partagées avec tous les acteurs à la base ;

– que l’État devrait mettre en route la procédure de reconnaissance des droits coutumiers en particulier sur les terres collectives des terroirs et villages;

– que l’État devrait assurer le fonctionnement des commissions foncières inscrites dans la loi d’orientation agricole ;

– que la superficie des champs par actif à l’Office du Niger est insuffisante.

Ces différents griefs, les protestataires les avaient portés sur des banderoles que l’on pouvait lire, hier lundi, devant la Bourse du Travail : “des années sans maison, sans terre, ça suffit !”, “urbains, péri-urbains, ruraux, tous ensemble contre l’injustice foncière”, “abrogation de la loi Hamidou Diabaté, application des droits coutumiers”, “démolir un logement, c’est détruire le bonheur des hommes”, “l’avenir du Mali repose sur la sécurité foncière. Sans terre pas de vie”, “ne touche pas à nos terres, nos maisons”, “nos militants et militantes disent non aux accaparements des terres et oui à une gouvernance foncière inclusive”.

Interrogés par nos soins, certains manifestants nous ont confié: “Au Mali, rarement les autorités autorisent des marches. Le plus important est de les informer à temps, pour qu’elles envoient les forces de l’ordre pour sécuriser. Nous sommes conscients de la situation actuelle du pays. Mais, tout simplement nous défendons nos droits, rien que nos droits”…. “On avait décidé de marcher de la Bourse du Travail à la Cité Administrative. Mais, finalement nous avons décidé de nous regrouper au sein de la Bourse du Travail pour quelques jours pour mieux voir les choses avant d’entreprendre quoi que ce soit. Si, nos préoccupations ne sont pas prise en compte, c’est en moment que nous allons nous diriger vers la cité administrative, devant laquelle “un village des sans terres” sera installé jusqu’à l’obtention d’une réponse claire et nette aux différentes doléances. Nous sommes sous pression, car on nous appelle un peu de partout. Mais, nous sommes plus que jamais décidés à nous battre jusqu’à satisfaction totale de nos doléances”….

L’un des organisateurs du rassemblement des militants du Cmat, M. Massa Koné, secrétaire général adjoint de l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunies (Uacdddd), a été brièvement interpellé hier par la police du 1er arrondissement.

La Convergence malienne contre les Accaparements des Terres est un regroupement de mouvements sociaux qui entend lutter contre toute forme d’accaparement des terres, y compris les ressources naturelles. Elle se veut être une force de propositions pour la sécurisation des terres et la gouvernance foncière en général. Elle est composée de : l’Aopp, Cad-Mali, Cnop-Mali, Ljdh, l’Uacdddd et No vox.

La Cmat soutient que les populations maliennes, qu’elles soient en zone urbaine, péri-urbaine, rurale, ou dans la zone Office du Niger, ont été dépossédées de leur terre, au profit de certains nantis. une dépossession qui se ferait au mépris des lois, des droits coutumiers et humains.

Tougouna A. TRAORÉ

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