Les coups de la vie : la méchanceté des hommes…

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Dans la famille, mon frère Jean a été le plus chanceux. Il a connu un parcours scolaire sans faille. Il était tellement brillant que papa a beaucoup investi dans son éducation. Dès qu’il a eu le bac, les parents ont tout fait pour qu’il parte aux Etats-Unis. Notre mère est décédée très tôt. A cette époque, Jean mon frère avait 6 ans et moi j’en avais deux. Avec l’aide de son frère Marc, papa a tout fait pour nous jusqu’à ce que nous soyons des hommes. J’ai toujours eu une très grande passion pour l’art plastique. Papa ne m’a pas vraiment soutenu dans cette optique. Tonton Marc était plus compréhensif. J’adorais dessiner, faire des portraits. Il m’arrivait de faire des sculptures. Le chouchou de papa, c’était Jean.

Il avait de toute évidence une raison de l’aimer. Avec Jean, c’était les bonnes notes, les tableaux d’honneurs et les diplômes. Quant à moi, j’ai carrément arrêté l’école pour me consacrer à mon art. Une année après le départ de jean, papa est décédé d’un cancer. Jean en a beaucoup souffert. Puisqu’il n’avait pu assister aux obsèques de papa, faute de papier. Jean était mon seul frère, pourtant nous n’étions pas les meilleurs amis du monde. Tout comme papa n’appréciait pas mon choix. Pourtant, je l’aimais beaucoup. Le fait que notre père le préférait à moi a beaucoup joué sur notre rapport. Après la mort de papa, il m’appelait régulièrement. Son nouveau papa, c’était tonton Marc. Tonton méritait cette considération. Il avait été aux cotés de papa. Surtout qu’ils travaillaient ensemble. Il nous côtoyait plus que ses enfants. Touts petits, c’est lui qui nous faisait à manger. C’était aussi l’homme de confiance de papa. C’est donc tout naturellement que nous le traitions comme papa. En affaires, tonton est moins agressif. Papa était le pilier de l’entreprise.

Depuis son décès, les choses marchaient au ralenti. Jean lui apportait son aide de temps en temps. Mais tonton vivait au-dessus de ses moyens. C’était compliqué. Devant une belle femme, l’argent n’avait pas une longue vie dans ses mains. En plus de sa femme et de ses cinq enfants, il avait deux maitresses sans oublier ses copines. Du vivant de papa, il reprochait tout le temps son goût trop prononcé pour les femmes. Il lui disait que cela le ruinerait s’il n’y prenait pas garde. Papa n’étant plus, personne n’avait le courage de lui interdire quoique ce soit. C’était donc la belle vie et donc tout l’argent de l’entreprise y passait.

Les employés ne percevaient même plus leur salaire. Un jour, au cours d’une causerie avec tonton, j’ai appris que Jean s’était marié avec une Américaine. Il avait enfin eu ses papiers. J’étais content pour lui, mais un peu frustré qu’il ne m’ait rien dit à moi son unique frère. Je savais que sa situation s’était nettement améliorée et qu’il projetait de construire un immeuble au pays. Mais pourquoi m’a-t-il caché son mariage ? J’avoue que j’étais un peu fâché et il le savait. Je ne l’appelais plus. C’est tonton qui me donnait souvent de ses nouvelles. Je savais qu’il était maintenant plein aux AS. Les travaux pour son immeuble avaient commencé. Tonton était au devant de tout. Cela se sentait. Son train de vie avait considérablement changé. Nouvelle voiture, nouvelle maison. Sa nouvelle maitresse avait une voiture aussi. Je savais que l’argent de Jean à contribuer à tout ça, mais tonton disait que les travaux sur le chantier ont beaucoup avancé.

Un soir, j’ai reçu un coup de fil des Etats-Unis. C’était la femme de Jean. Elle me suppliait de faire la paix avec mon frère. Elle s’appelait Lucie. Elle avait l’air d’être très amoureuse de lui. J’ai accepté car j’avoue que je souffrais moi aussi de cette séparation. Lucie, ma belle-sœur m’appelait régulièrement. Jean aussi. Nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre comme jamais nous l’avions été grâce à cette formidable épouse. Presque tous les soirs, Jean et moi, nous nous parlions. Il me disait que son immeuble était terminé. Je devrais trouver des gens pour louer les maisons de l’immeuble. Il m’en parlait avec enthousiasme. Il avait vu les photos de l’immeuble. Il n’arrêtait pas de dire que tonton avait fait de bons boulots et qu’il lui confierait la construction d’un second immeuble. J’étais content de la nouvelle ambiance qui régnait entre nous.

Mon frère avait confiance en moi au point de me confier la gestion de ses affaires. J’étais très ému. J’ai donc décidé de contacter tonton afin de voir l’immeuble dont Jean parlait tant. J’avais hâte de commencer mon nouveau boulot d’agent immobilier. Et tout ça grâce à Lucie. J‘ai fait part de la nouvelle à tonton. Il a mal réagi. Apparemment, la nouvelle de notre réconciliation ne l’enchantait pas. Plusieurs fois, j’ai voulu voir l’immeuble, mais il a toujours eu un prétexte pour m’éviter. Je me suis donc renseigné auprès des employés qui m’ont dit qu’aucun immeuble n’avait été construit par mon tonton depuis la mort de papa. C’est depuis six ans. J’ai donc compris que tonton avait utilisé l’argent de Jean à des fins personnelles. J’ai raconté à Jean ce que j’avais appris après avoir mené mes investigations.

Très en colère, il a appelé l’oncle et l’a informé de son intention de revenir au pays pour voir son immeuble. Cette nouvelle n’a pas été du goût de tonton. Il ne m’adressait plus la parole. Il ne voulait plus me voir, persuadé que j’avais monté Jean contre lui. Une semaine avant l’arrivée de Jean, tard dans la nuit, j’ai été réveillé par un collègue de travail de jean. Il m’a annoncé que Jean venait de mourir. Froidement assassiné par Lucie, sa femme. Je n’en croyais pas un mot. Comment pouvait-elle assassiner Jean qu’elle a aimé plus que tout ? Le collègue de Jean m’a juste dit que c’était par jalousie. Je me dis qu’elle avait peut être surpris Jean avec une autre femme. Quel gâchis ? J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à seulement une semaine de son arrivée ! Je lui en voulais d’avoir tué mon unique frère. Elle qui s’était montrée si gentille. Le collègue de Jean avait aussi ajouté qu’elle s’était elle-même rendue à la police après son forfait. Le corps de Jean a été transféré par ses amis en Afrique. Jamais, je n’ai été aussi malheureux. Je me suis rendu compte que j’aimais Jean plus que tout. Car même la mort de notre père ne m’avait pas autant affectée. Tonton était au devant de tout.

Jean fut enterré près de la tombe de papa. Désormais, j’étais seul face à mon destin. Papa n’avait vraiment pas tort. Car jusqu’à présent je n’avais pas encore connu de succès dans l’art. Mes tableaux et mes sculptures moisissaient dans un coin de la maison. J’arrivais à peine à me nourrir et à prendre soin de ma famille. L’idée de gérer les biens de mon frère m’avaient donné tellement d’espoir. Hélas… désormais, mes rapports avec tonton étaient très tendus. On ne s’adressait pratiquement plus la parole. Puis un jour, je reçois un coup de fil de Lucie. Elle était sortie de prison. Elle avait fait huit mois. Huit mois seulement pour un meurtre. Elle voulait que je lui pardonne. Elle m’a dit qu’elle aimait encore Jean de toute son âme. Mais que ce dernier à oser la trahir en voulant épouser une autre en Afrique. J’ai été surpris par cette révélation de Lucie. Jean ne m’en avait pas parlé. J’ai donc demandé à Lucie d’où elle tenait cette information.

C’est en ce moment-là qu’elle m’a avoué que c’est tonton qui était sa source. Une semaine avant que Jean ne décide de venir en Afrique, tonton lui a dit qu’il venait se marier avec une fille qu’il entretenait depuis longtemps au pays. Et qu’il fallait qu’elle l’empêche de venir si elle voulait sauver son foyer. La douleur et la rage d’avoir été trahi l’ont donc conduite de tirer une balle dans le tibia pour le convaincre de ne pas voyager. Malheureusement, Jean a cherché à se défendre. Un autre coup de feu est parti cette fois pour l’atteindre à la poitrine. Lucie, en racontant cette histoire, pleurait à chaudes larmes. Son intention n’était pas de tuer son homme. Je comprenais maintenant pourquoi elle avait agi de la sorte. Je savais qu’elle était une femme bien. J’ai informé la famille pour l’Immeuble de Jean et des conditions de sa mort. Tous savaient maintenant que tonton était à la base de la mort de mon frère. Je lui en voulais terriblement. Connaissant mes difficultés, Lucie essayait de me convaincre de venir vivre aux Etats Unis avec ma copine et mon fils. Elle m’aiderait. Elle veut ainsi se faire pardonner. C’est peut-être dur ici, mais je réfléchis encore. Quoi qu’il en soit, c’est elle qui a tiré sur mon unique frère.

 

 

 

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