Les oubliées du 8 mars : Où en sommes-nous avec les droits ?

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Elles sont celles qui font tourner beaucoup de foyers. Pourtant, elles sont oubliées et leurs droits bafoués. Pas un seul mot sur les conditions de ces femmes aux multiples bras.

 Comme chaque année un thème est choisi pour célébrer les droits des femmes. Et la plupart des thèmes prônent l’autonomisation de la femme et des jeunes. Le thème national du 8 mars 2025   est “Accélérer le rythme de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles, gage d’un développement humain durable”.

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes.  Chaque année à la même date pour commémorer le 8 mars des festivités, des conférences débat sont organisées par les associations féminines. Mais, au Mali, le 8 mars n’est qu’une simple célébration. Malgré les combats, les conditions des filles travailleuses domestiques reste un mirage. Il en a fallu du temps pour revoir l’appellation qui leur était attribuée.

Elles sont les premières à se lever et les dernière à se coucher. A longueur de journée, elles sont au four et au moulin. Soit en train de balayer la cour, soit à faire le ménage, soit la lessive ou aidant à la cuisine ou garder les enfants de la patronne. Toujours occupées, aucun répit pour ces filles appelées “Bonnes ou 52” avec leur révolte la dernière appellation a changé. Malheureusement, rien n’a changé aux conditions dans lesquelles elles travaillent.

Obligées parfois de se contenter des restes de nourriture alors qu’elles sont la main qui concocte  ce repas. Mal chaussées, des talons crevassés des habits usés en un mot leur condition hygiénique reste à désirer (pas de pommade, ni brosse à dents et des chaussures qui sans l’application du cordonnier est bonne à la poubelle). Elles manquent la plupart du temps de serviettes hygiénique pendant leurs menstrues. La plupart utilisent jusqu’à présent les morceaux de tissus en lieu et place.

Lors de la célébration de cette journée des droits des femmes, les aides ménagères aussi appelées travailleuses domestiques ne célèbrent pas. Au moment où les patronnes quittent la maison pour se rendre aux festivités du 8 mars, elles confient des travaux à ces femmes, jeunes filles aux multiples bras pour les tenir occupées. Et ces dernières ne voient que folklore qui entoure cette fête. Pourtant elles sont des femmes et ont des droits comme leurs patronnes. Même si les militantes des droits des femmes affirment qu’elles luttent pour toutes femmes, la réalité est tout autre, aucun mot n’est prononcé sur la condition des aides ménagères, des femmes rurales qui parcourent des kilomètres pour donner vie pendant les festivités, ou même le repos de ce jour. Hélas ! Rares sont celles qui ont même reçu un pagne du 8 mars ou un remerciement.

Les femmes des campagnes, les femmes rurales ont aussi des droits mais cela n’est pas pris en compte lors de la prise des décisions. Elles sont oubliées dans cette lutte des droits des femmes. Au moment où les patronnes se prélassent ou assistent à des cérémonies de commémoration du 8 mars, les aides ménagères s’affairent dans les travaux ménagers, ce qui leur fait dire que le 8 mars s’arrête à ce que les hommes prennent la relève ce jour.

Les aides ménagères n’ont pratiquement aucune idée du 8 mars et ignorent qu’elles sont aussi concernées. Avec un salaire misérable, aucun droit au repos même en cas de maladie, elles ne peuvent en aucun cas garder le lit trop longtemps au risque de se faire traiter de paresseuses.

En ce jour du 8 mars, Assy est partie au marché Banankabougou avec sa patronne tôt le matin bien qu’elle a passé la journée du vendredi à faire la lessive. Le lendemain fatiguée des travaux de la veille, elle a pris le chemin du marché afin d’aider sa patronne à écouler ses marchandises. J’ai partagé le linge sale en deux, j’ai lavé une partie et le dimanche je dois encore faire la lessive. Pendant la période Sounkalo Makônô j’ai vu pire. Elle me réveillait à 5 h et je devais être prête avec ma fille de 7 mois avant qu’elle et sa fille ne finissent de se préparer. Je n’ai même pas le droit de dire que je suis fatiguée ou que j’ai faim. Ma patronne retorquera que je ne sais que manger,  c’est normal que je mange, j’allaite. Et quand je décide de faire téter ma fille, elle le voit comme un prétexte pour m’asseoir. Si j’avais le choix j’allais retourner auprès des miens mais hélas. Eux ils m’ont chassée quand j’ai contacté une grossesse, s’est-elle confiée au bord des larmes. Assy ne revient parfois qu’aux alentours de 19 h fatiguée et affamée. Ayant parcouru à pied la distance du marché de Banankabougou au domicile de sa patronne à Yirimadio.

Venir dans la ville des trois caïmans n’est pas un choix pour ces jeunes filles mais un devoir pour aider les parents et collectionner leur trousseau de mariage. Elles troquent leur tranquillité, contre leur salaire. Seul l’exode leur impose cette vie d’enfer à Bamako à vivre sous les coups, injures, et accusations de certaines patronnes ; faire face aux caprices des enfants et se protéger contre les harcèlements des patrons. Elles ont aussi des droits, et méritent respect et considération.

A quand la prise en compte des droits de ces femmes aux multiples bras ?

Oumou Fofana

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