Les premières mosquées de Bamako capitale malienne

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Mali: discussion à Bamako entre cadres du nord du pays
Une vue de Bamako, capitale du Mali.
DR

Bamako, centre du gouvernement du Soudan à partir de 1908 et capitale du Mali indépendant depuis 1960, n’était à l’arrivée des Français en 1883 qu’un petit village bambara, que rien ne distinguait de ses voisins. La chefferie était, depuis la fondation du village au milieu du XVIIIe siècle, aux mains de la famille Niaré, métisse de Sarakolé et de Bambara. Le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir l’islamisation du site, remonte aux années qui suivirent la construction du Tata (enceinte de protection du village en terre) de Bamako par Diamoussa Dian Niaré aux alentours de 1750. C’est en effet vers la moitié du XVIIIe siècle qu’arriva à Bamako un grand marabout nommé Sidi Mohamed Touré, qui était marchand de sel. Il avait quelques années auparavant quitté sa région natale du Tawat (actuel désert algérien) pour descendre plus au sud. Au cours de son voyage, un marabout lui aurait prédit qu’il devait aller et s’installer là où il trouverait un chef qui domine largement ses sujets par sa haute taille. En arrivant à Bamako, Sidi Mohamed reconnut en Diamoussa Dian (“dian” signifiant en bambara grand de taille) l’homme de la prédiction et décida de s’installer dans cette plaine marécageuse. Soucieux de voir prospérer son village, Diamoussa Niaré vit d’un bon œil l’installation de ce «saint homme» et lui donna une de ses filles en mariage. Le marabout enterra alors des versets du Coran aux quatre points cardinaux, garantissant ainsi au chef Niaré la protection et la prospérité de son petit village.

La mosquée dite du «Dabanani» ou de Tali Mahamane : XVIIIe siècle

Sidi Mohamed (plus tard surnommé «Tali Mahamane Touré») construisit alors la première mosquée de Bamako et à proximité sa propre habitation. Il en devint le premier imam et y fut inhumé après son décès, survenu vers la fin du XVIIIe siècle ou au tout début du XIXe. L’imamat se transmit ensuite parmi les descendants de son fils Samou, jusqu’à l’arrivée des Français en 1883. Les Touré installèrent alors Massiré Koromagan dans la mosquée de leur ancêtre. Le nouvel imam, originaire de Sansanding (région de Ségou), était arrivé à Bamako aux alentours de 1865.

La mosquée de Tali Mahamane

Elle est encore appelée mosquée du «Dabanani», du nom du quartier «des quatre grandes portes», en bambara, où elle se situe, conserva pendant près de deux cent cinquante ans son état d’origine, au fil des réparations successives de l’édifice original en terre. C’est cette mosquée qui figure sur la carte postale éditée par Albert Bergeret (AB et Cie) de 1903-1905, intitulée “Mosquée de Bamako”, et sur celle de Roland Guébhard (1910-1913) “L’ancienne Mosquée”. Devenu trop petit, l’édifice en terre fut démoli et reconstruit en ciment vers 1998.

La mosquée de Bozola ou «ancienne mosquée du vendredi» : 1909

En 1908, fut décidée la construction d’une nouvelle mosquée à l’est du marché de Bamako. Les ouvriers ouolofs firent établir le plan d’un édifice en briques de terre crue de vingt mètres de long, dix de large et quatre de haut à l’intérieur. L’avant-corps fut encadré par deux tours couvertes, de formes carrées. Cette mosquée, terminée en 1909, prit alors le nom de «grande mosquée» ou «nouvelle mosquée» et celle de Tali Mahamane fut qualifiée d’ «ancienne mosquée». Au décès de Massiré Koromagan en 1912, son successeur désigné fut Bakari Kallé. C’est cette mosquée qui figure sur la carte postale de Guébhard légendée “La nouvelle Mosquée”. Cette mosquée dite de Bozola (ancien quartier des Bozos où elle se situe) a été démolie en 2004 et reconstruite en ciment. Les travaux ont duré deux ans. La grande mosquée de Bamako est un sanctuaire islamique de la ville de Bamako, capitale de la République du Mali. Construite à l’emplacement d’une ancienne mosquée en terre crue datant de la période pré-coloniale, elle a été bâtie dans le courant des années 1970 grâce à des fonds provenant du gouvernement saoudien. L’édifice actuel est l’un des plus importants de la capitale malienne. Située à proximité du grand-marché et de la cathédrale, au nord du fleuve Niger, ses deux minarets de béton s’apparentent plus à l’architecture de la péninsule arabique qu’à celle de l’Afrique de l’Ouest. La mosquée est ouverte, à certaines occasions, aux non-musulmans qui peuvent ainsi découvrir son architecture particulière

La mosquée de Dravéla : 1915

Courant 1914, le commandant du cercle de Bamako entreprit le déplacement du village «indigène». La raison officielle est alors «l’amélioration de la situation sanitaire de la ville». La famille fondatrice Dravé fut déplacée en 1915 à l’ouest, et fonda un quartier qui prit son nom : «Dravéla». Une nouvelle mosquée y fut construite, par le premier chef du quartier, Baladji Dian Dravé, et le premier imam désigné fut Dia Mama Traoré. La doyenne du clan Dravé, que j’eus l’honneur de rencontrer quelques semaines avant son décès en février 2008, se rappelait avoir contribué à la construction de cette mosquée en amenant sur sa tête des seaux d’eau pour mouiller la terre crue (ou « banco ») ; elle était âgée d’environ sept ans… Cette mosquée figure sur la carte postale éditée par Maurel et Prom intitulée “La Mosquée de Dravéla” et sur celle de Selecta nommée “La Mosquée”. Le lieu de culte, comme les deux précédents, fut démoli et reconstruit en ciment. Ses imams sont de nos jours choisis dans la famille Haïdara.

La grande mosquée de Bamako : 1951 et 1976

Dès 1935, la communauté musulmane de Bamako toujours grandissante nécessita la construction d’une plus grande mosquée. Ce n’est pourtant qu’en 1946, lors de l’arrivée à Bamako du gouverneur-bâtisseur Edmond Louveau que fut relancé ce projet de nouvelle mosquée. Il concéda gratuitement au nouveau «Comité pour la construction de la mosquée» un grand terrain au cœur de la ville. La première pierre fut posée le 12 novembre 1948. Après la construction, cette nouvelle «grande mosquée» fut confiée en 1951 à El Hadj Oumar Kallé, qui était imam de Bamako depuis 1928. Par la suite, l’imamat de la grande mosquée resta au sein de la famille Kallé et celui de l’ancienne mosquée du vendredi à Bozola revint aux fils de Massiré Koromagan. C’est toujours le cas de nos jours. L’actuelle grande mosquée de Bamako, place de la République, fut construite sur l’emplacement de l’édifice de 1951. Elle fut inaugurée le 30 juillet 1976 après deux années de travaux.

Sources Orales

Al Moustapha dit Sapha Koromagan, Imam de la mosquée de Bozola ; Koké Kallé, Imam de la grande mosquée ; Moussa Haïdara, Imam de la mosquée de Dravéla.

Ecrites : Archives nationales du Mali et archives privées des familles fondatrices de Bamako.

 

*Sébastien PHILIPPE est architecte DPLG agréé. Directeur général d’EDIFICARE, Agence d’Architecture, il est aussi Délégué général du Souvenir Français au Mali.

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6 COMMENTAIRES

  1. C’est ça, continuez à abetir le vrai peuple en essayant de lui raconter des fables historico-religieux.Notre pays a besoin d’une éducation pour tous ces fils,d’une politique de santé accessible pour tous et des nouveaux gouvernants honnêtes et patriotes à l’instar de Paul Kagame du Rwanda pour faire développer le Mali.Il est temps de se débarrasser de la mentalité féodale qui caractérise jusqu’à présent le malien.A bon entendeur salut

    • Merci mon frère. Et notre journaliste pense qu’il mérite le diplome Honorifique pour cette publication. Partons à l’essentiel au lieu de nous mettre dans la logique du djihadisme et des conneries.
      VIVE LA REPUBLIQUE

  2. les soi-disant “aristocraties lignagères” cherchent à se positionner dans le cercle du pouvoir. Les ennemis éternels du peuple et dociles collabos du colon…….la majorité du peuple, les “sans dents” j’allais dire les sans voix, préparez vous à une nouvelle galère puisque une nouvelle façon de légitimation de l’injustice sociale est en marche. Je vous accompagne aveec mes bénédictions puisque vous ne pouvez rien contre eux, une autre tentative serait suicidaire. N’oubliez pas, leur force ce sont leurs alliés que vous appelez “yamakala”. Ils partagent le pouvoir ensemble. ça toujours été comme ça et il faut pas changé l’équipe qui gagne.

  3. Quand Allah alias Satan veut maudire un peuple et le plonger dans tous les malheurs il l’islamise

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