Dans les années 1991-1992, apparut dans certaines agglomérations de l’intérieur un mouvement d’inspiration religieuse, d’inspiration anarchiste et opportuniste qu’on appela les « pied-nus » parce qu’effectivement ses adeptes allaient pieds nus et portant des habits traditionnels, la tête prise dans un turban en cotonnade. Ils disaient tenir en horreur tout ce qui était d’origine occidentale et se proclamaient indigénistes des pieds nus à la tête peut-être savamment rasée.
Ces pied-nus originaires du sud du Bani principalement croyaient sans doute innover en islam et s’attirer les bons offices financiers des puissances pétrolifères du Golfe, comme l’avaient fait avant eux des décennies auparavant des leaders religieux maintenant disparus mais dont les descendants roulent encore sur de l’or arraché au nom de la misère de leur peuple aux princes du désert. Comme quoi religion et affaire ne font pas forcément mauvais ménage mais bien au contraire s’accordent bien souvent sur les biens matériels de ce monde. Tout comme les pied-nus qui battirent un moment les pavés de Bamako mais évitaient soigneusement, en saison sèche, de marcher sur le goudron chaud, chaque année à la veille du nouvel an, des débats fous s’organisent sur les ondes privées autour de l’opportunité pour le croyant musulman de se mêler à ces fêtes prétendument chrétiennes, et donc d’essence païenne.
La plupart des participants à ces débats orientés ignorent que l’islam est d’origine abrahamique tout comme le christianisme et le judaïsme et que ce sont seulement des opinions religieuses apparues à des époques différentes de l’évolution de l’humanité. Mais ce que ne disent pas clairement ces débatteurs d’arrière-garde, c’est la haine qu’ils éprouvent envers l’occident et qu’ils essaient par le biais de la religion de transmettre aux autres croyants musulmans.
Les pied- nus du sud du Bani, qui ne cachaient pas leur aversion envers les chrétiens qu’ils connaissaient mal, ne sont pas loin de certains prédicateurs de la place qui crient haut et fort que tout ce qui vient d’occident est proscrit par l’islam alors que le ridicule ne tuant plus, eux-mêmes roulent en bagnole créée par des chrétiens et utilisent le portable qui n’est pas sorti d’un cerveau musulman. Les Occidentaux sont aussi croyants que les arabes, les Africains et les Asiatiques, mais seulement ceux-ci ont su à temps séparer les choses de dieu de celles des hommes, d’où leur avance sur le monde du monde.
Les Américains, quoi qu’on dise et pense d’eux, sont profondément religieux, peut-être même plus que certains arabes enturbannés et cousus de chapelet. La religion est nécessaire à l’homme comme dirait Blaise Pascal, mais elle ne résout pas les problèmes terrestres qui ne peuvent l’être que par le « Je pense, donc j’existe » de Descartes et le « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » de Lavoisier.
Les 7 cieux et les 7 terres décrits dans le Coran n’ont plus d’explication valable de nos jours, vu le tsunami provoqué par l’occident aux XVIIè et XVIIIé siècles. Et demeure puéril le rejet par fanatisme religieux des choses d’occident quand dans le même temps on en est esclave et qu’il n’y a pas de solution de rechange.
Facoh Donki Diarra,
(écrivain Konibabougou)