Les coups de la vie : Le voisin qui ne saluait jamais

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L’école instruit certes, mais il ya certaines valeurs humaines que la vie elle-même nous enseigne. Je suis un homme très renfermé. Ceux qui ne me connaissent pas disent que je suis plutôt gonflé. C’est peut-être vrai. A dire vrai, je ne me suis jamais vraiment préoccupé de ce que les gens pouvaient penser de moi. Par principe, je ne me fais pas d’amis sur mon lieu d’habitation. Je me suis toujours dit que cela me permettrait d’éviter les problemes.Je ne disais donc jamais bonjour à mes voisins. Comme ça, personne ne saurait rien de moi et vice-versa. Mais cela a failli me couter cher.

Il ya six mois, j’ai du emménager dans un quartier de koumassi. Le propriétaire de l’appartement ou je vivais à Angré voulait récupérer sa maison. Auparavant, j’avais lutté pour avoir un autre appartement dans le même quartier, mais je n’ai pas eu de chance. C’est ainsi qu’un ami m’a retrouve un studio à koumassi. Le temps que je trouve mieux. Je n’avais vraiment pas le choix ! Le propriétaire de mon appartement me mettait la pression. Je suis donc allé à koumassi. Un quartier que n’aimais pas vraiment. Le studio dans lequel j’étais installé était situé dans une grande cour ou il y’avait une dizaine de maisons. Je n’aimais pas ce genre d’habitation. Je me disais intérieurement que plus vite je partirais de ce quartier, mieux ce serait pour moi.

Le jour de mon déménagement, tous les yeux des voisins étaient braqués sur moi. Cela m’énervait déjà. Les plus “affaires “venait vers moi en disant “nouveau voisin, bonne arrivée». Je répondais froidement. Mais cela ne les empêchait pas de venir me donner un coup de main. Malgré la présence des agents du service de déménagement. J’avais beau leur expliquer que je n’avais pas besoin d’aide, c’était peine perdue. Franchement, si j’ai horreur d’une chose dans la vie, c’est qu’on s’immisce dans mes affaires. Je sentais donc que je n’allais pas mettre assez de temps dans ce quartier. A peine étais-je installé que deux jeunes ont à ma porte. Lorsque j’ai ouvert, énervé, ils ont dit : “Vieux père, nous on est tes petits du quartiers. Si tu as besoin de quelque chose, n’importe quoi, on est là. On habite à coté là“.J’ai juste répondu : “Merci, je n’ai besoin de rien“.L’un d’eux a osé me demander si je n’avais pas de femme. Là, je n’ai pu me retenir. Je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit de me poser ce genre de questions. Mais ce n’était que le début de mon calvaire. Quelques temps après, une délégation d’au moins dix personnes, toutes plus âgées que moi, est venu me voir. Parmi elles, il y avait trois femmes. Celui qui a pris la parole s’est présenté comme étant chef du quartier. Il m’a dit qu’ils étaient pour me souhaiter la bienvenue. Il a insisté sur le fait qu’ils vivaient tous comme dans une grande famille. Le malheur des uns était le malheur des autres et le bonheur des uns était également celui des autres. Il fallait donc que je rentre dans le moule pour qu’il y ait une bonne harmonie dans le quartier. J’étais très en colère. J’ai fait l’effort de me retenir lorsque j’ai pris la parole. Cependant, je n’ai pas manque de leur dire que j’étais là de façon provisoire car je n’avais vraiment pas le choix. Je tenais donc vraiment à ce qu’on respecte mon choix de ne pas m’intégrer dans la vie de famille qu’ils menaient dans leur quartier. En plus, je souhaitais qu’on respecte mon intimité. La délégation est repartie apparemment très déçus par mes propos. Mais j’étais satisfait car je pensais avoir enfin la paix. C’était mal les connaitre !

Les soirs, lorsque je venais du travail, je ne disais bonsoir à personne. Je rentrais aussitôt chez moi et je ne ressortais que le lendemain. La maison qui était juste à cote de la mienne était celle d’une vielle dame. Quand je partais au travail le matin, elle était toujours assise près  de son fourneau. Le soir aussi, quelle que soit l’heure, je la trouve là. C’est comme si elle n’avait rien d’autre à faire. Elle me saluait toujours en premier : “Bonjour mon fils, Bonsoir mon fils“.J’avoue qu’elle m’énervait. Je répondais pour ne pas être impoli, mais froidement. Malgré mon indifférence, elle me donnait à manger de temps en temps. Lorsque je refusais sa nourriture, elle insistait. Tous les week-ends, elle me donnait de la bouillie de mil. Je ne la buvais jamais, mais elle continuait de m’en donner.

Entre-temps, je cherchais activement un appartement dans un quartier chic. Pour éviter de subir le regard des gens du quartier, je sortais très tôt le matin et je rentrais très tard après avoir diné dans un bon restaurant avec des amies. Les fins de semaine, ma vieille voisine recevait de la visite d’une très belle jeune fille. L’atmosphère du quartier m’énervait tellement que je ne faisais même pas attention à elle. Une fois, je l’ai entendue se plaindre à la vieille. “Mais maman, tu as quoi ? Est-ce que tu es obligée de lui donner ta bouillie ? Il ne la boit jamais mais tu insistes. Il est gonflé. On dirait qu’il est mieux que quelqu’un ici. Y a quoi ?“La vielle dame calmait la jeune fille. C’était comme s’il ne s’agissait pas de moi. Je m’en foutais éperdument.

Un samedi soir, je suis sorti avec des amis d’enfance. Nous sommes allés en boité. Puis vers deux heures du matin, nous avons mangé du placali quelque part à Treichville. Ce jour-là,je suis rentré chez moi vers quatre heures. La vieille était là. Je me disais :“cette vieille sorcière est déjà réveillée». Elle devait être musulmane car elle prenait ses ablutions pour la prière. Je suis rentre chez moi et j’ai refermé la porte à clé pour me reposer. Vers 6 heures, j’ai entendu la vieille taper à la porte :“mon fils, voici ta bouillie». Je ne me suis même pas levé. Quelques temps après, j’ai commencé à ressentir une forte douleur à l’estomac. J’ai pris un comprimé, mais la douleur persistait. Je ne pouvais ni me lever, ni m’asseoir. J’avais des crampes à l’estomac qui m’empêchaient de me lever pour rendre ce que j’avais mangé. Une diarrhée s’est ajoutée à mon malheur. J’ai essayé d’atteindre la porte de la maison afin de demander de l’aide. Je me déplaçais à quatre pattes. Néanmoins, j’ai réussi à atteindre la porte. Mais je ne pouvais pas l’ouvrir. J’ai du me soulager à l’endroit ou je me trouvais. En même temps que je me soulageais, je vomissais. J’essayais d’appeler la vieille dame au secours, mais apparemment, elle ne m’entendait pas. Au bout du compte, je crois que je suis resté là pratiquement deux jours, couché dans mes selles et dans mes vomissures. J’étais complètement déshydraté. Ce n’est que le lundi soir, que je me suis réveillé à l’hospital.Autour de moi, il y’avait un médecin, la vieille dame, sa fille et deux voisins du quartier. Je ne savais pas quoi dire, car je venais de comprendre qu’ils m’avaient sauvé la vie. C’est le médecin qui a pris la parole en disant :“Monsieur Denis, vous savez ou vous êtes ?“.J’ai répondu timidement “Oui docteur». Vous avez eu beaucoup de chance. Heureusement que votre mère était là. A l’avenir, évitez de manger n’importe quoi et n’ importe où. Je suis bien obligé de reconnaitre que les premiers soins de votre mère lorsqu’elle vous a découvert nous ont été très bénéfiques“.J’avais une de ces hontes ! J’avais les yeux baissés. Les voisins ont demandé à partir puisque j’étais maintenant hors de danger. La vieille dame et sa fille sont restées avec moi jusqu’au soir. Lorsque j’ai eu l’autorisation de sortir de l’hôpital le lendemain, elles étaient encore là pour me raccompagner.

A la maison, je me suis rendu compte que tout avait été  nettoyé et les vêtements dans lesquels j’avais vomi et déféqué étaient lavés. Quelle honte ! Jamais je n’avais imaginé que je serai en position de faiblesse face à ces gens-là.J’ai bénéficie d’un repos médical de trois jours. La vieille m’a conseillé de me coucher. A mon réveil, elle était encore là. Elle m’avait fait à manger. De la bouillie. Cette fois, je l’ai bue. C’était  vraiment bon, mais j’avais honte de tout boire puisque cette bouillie-là,je l’avais toujours refusée. La vieille voisine et sa fille étaient vraiment à mes petits soins jusqu’à ce que je sois complètement rétabli.

Quand j’ai repris le travail, j’ai raconté ma mésaventure à mes collègues. Ensemble, nous sommes venus dire merci à mes voisins sur tout à la vieille dame. J’en ai profité pour demander à la vieille comment elle m’avait trouvé. C’est ainsi qu’elle m’a raconté que, ne m’ayant pas vu toute la journée du dimanche et le lundi matin, elle s’est inquiétées et a informé les gens de la cour. Au départ, ils étaient persuadés que j’étais sorti. Mais vu que la vieille dame insistait, ils ont du foncer la porte. J’ai vraiment eu beaucoup de chance que cette vieille se soit rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond. Sinon je crevais tout seul dans mon studio. Après cet incident, j’ai eu un appartement dans mon ancien quartier, mais j’ai refusé d’y aller. Je ne voulais pas quitter ces gens. Grace à eux j’étais encore en vie. D’ailleurs, je suis maintenant très intéressé par les activités du quartier. Aujourd’hui, la vieille dame est plus qu’une mère pour moi. Tous les matins, je bois mon “baka de mil “devant sa maison avant de partir pour le travail.

J’ai tenu à vous raconter mon histoire pour qu’elle vous serve de leçon : “Notre première famille, c’est notre voisinage». Et même si on se suffit, on peut au moins dire bonjour aux autres et échanger quelques civilités avec eux.sait-on jamais.

Pour réagir ou envoyer votre histoire, une seule adresse : journal_leflambeau@yahoo.fr

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5 COMMENTAIRES

  1. Marie-ChristinePosted on 7 novembre 2008 at 11:43Indiana,Avec vous les carets deviennent vivantes, deviennent de ve9ritables interlocutrices.J appre9cie beaucoup votre approche du tarot car elle nous renvoie e0 notre eatre et nous permet de mieux nous connaeetre et de mieux discerner notre route. Nous restons acteur de notre propre vie.Le tarot devient ainsi un outil de de9veloppement personnel. Cela me parle beaucoup.Merci beaucoup !Amitie9sMarie-Christine

  2. L’être humain n’est rien du tout. C’est dans la société qu’on devient une personne si non l’individu n’a aucun sens. Même sans cette expérience en prenant du recul, on comprend parfaitement l’échec de ce caractère ostentatoire et narcissique de cet individu. “Il n’y a pas d’hiérarchie entre les hommes, il n’y a que des différences” Albert Jacquart

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