Actuellement l’or brille dans notre pays. D’où sa place de 3éme pays producteur d’or en Afrique. Mais ce succès continental n’occulte point les conséquences néfastes de prolifération des sites miniers dans notre pays. Qui font l’objet d’une ruée indescriptible des femmes et hommes mariés. Un coup fatal à la vitalité de nombreux foyers.
Comme un coup de pied dans la fourmilière, ces dernières années, la découverte de nouveaux sites d’orpaillage a donné l’occasion à beaucoup de personnes de se ruer vers ces régions aurifères. Si autrefois cette quête aveugle de la précieuse matière était l’apanage des seuls hommes, de nos jours, la gente féminine est devenue actrices de premier plan sur les différents sites prisés. Si elles n’étaient que personnels ressources (restauratrices, porteuses d’eau, vendeuses d’articles divers) aujourd’hui elles ont intégré la chaine de production d’or. Se faisant, nombreuses d’entre elles ont abandonné leurs foyers conjugaux au profit de ces sites d’orpaillage. Dans cette nouvelle aventure, ces femmes mariées n’ont fait qu’emboiter le pas à des chefs de famille, qui ne se sont pas fait prier pour jeter derrière eux femmes et enfants.
Surtout que dans ces zones, tout était permis. Des couples se formaient sans aucun lien de mariage. Des belles chairs étaient acquises par contrat avant d’être cédées à des collègues avec la valeur ajoutée.
D’ailleurs, la considération la plus répandue est que dans les zones minières la morale ne rime jamais avec la volonté de faire vite profit. C’est pourquoi là bas les situations de débauche sont monnaie courante. Et les filles de joie y tirent bien leur compte. C’est ainsi qu’au fil du temps des réseaux bien huilés de livraison de femmes ont été multipliés au profit de ces zones minières.
Au-delà, elles sont nombreuses de nos jours, ces femmes, bien mariées à s’aventurer, s’installer et contracter un second mariage sur ces sites.
« J’ai été avec ma femme à Diassala une mine d’or dans la région de Sikasso. On a beaucoup travaillé ensemble et on s’en sortait pas mal jusqu’au jour où elle a décidé de me larguer pour un autre qui en ce moment avait eu beaucoup d’or. Sans même se divorcer avec moi, elle déménagea chez lui. J’ai tout fait pour qu’elle revienne mais malgré mes efforts elle a décidé de rester là-bas. Je me suis occupé des enfants durant un bon moment et après je les ai envoyés au village », témoigne Amadou Berthé, le cœur serré. Pour lui le mariage n’a aucun sens dans ces zones.
Une expérience identique, vécue par A. Traoré, un déclarant en transit à Bamako. « Lors d’une de mes missions à Sadiola, j’ai fait plaisir à ma femme en l’amenant avec moi. Quelques mois après, en tant que commerçante, elle a eu des commandes de bazins cousus avec des employés de cette mine d’or. Je l’ai laissé seule livrée ces commandes. Depuis lors elle s’est habituée à y faire des tours et cela m’a coûté cher », affirme-t-il. Avant de poursuivre que mine de rien, son épouse s’est métamorphosée en opératrice minière, pour abandonner son foyer et contracter un concubinage informel avec un autre minier de la zone.
En effet les mines d’or ont été et restent un grand atout économique pour le Mali. Mais, par la force des choses, le goût effréné d’acquérir l’or et l’argent de l’or, elles ont été un facteur destructeur de nombreux couples et foyers .
Aoua Traoré