L’Etat malien, le Conseil d’Administration et la Direction générale de l’Aéroport de Bamako-Sénou, en particulier, sont sur le point de céder les aéroports du Mali à un concessionnaire, sans qu’ils ne fassent l’objet d’un déficit d’investissement. Et cela, en l’absence d’une loi de mise en concession votée par l’Assemblée Nationale. Craignant le sort qu’a subit les travailleurs de l’Huicoma et bien d’autres sociétés privatisées, le collectif des femmes des aéroports du Mali tire la sonnette d’alarme et s’engage à se battre contre la privation de leur boîte qui ne dit pas leur nom.
La privatisation des secteurs stratégiques de notre pays continue de faire des victimes. Des milliers de maliens et maliennes sont en chômage, et mènent une vie précaire suite à des privatisations sans études valables. Le cas des travailleurs de l’Huicoma, du Chemin de fer… en est une véritable l’illustration parfaite des conséquences des privatisations au Mali. Comme cela ne suffisait pas, notre Etat entreprend la mise en concession des aéroports du Mali.
Déjà, une société canadienne a été choisie. Pourtant, l’aéroport du Mali est, actuellement, la seule structure stratégique, la vitrine et pratiquement la seule souveraineté qui reste à notre pays. Mieux, l’aéroport est à jour dans le paiement des impôts, de frais pour l’INPS, l’EDM et la SOTELMA. En clair, il n’y a pas de déficit en ce qui concerne la gestion fiscal. En plus, les aéroports du Mali enregistrent de fortes augmentations au niveau des escales. Aussi, l’aéroport du Mali a été rénové à coût de milliards : 7,2 milliards Cfa. Mais Contre toute entente et cherchant à mettre le personnel au chômage et à satisfaire les intérêts égoïstes de quelques particuliers, l’Etat du Mali a opté pour la privatisation de cette souveraineté publique. Et cela dans l’ombre, sans que la loi de concession passe devant les députés.
La révolte du collectif des femmes des aéroports du Mali
Pour contrer le bradage de ce patrimoine national, le collectif des femmes des aéroports du Mali sont décidés à se battre. En cela elles sont soutenues par d’autres couches de la boîte. C’est pour cette raison, qu’elles ont adressé une correspondance à Mme le premier ministre le 18 novembre dernier.
Dans cette correspondance, elles expliquent qu’il n’y a pas une nécessité de liquider les aéroports du Mali. Aussi, le collectif des femmes évoque les conséquences que cette concession produira. Des conséquences en termes de perte d’entrée d’argent à la caisse de l’Etat, s’y ajoute, le chômage et bien d’autres choses plus compliquées. Il faut noter que l’Etat malien cède les aéroports du Mali à cette société canadienne sans paiement d’impôts durant 13 ans. C’est-à-dire, le montant versé par an au trésor public comme impôt par les aéroports du Mali ne sera plus payé par le repreneur durant 13 ans.
Bref, le collectif des femmes des aéroports du Mali fait savoir à Mme le premier ministre, en tant que mère de famille, les conséquences du chômage sur une famille. Et jusque-là, cette correspondance reste sans réponse.
Désespérées, ces bonnes dames se sont rendues à l’Assemblée Nationale du Mali hier mercredi. Une institution capable de s’opposer à cette liquidation des aéroports du Mali. Pour ce faire, le collectif s’est adressé à l’honorable Dr Oumar Mariko. Le député de l’unique parti de l’opposition à l’Assemblée Nationale, à son tour, a convoqué quelques députés membres de la commission des TP de l’hémicycle, dont Lasséni Balla Kéita. Afin de s’imprégner de la situation qui prévaut à l’aéroport.
La privatisation n’a jamais passé à l’Assemblée Nationale
La commission TP (Travaux public) de l’Assemblée Nationale a été surprise d’apprendre que les aéroports du Mali font l’objet d’une concession. Selon les députés de ladite commission, la privatisation des aéroports du Mali n’est pas une bonne affaire. Surtout que cela va coûter très cher à notre pays. « Le projet de loi portant la privatisation de l’aéroport n’a jamais passé devant l’Assemblée Nationale…pis, c’est une mauvaise affaire de le privatiser…même la privatisation de l’assistance coûte déjà excessivement cher au Mali…en plus de cela, si on veut encore privatiser l’aéroport…ce serait encore pire… », s’exprimait ainsi la commission des TP devant le collectif des femmes. Avant de leur donner l’assurance d’éviter le naufrage.
Pour sa part, l’honorable Dr Oumar Mariko a précisé que l’un de ses combats est de lutter contre la privatisation des secteurs stratégiques de notre pays. Autrement dit, le collectif des femmes des aéroports du Mali, dans cette lutte, aura son soutien.
Néanmoins, le collectif des femmes envisage déjà des marches populaires, et surtout le sit-in devant la primature dans un bref.
A suivre…
Oumar Diakité