Pendant les vacances, les élèves et étudiants, généralement issus des couches défavorisées, s’adonnent à de petites activités dans le but de subvenir non seulement à leurs besoins quotidiens et ceux des parents, mais aussi de préparer la rentée scolaire et ou universitaire à venir. Si certains font ces activités par plaisir, d’autres au contraire se voient contraints par leurs familles respectives à cause du manque de moyens.
Aissata Coulibaly, une élève de la 8ème année fondamentale, issue d’une famille pauvre, affirme qu’elle travaille pour aider sa famille. «Je travaille, car ma famille manque de moyens. Ma mère galère tous les jours pour nous nourrir, mes frère et moi, et en plus mon père est malade. Donc je peine à voir ma mère se farcir tous ces travaux pour nous. Alors avec mes frères, nous faisons du mieux que nous pouvons pendant les temps libres pour l’aider. C’est notre mère et qu’est-ce qu’on ne fait pas pour sa mère et pour la voir heureuse et en paix ? », a-t-elle dit.
Cependant, le manque de moyens n’est pas la seule cause qui pousse les étudiants à entreprendre ces petites activités. Certains en nourrissent une passion. C’est le cas par exemple de Aminata Koné, une étudiante qui ambitionne de faire le commerce. « Le commerce est une ambition pour moi. Depuis toute petite, je voulais devenir une grande commerçante. Ce n’est pas par manque de moyens. Mes parents se débrouillent bien. Je vends depuis l’âge de 12ans. J’amenais des foulards de la boutique de ma mère pour les vendre à l’école. J’ai toujours voulu le faire. Donc pendant mes temps libres, je partais vendre. Ma mère était contre, mais maintenant, elle me soutient. Elle part faire ces voyages et pendant les week-ends ou les vacances, dès que j’ai du temps libre, je vais à la boutique pour vendre », explique-t-elle.
M’Pali Baradji, étudiant en économie licence1 ajoute : « Je travaille pendant mon temps libre, car j’ai besoin d’argent et c’est mieux que de rester à la maison à ne rien faire, ça m’aide financièrement pour mes petits besoins et me permet d’avoir de l’expérience. Je viens d’une famille soninké, donc on nous apprend depuis tout petit à se débrouiller dans la vie, car chez nous, c’est très rare de pouvoir terminer ses études. Ainsi, nous apprend-on à affronter les difficultés de la vie».
D’après les dires de Ibrahim Keita, âgé de 12ans, l’école n’est faite pour tout le monde. Il a ajouté que personne ne l’oblige à travailler et qu’il préfère apprendre à être mécanicien au lieu de rester à la maison ou au grain sans rien faire. « Je n’ai pas pu avancer à l’école, donc j’ai décidé de faire un travail honnête pour préparer mon avenir », a-t-il conclu.
Au cours de notre enquête dans la ville de Bamako, les élèves et étudiants qui ont accepté de répondre à nos questions précisent que ces petits jobs pendant les vacances leur permettent de préparer la rentée scolaire et ou universitaire à venir.
Les parents d’élèves sont d’avis différents quant à ces activités menées par les élèves et les étudiants pendant les vacances.
Selon les dires de Mme Gadjigo Mariam Kouyaté, femme au foyer et mère de sept (7) enfants, c’est normal, car ça prépare l’enfant à affronter les difficultés de la vie, du moment que ça rentre dans le cadre de l’éducation. « Qu’il ne vole pas et qu’il travaille honnêtement. C’est normal et même bien dans le processus de développement de l’enfant », a-t-elle soutenu. Pour elle, dès qu’un enfant atteint l’âge de 10ans, il doit apprendre à se débrouiller ; c’est bien pour lui et c’est mieux que de rester à la maison à ne rien faire pendant deux mois ou plus.
Par contre, quant à Mme Willson Vanessa, femme intellectuelle et mère de deux (2) enfants, il n’est pas normal que des élèves de la 5ème ,7ème ou encore 9ème année travaillent pendant leurs temps libres. Pour elle, il est inconcevable que des enfants qui n’ont pas atteint la majorité travaillent. Elle a précisé qu’un enfant doit être pris en charge par ses parents avant d’atteindre la majorité. Concernant le cas des étudiants, elle est d’accord avec ce fait, car la plupart des étudiants ont déjà atteint la majorité. « Par conséquent, ils doivent apprendre à se préparer à affronter toute sorte d’éventualité au cours de leur vie », a-t-elle dit. Mme Willson n’approuve pas le travail des enfants de moins de 18ans, mais encourage les étudiants qui ont l’âge d’apprendre à se débrouiller, avec le soutien et l’appui de leurs parents.
Zeinabou Doumbia, Stagiaire