La participation des femmes à la formulation, la planification et l’exécution des politiques environnementales continue d’être faible, alors même que la communauté internationale a reconnu qu’il ne peut y avoir de développement durable sans la pleine participation des femmes.
Les femmes ont un rôle important à jouer dans la préservation de l’environnement et des ressources naturelles et dans la promotion du développement durable. Par exemple, la responsabilité principale de subvenir aux besoins du foyer pèse sur les femmes et celles-ci déterminent en grande partie les tendances de consommation. Ainsi les femmes ont un rôle fondamental à jouer dans l’adoption de modes de consommation, de gestion des ressources naturelles et de production durables et écologiquement rationnels.
Parmi les 12 domaines critiques qui demandent des actions des gouvernements, de la communauté internationale et de la société civile, le Programme d’action, adopté par la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s’est tenue à Beijing en 1995, souligne la nécessité de faire participer activement les femmes à tous les niveaux de prise de décisions concernant l’environnement et le développement durable.
La Commission de la condition de la femme des Nations Unies a examiné la question des femmes et de l’environnement au cours de sa quarante et unième session, qui s’est tenue en 1997. La Commission a proposé de renforcer l’action en vue de promouvoir une active participation des femmes à tous les niveaux de la gestion de l’environnement, notamment en inscrivant les programmes et politiques relatifs à l’environnement dans une perspective d’égalité entre les sexes. Dans ses conclusions concertées, la Commission recommande des mesures en vue d’encourager la recherche sur l’impact des polluants et autres substances nocives, y compris leurs conséquences sur la santé reproductive des femmes et des hommes, et de favoriser la participation active des femmes dans l’élaboration et l’application des politiques environnementales visant à promouvoir et à protéger la santé, comme la détermination de critères relatifs à l’eau potable.
De nombreux gouvernements ont pris des mesures pour intégrer une perspective spécifique de la femme ,dans leurs politiques et programmes nationaux de développement durable.
En Colombie, l’organisme national de promotion de la femme, le Directorat pour l’égalité, collabore avec le Ministère de l’environnement afin d’intégrer une perspective spécifique de la femme dans la planification et la mise en œuvre de ses programmes et politiques.
La Côte d’Ivoire a élaboré un programme national d’action sur l’environnement qui prend en compte les questions relatives aux femmes.
Participation des femmes à la prise de décisions dans le domaine du développement durable
L’un des objectifs stratégiques du Programme d’action préconise la participation active des femmes, y compris des femmes autochtones, à la prise de décisions concernant l’environnement, notamment aux niveaux de la gestion, de la conception, de la planification et de l’application des projets.
En Tunisie, les femmes représentent 36 % du personnel du Ministère de l’environnement et du développement régional, et 19 % d’entre elles occupent des postes de direction.
En Jamaïque, les femmes représentent désormais 37 % du personnel technique du Département des forêts. Grâce à une réforme du recrutement, elles constituent à présent 69 % du personnel administratif du secteur de l’environnement.
.Renforcement des capacités des femmes
On observe une reconnaissance croissante de la nécessité de renforcer les capacités des femmes afin de favoriser leur participation à la prise de décisions. Il importe donc de leur permettre d’avoir plus facilement accès à l’information et à l’éducation, notamment dans les domaines des sciences, de la technologie et de l’économie.
La République islamique d’Iran a organisé des ateliers sur la participation des femmes à la défense de l’environnement, le but étant d’accroître la proportion de femmes parmi le personnel s’occupant de la protection des ressources naturelles. Le gouvernement a également créé, au sein du Bureau de la protection de l’environnement, un département spécial chargé de la formation et de la programmation qui s’efforce de promouvoir la contribution des femmes rurales aux activités de défense de l’environnement.
Certains pays, dont le Congo, le Mali et la République de Moldova, ont mis en oeuvre des programmes de formation en vue de sensibiliser les femmes aux problèmes de l’environnement et de les familiariser avec les techniques et méthodes agricoles.
L’Allemagne a lancé un projet intitulé « Les filles pour une Europe écologique », qui encourage et appuie les filles qui souhaitent se consacrer à la protection de l’environnement.
La Jordanie a entrepris de former les femmes des zones rurales à l’utilisation des pesticides et des engrais et aux techniques d’irrigation modernes.
En Chine, dans le cadre de la campagne annuelle intitulée « Travaux verts du 8 mars », 100 millions de femmes participent à des travaux de reboisement, à la création de réserves forestières et à la conservation des sols et des eaux.
La Jamaïque, avec l’appui de l’Agence canadienne de développement international, a lancé un projet sur le thème « des arbres pour demain », qui vise à faire participer les femmes aux programmes de vulgarisation sur les forêts.
En Inde, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) appuie le projet « Assainissement, eau et santé communautaire », qui s’emploie à former des femmes à l’entretien des pompes et des puits. Celles-ci s’occupent de réparer et d’assurer l’entretien des pompes qui garantissent l’approvisionnement en eau tout au long de l’année.
Emancipation économique des femmes
Le lien entre la pauvreté et la détérioration de l’environnement est bien établi, et l’élimination de la pauvreté a été reconnue comme une condition sine qua non du développement durable. L’émancipation des pauvres, dont la majorité sont des femmes, particulièrement des femmes rurales, apparaît donc comme un élément nécessaire de toute stratégie de la préservation de l’environnement. Reconnaissant ce lien crucial, plusieurs Etats Membres ont incorporé des activités économiques exercées par les femmes dans leurs stratégies de préservation de l’environnement.
A travers le soutien qu’il apporte au Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), le Canada a rendu possible la réalisation d’un projet au Mali pour former des femmes et leur fournir l’équipement et le crédit nécessaires afin de créer à Bamako une entreprise d’élimination des déchets qui procure actuellement des services d’enlèvement des ordures à 18 000 résidents.
La Tunisie a lancé un projet pilote de lutte contre la désertification par l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales. Plusieurs pays, dont le Mali et le Swaziland, luttent eux aussi contre la désertification avec la participation active des femmes.
El Salvador procure une assistance technique à la production de 334 000 jeunes arbres dans des pépinières communautaires confiées à des femmes.
Par l’intermédiaire de la Fondation Aga Khan, le Canada a aidé une organisation de femmes en Inde qui a assaini des friches improductives ravagées par la salinisation. Les femmes ont aussi créé leurs propres clubs d’épargne qui procurent de petits prêts à leurs membres et qui assurent le suivi de nouveaux projets d’approvisionnement en eau potable.
La rédaction
Source : Vert Infos