Les parentés à plaisanterie au Mali : Un outil de cohésion sociale

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Dans les relations humaines en Afrique et surtout au Mali, la plaisanterie occupe une place importante voire capitale. Elle est une pratique sociale typiquement ouest-africaine qui établit une relation entre deux personnes dans laquelle l’une est autorisée par la coutume, et dans certains cas, obligée, de taquiner l’autre ou de s’en moquer et l’autre, de son côté, ne doit pas en prendre ombrage.

 

 

En effet, ces affrontements verbaux sont en réalité des moyens de décrispation sociale et de gestion pacifique des conflits. La parenté à plaisanterie ne connait pas de limite dans sa pratique car elle fait partie intégrante de nos coutumes. Elle permet de dire ce que l’on ressent intérieurement sans offenser l’autre.

 

 

Au Mali,  ces relations à plaisanteries sont  constituées de trois grands ensembles : un premier ensemble est l’alliance cathartique qui est introduite par un pacte de sang entre les personnes ou les clans. Un deuxième ensemble est la parenté à plaisanterie que l’on constate chez des parents (entre cousins croisés, entre grands-parents et petits-enfants) et chez des parents par alliance (entre beaux-frères et  belles-sœurs). Un dernier ensemble est constitué de tout ce qui n’est ni parenté, ni pacte, comme l’appartenance à la même classe d’âge qui implique des plaisanteries souvent très osées, mais aussi un devoir de solidarité en individus de la même classe d’âge.

 

 

Bien plus qu’un simple jeu, ces relations sont sans doute un moyen de désamorcer les tensions entre ethnies voisines ou entre clans familiaux. Au Mali, les exemples les plus célèbres de parenté à plaisanterie sont ceux  qui lient les Dogons et les Bozos et  les familles Diarra et Traoré. Ces dialogues moqueurs qui découlent de ces relations entre les individus et les groupes, font appel à des caractères spécifiques de ces ethnies,  elles sont souvent liés aux habitudes alimentaires ou à leur mode de vie. Aussi, grâce à cette pratique qui date de plusieurs siècles, des communautés se disent la vérité sans s’irriter.

 

 

Les parentés à plaisanteries sont un credo nécessaire au maintien et à l’amélioration de bonnes relations entre différents groupes, elles sont aujourd’hui à la base de la résolution de plusieurs conflits ethniques au Mali et sources de cohésions entre les populations. Bref, elles peuvent  se définir comme la gestion sociale des conflits  par le rire.

 

 

Par ailleurs, de façon générale, les alliances à plaisanteries sont des choses sérieuses, car, dans l’esprit des protagonistes, une sanction « divine » ou « surnaturelle » attend quiconque contredit les règles.

 

 

De nos jours, la parenté à plaisanterie constitue toujours un important ciment social, un ciment qu’il faudra renforcer et préserver pour qu’elle puissent s’allier à la modernité.

 

 

 

Rokya Berthé

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1 commentaire

  1. seulement Rokia chez les senoufos on invite pas son ami d une autre ethnie a la maison 😆

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