Les kawri en route pour le pèlerinage 2012

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«Squelette d’un animal». Tel est la définition, au sens propre, du mot carcasse, selon le dictionnaire «Le Petit Larousse». Que peut-on faire  avec une carcasse de mouton congelée pendant huit mois ? La question trouble les vertueux agents de santé -épris d’éthique en matière d’hyène alimentaire- depuis l’arrivée, la semaine dernière, à quatre mois de la grande boucherie, de 5 000 carapaces de moutons immolés lors du pèlerinage 2011. Tous les Maliens attendent leur part de cette manne, cette pourriture annuelle, en provenance de l’Arabie Saoudite.
Lors de la grande boucherie en vue, des millions de moutons seront abattus suivant les critères édictés par le 5e pilier de l’Islam pour nourrir des indigents, des Saoudiens, depuis le sacrifice d’Abraham.
D’un pèlerinage à un autre, le nombre de montons abattus monte en flèche.
Avant que le pétrole ne coule à flots en Arabie Saoudite, la viande en question ne tombait jamais dans le ventre des charognards.  Aujourd’hui, le pétrole inverse la tendance. Il n’est plus question de laisser pourrir les carcasses dans un pays dépourvu de pauvres grâce à l’or noir.
Maintenant, dès la fin de la plus grande boucherie mondiale, les Saoudiens ramassent, dépècent et congèlent tout. A quel fin ? Pour se la couler douce loin des pauvres d’Afrique !
Quoi qu’il en soit, les soi-disant gardiens des Lieux saints de l’Islam ne peuvent pas, à eux seuls, ingurgiter, en un an, cette aumône venue des quatre points cardinaux. Mais, pour faire bonne figure, à la veille du pèlerinage, ils distribuent les restes en voie de décomposition aux pauvres, notamment aux Africains de l’ouest. C’est en fait le moment idéal pour nettoyer leurs entrepôts en vue d’accueillir des millions de squelettes d’animaux.
Cela va sans dire que les Maliens, à l’instar de Kankou Moussa et de ses prédécesseurs au nombre de trois, dit-on, apportent, chaque année, de génération en génération de musulmans, de l’aumône aux Saoudiens.  Fussent-ils devenus richissimes !
En 2011, ils étaient 7000 pèlerins maliens. Certes, ils n’ont pas fait comme Kankou Moussa. Néanmoins, chaque El Hadji malien s’est débrouillé pour rassembler, pour ses voyage et séjour tous frais payés, entre 2 100 000 Fcfa et 2 500 000 Fcfa.
Quant à Kankou Moussa, l’homme qui créa le premier crash boursier historique dès son arrivée à La Mecque, il avait quitté le Mali, en 1324 (724 de l’Hégire), selon les chroniqueurs arabes, avec «12 000 personnes, voire 14 000 esclaves-femmes vêtues de brocart et de soie du Yémen, rien que pour porter ses bagages. On reste perplexe sur les problèmes posés par la traversée du désert d’un tel cortège… Mais surtout, il avait emporté avec lui ce qui faisait la richesse et la renommée de son pays : 100 charges (80 selon une autre source) de poudre d’or, dont chacune pesait trois quintaux». Qui a fait mieux, en ces temps farouches, au pire moment où les Saoudiens vivaient dans l’extrême pauvreté ? Personne n’a rien fait de tel jusqu’à ce jour, en ce XXIè siècle !
Au fil des ans, le lot des pèlerins maliens ne cesse de s’accroître au grand bonheur de l’économie saoudienne. Ils seront plus nombreux cette année encore à accomplir le 5e pilier de l’Islam. Que nom ! Car, ils seront en effet plus nombreux qu’en 2011 à partir à La Mecque en qualité de simple touriste et non en pèlerin. Parce qu’aucun d’eux ne remplit les critères selon les normes du sacrifice d’Abraham.
De fait, il n’y a aucun pèlerin malien qui n’est pas entouré de pauvres. D’indigents si nombreux que leur pactole destiné à leur voyage ne suffit à les nourrir pendant un jour, à plus forte raison durant tout leur séjour aux Lieux saints de la religion de Mouhamed.
Les mécréants disent tout de go que les temps ont changé. Chacun pour soi. Dieu pour tous.
Il se trouve seulement que les critères régissant le 5e pilier de l’Islam restent entiers, resteront entier jusqu’à la fin du monde.
C’est plutôt l’homme qui change les lois de Dieu à volonté, à sa guise en fonction de l’évolution des événements, des crises. A preuve ! Parmi les pèlerins de l’an passé, un bon nombre d’entre eux, de surcroît des dignitaires de la République parmi eux, se rueront sur les squelettes d’animaux 2011 venant de La Mecque pour se curer les dents avec de la charogne à quatre mois du pèlerinage 2012 pour lequel certains retourneront aux Lieux saints de l’Islam.
Les Arabes ne sont pas sérieux tout comme les Maliens. Peut-on les défendre ? Le Prétoire y reviendra !
Face à la pauvreté ambiante sur le territoire d’un pays scindé en deux et l’âpreté de la lutte contre la faim et la malnutrition, aucun Malien ne doit effectuer le Hadj tant que le Mali n’a pas atteint son autosuffisance alimentaire.
Jo SOW

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