Les journalistes à l’école du BNCE Mali : Eclairer l’avenir des enfants en conflit avec la loi

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Le Bureau national catholique de l’enfance du Mali (BNCE Mali) a organisé une session de formation à l’intention d’une dizaine de journalistes de la presse écrite et des radios de Bamako. Objectif: leur permettre de s’approprier son projet relatif aux enfants en conflit avec la loi, pour le faire mieux connaître et éclairer ainsi l’avenir de ces jeunes, qui peuvent et doivent être aidés à se réinsérer pleinement dans la société.
Dans notre pays, comme dans beaucoup d’autres en Afrique, le cadre juridique est souvent inadapté aux mineurs et à leur environnement (extrême pauvreté, abandon scolaire, faiblesses des familles dans l’éducation des enfants, pertes de repères dans la société, etc.), quand ce ne sont pas les textes législatifs et réglementaires qui leur sont favorables qui sont méconnus des acteurs de la justice, à tous les niveaux.
L’enfant en conflit avec la loi ne bénéficie donc pas, ou très rarement, dans les procédures et décisions judiciaires, et ce dès son arrivée au Commissariat de Police ou à la Brigade de Gendarmerie, d’une seconde chance, par l’éducation et la formation, qui sont pourtant bien plus efficaces pour éviter la récidive, comme le prouvent de nombreuses études.
Ainsi, à Bamako, face au manque d’alternatives à l’emprisonnement par la création de structures d’encadrement spécifiques, les enfants prévenus, condamnés ou placés en mesure éducative sont quasiment tous incarcérés au centre de Bollé. Dans les autres régions du Mali, les mineurs en conflit avec la loi se retrouvent aussi au contact de dangereux adultes, n’étant pas séparés d’eux dans les structures pénitentiaires.
Grâce au Bureau international catholique de l’enfance (BICE), le BNCE Mali met en œuvre un projet ambitieux, qui vise trois objectifs principaux: l’accompagnement concret des mineurs en détention, la sensibilisation de la population civile au respect des droits de l’enfant et un travail de plaidoyer auprès des acteurs de la justice juvénile de notre pays pour mieux faire respecter les lois en vigueur. Par ailleurs, l’équipe du BNCE s’attelle aussi à la formation des acteurs étatiques sur la  législation applicable aux enfants, tout comme à celle des hommes et femmes des médias.
Comme le soulignera le Président du Conseil d’Administration du BNCE Mali, Dr Abraham Bengaly, à l’ouverture de l’atelier de formation des journalistes, le BICE intervient au Mali dans les régions de Mopti, de Ségou et de Sikasso et le District de Bamako depuis 1996. Le BNCE, quant à lui, est né officiellement le 4 avril 2012, est se veut être «une organisation de promotion et de protection de la dignité et des droits de l’enfant», qui mène des activités de plaidoyer au niveau politique, de formation et de renforcement des capacités, d’information et de sensibilisation de la société civile et des communautés et prouve son expertise par de nombreuses actions sur le terrain.
Outre un volet Enfant privé de liberté (EPL), le BNCE a ouvert un centre d’accueil et d’hébergement pour des Filles-mères en situation de détresse, qui se voient logées, alimentée, suivies médicalement ainsi que leur nourrisson et formées à différents métiers qui leur permettront ensuite de mener des activités génératrices de revenu. Ces explications seront données à l’assistance par Michel Dembélé, le Coordinateur national du BNCE, assisté des différents chefs d’antennes régionales de Sikasso, Ségou et Mopti et du responsable du volet EPL, Moussa Bagayoko.
Appuyé pour le volet strictement journalistique de notre confrère Alexis Kalambry, membre du CA du BNCE et Directeur de Publication des Echos, M. Bagayoko a présenté les grandes lignes du projet. Celles-ci se résument ainsi: favoriser le placement par les magistrats des mineurs privés de liberté dans les centres de protection de Ségou et Sikasso, à titre d’alternative à l’emprisonnement, pour un accompagnement psychosocial, une formation pré professionnelle et une réinsertion familiale; apporter une assistance juridique et judiciaire aux mineurs arrêtés ou placés en détention; appuyer au quotidien la séparation entre mineurs et adultes en garde à vue dans les commissariats et les brigades de gendarmerie; préparer et faciliter leur réinsertion familiale, mais aussi professionnelle; former les agents de l’état à la justice juvénile restauratrice ; sensibiliser la population avec l’aide de médias partenaires; favoriser l’encadrement et l’adaptation des enfants par leur famille et communauté ; créer et animer des kiosques d’accueil et d’écoute dans les autogares pour faciliter la prise de contact avec les enfants en situation difficile et réhabiliter le quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Sikasso.
Après les débats, une séance de brainstorming collectif a permis de dégager des pistes de pratiques restauratives d’insertion sociale, avant que les journalistes ne se constituent en groupe de réflexion pour l’élaboration d’un plan média d’accompagnement de cette initiative plus que louable du BNCE. Nous y reviendrons
Ramata Diaouré

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