Pour cette autre livraison du «Débat de dimanche» sur la chaîne de télévision «Africable», le rendez-vous d’Alger a dominé les débats. Et pour l’universitaire, Dr. Etienne Fakaba Sissoko, «les négociateurs maliens sont face à leur responsabilité devant l’Histoire». La crise centrafricaine, la guerre entre Israël et Palestine… ont été entre autres thématiques abordées au cours de ce numéro du «Débat de dimanche» de la chaîne panafricaine «Africable». Mais celle qui a le plus dominé les débats, c’est surtout la rencontre du 16 juillet prochain, prévue à Alger, entre Bamako et les groupes armés avec la facilitation algérienne.
Sur le plateau de Débat, les différents panélistes sont catégoriques : le Mali est à un tournant décisif de son histoire. Les négociateurs du Mali se rendent à Alger, certes pour établir, en un premier temps, une feuille de route et un calendrier clairs des négociations, mais tout se jouera jusque dans les détails.
Pour Serge Daniel, journaliste écrivain, le processus de paix qui débutera ainsi comportera trois étapes : l’élaboration de la feuille de route, les négociations proprement dites et la signature d’un accord de paix définitive, prévue à Bamako. Le Mali part-il à ces négociations avec de réelles chances ? Pas si sûr, répond Alexy Kalembry, du quotidien «Les Echos». Mais l’éditorialiste est convaincu qu’on n’ira plus mal à ces négociations que nous ne l’avons été, après les évènements du 21 mai dernier à Kidal. Et M. Kalembry de saluer «le début d’un effort de communication de la part du gouvernement» avec la vulgarisation du document dit des «12 questions et réponses du gouvernement».
«L’Algérie vise son objectif caché, mais c’est au Mali de s’assumer !»
Pour Chahana Tackiou, c’est le rôle de l’Algérie qui est essentiel dans ces négociations. L’éditorialiste de «22 Septembre» fait référence à la situation géographique de l’Algérie par rapport au Mali, mais aussi et surtout à la dépendance économique de Kidal vis-à-vis de ce pays. Abondant dans la même dynamique, Dr. Etienne Fakaba Sissoko, lui, s’interroge sur la franchise de l’Algérie dans la résolution des rébellions au Mali. L’universitaire charge le voisin algérien de transformer le Nord du Mali en déversoir de ses bandits de tous genres pour avoir une relative stabilité. «La question, ce n’est pas le rôle jugé essentiel de l’Algérie, mais c’est la sincérité de l’Algérie dans la crise malienne», analyse Dr. Etienne Fakaba, citant les précédents accords sous l’égide de l’Algérie, mais n’ayant pas permis de résoudre durablement la crise des rébellions maliennes. Pour le chargé de cours à l’Université de Bamako, il faut donc comprendre le volontarisme de ce pays à s’impliquer fortement dans la recherche de solutions à la présente crise malienne. «L’Algérie craint qu’on ne signe pas un accord en son absence et qui va déplacer le problème pour la rattraper après», assène-t-il. Avant de renchérir que, de toutes façons, c’est au Mali de s’affirmer dans ces négociations.
Bref, pour lui, les négociateurs maliens ont une responsabilité à jouer devant le peuple malien. «Nous sommes à un moment où les bandits armés montent les enchères. C’est aux représentants maliens d’avoir le cran, l’intelligence et le tact de faire échec aux projets indépendantistes des groupes armés et de démontrer leur peu de crédibilité aux yeux du monde à travers leur connexion avec les groupes terroristes», a martelé Dr. Etienne Fakaba. Qui regrette que le Mali aille à Alger sans une large concertation de l’ensemble de la classe politique et des acteurs de la société civile pour prendre en compte les propositions de l’ensemble des couches de la société malienne.
Ibrahim NASSER