Les Coups de la vie

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Chaque être vivant, quels que soient son âge, son appartenance ethnique, religieuse, sociale, politique…a, au moins, vécu une histoire qui lui sert de leçon ou de boussole durant toute sa vie. L’objectif de cette rubrique est alors d’inciter tous ceux ou celles qui ont vécu des expériences inoubliables ou subi les coups bas de la vie, à partager leur histoire avec les autres. Chacun de nous porte un secret dont il veut se libérer. Cette nouvelle rubrique vous offre l’opportunité de vous en débarrasser, en tout anonymat, ou le partager avec d’autres personnes. Le principe est très simple. Vous pouvez nous envoyer votre histoire à l’adresse suivante : journal_leflambeau@yahoo.fr ou nous contacter au 66 67 76 18 ou 74 67 67 17.

« L’hospitalité a des conséquences : Mon hôte a violé ma fille» :

Une histoire réelle pleine de leçons.

« Souvent, certaines personnes refusent que des parents leur rendent visite ou qu’ils séjournent chez elles. On les traite de personnes méchantes ou inhospitalières, mais aujourd’hui, je leur donne raison à cause de ce que j’ai vécu personnellement.

Il y a un peu plus d’une quinzaine d’années, j’étais une jeune femme très heureuse qui adorait sa famille. En plus d’être mariée et mère de cinq enfants, j’aimais être à toutes les cérémonies qui rassemblent ma famille. C’est d’ailleurs chez moi qu’avaient lieu toutes les réunions de famille, les mariages, les baptêmes de tous mes parents, qui au lieu d’aller au village souhaitaient faire leurs différentes cérémonies dans la capitale. J’avais un mari très compréhensif et très généreux. Lorsqu’un oncle, une tante ou un cousin décidaient de venir en ville, c’était chez nous qu’ils séjournaient. L’hospitalité était une habitude chez nous. Nos enfants s’y étaient habitués. Ils ne se plaignaient jamais ; au contraire, ils ironisaient en disant que notre maison était un orphelinat et un abri pour les SDF (Sans Domicile Fixe). Il y avait toujours de l’ambiance à la villageoise dans mon foyer. Mon mari et moi étions du même village, donc c’était comme une même famille. La villa dans laquelle nous vivions à l’époque avait trois chambres et le bâtiment annexe comprenait deux dépendances pour nos éventuels étrangers et croyez-moi, elles étaient tout le temps occupées.

Les plus réguliers, c’était mon cousin Kassi et sa petite sœur. C’était aussi mes préférences car eux ne venaient jamais les mains vides. Ils avaient toujours de petits cadeaux pour moi. Nos enfants aussi les aimaient bien. Kassi leur racontait des contes et des légendes du village qu’ils appréciaient. Kassi était planteur de légumes et chaque mois, il venait encaisser son argent auprès de ses clients. Il était très généreux. Lorsqu’il avait de l’argent, tout le monde en profitait. Il faisait des cadeaux aux enfants. Il était tellement régulier qu’on avait l’impression qu’il habitait là avec nous. Kassi et moi étions très complices. Je réglais souvent les problèmes qu’il avait avec sa copine, la mère de ses deux enfants. Mon mari le trouvait intelligent, ce qu’il était effectivement.

A l’occasion de notre quinzième anniversaire de mariage, nous avions organisé une sortie en famille dans un restaurant prisé de la place (mon mari, nos enfants et moi). Le dîner était prévu pour 20 heures. Jusqu’à 20 h 30, je n’étais pas encore prête. Mon mari était furieux. Notre dernière fille qui avait à peine dix ans dormait profondément. Elle avait tellement attendu ce dîner qu’elle s’est endormie toute habillée. Elle portait une belle tenue de sortie. Au moment de nous en aller, j’ai voulu la réveiller, mais son père a demandé qu’on ne la dérange pas. Kassi venait d’arriver du village. Nous lui avons demandé de veiller sur elle le temps qu’on revienne. Il n’y a pas trouvé d’inconvénients. Nous nous sommes rendus au restaurant avec nos autres enfants qui étaient très heureux. Nous avons mangé, bavardé jusqu’à une heure du matin. A un moment donné, je me suis mise à m’inquiéter, je n’étais pas tranquille. J’ai demandé à mon mari que nous rentrions parce que notre fille était seule à la maison. Une fois à la maison, j’ai demandé qu’on fasse moins de bruit pour ne pas réveiller Kassi et notre fille. J’avais le double des clés que j’avais pris pour ne pas déranger Kassi à notre arrivée. Mon premier réflexe en arrivant a été d’aller vers la chambre de ma fille. Vous n’imaginerez jamais le spectacle qui m’y attendait. Mon cousin tout nu était assis à côté de ma petite fille toute en pleurs, sa belle robe déchirée. J’ai compris tout de suite que mon cousin venait d’abuser de sa nièce, ma fille de dix ans. Il y a plus de quinze ans que cette histoire s’est déroulée, mais aujourd’hui encore, ma douleur est très vive. Je regrette ce fameux dîner d’anniversaire qui m’a obligée à laisser ma fille seule avec mon cousin qui l’a violée sans scrupule. Quand j’ai ouvert la porte, il venait de finir son acte ignoble. Ma fille était en larmes, elle se tordait de douleur. Il la menaçait de représailles si jamais elle ne gardait pas le secret. Je me suis jetée sur lui. Je l’ai mordu partout, je lui ai donné des coups de gifles, des coups de pieds sans qu’il ne réagisse. En fait, je ne savais plus ce que je faisais. Kassi avait au moins 36 ans, ma fille à peine dix. Sous nos yeux, elle a perdu connaissance. Pendant que mon mari la conduisait à l’hôpital, j’avais tellement mal que je me suis saisie d’un couteau pour tenter de tuer mon cousin. Je voulais qu’il paie ce qu’il avait fait. Heureusement que les voisins alertés par nos cris sont arrivés aussitôt. Ma voisine m’a arraché le couteau. Kassi, lui, avait la tête baissée. Je me demandais bien ce qui lui était passé par la tête pour l’amener à commettre un crime aussi odieux. J’ai d’abord appelé la police pour qu’elle vienne me débarrasser de cet individu avant qu’un excès de colère ne me fasse commettre un meurtre. Ensuite, je me suis rendue à l’hôpital auprès de ma fille. Le lendemain matin, lorsqu’elle a repris ses esprits, les médecins m’ont signifié que le viol qu’elle venait de subir aura un impact aussi bien physique que moral sur elle. Je n’arrêtais pas de pleurer. Je lui ai demandé pourquoi elle n’avait pas crié. Elle m’a dit que Kassi avait l’habitude de caresser ses parties intimes avec ses doigts. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il aille plus loin. Le choc était tellement fort qu’elle est restée alitée plus d’un mois.

Pendant toute la période où ma fille était à l’hôpital, Kassi était en prison. Je ne me souciais même pas de ce qui pouvait arriver. Je ne voulais plus rien savoir de lui. Sa mère est venue du village avec une délégation pour demander pardon. Je leur ai demandé de repartir au village car je n’avais pas l’intention de pardonner à Kassi. A leur retour au village, une autre délégation est venue nous voir, cette fois-ci avec le père de Kassi, sa femme et le chef du village. Le chef du village était mon grand-père. J’ai donc accepté de les écouter en présence de mon mari. Tous voulaient qu’on pardonne à cause de la famille. J’étais révoltée, rien qu’à entendre le mot « famille ». Est-ce que Kassi avait pensé à la famille avant de violer ma fille qui, après le viol avait commencé à avoir des pertes de sang ? Non ! Je n’étais pas prête ! Contrairement à moi, mon mari était beaucoup plus calme et depuis l’incident, il n’avait pas encore donné sa position sur le sort de Kassi. Je savais que dans son silence, il y avait beaucoup de douleur. Je l’ai même surpris en train de pleurer lorsque notre fille expliquait comment depuis des mois, Kassi lui faisait des attouchements dans notre propre maison. C’était trop difficile de pardonner à Kassi. Mais au nom des liens entre nos deux familles, et le fait que le chef de village lui-même se soit déplacé, il a accepté son pardon provisoire. Rendez-vous a été pris pour aller régler définitivement l’affaire avant que Kassi soit retiré de la justice.

Deux mois après cet incident, il y avait toujours de la tension dans notre maison. Soit avec des parents venus plaider pour Kassi, soit avec mon mari qui trouvait que je n’avais pas suffisamment surveillé notre fille. Ainsi Kassi, avait réussi à nous tromper tous avec ses petits cadeaux. Nous nous sommes rendus au village pour régler cette affaire qui divisait la famille. Certains étaient d’accord avec notre refus de pardonner, d’autres trouvaient que la famille passait avant tout. De discussions en discussions, il a été décidé que même si nous avions mal, Kassi était du même sang que moi et que nous ne pouvions changer cela.

Je me souviens encore de ce que le chef avait dit, comme si c’était hier : « Ma fille, souvent on laisse le sang dans notre ventre et on vomit de l’eau. Le mal est déjà fait. Pardonne à ton cousin ». Nous avons fait libérer Kassi à notre retour du village. Depuis lors, nous avons décidé qu’aucun villageois ne séjournerait plus jamais chez nous car notre hospitalité a détruit la vie de notre fille. Cela fait exactement seize ans que j’ai vécu ce cauchemar. Kassi est décédé l’année dernière. En vérité, je n’ai jamais pu lui pardonner son acte ou même lui adresser la parole. Lorsqu’il était malade, sa femme nous a sollicités pour ses soins. Je lui ai remis de l’argent pour l’aider, mais je ne suis pas allée le voir jusqu’à ce qu’il meurt.

Aujourd’hui, mon enfant a vingt six ans, elle est apparemment normale, mais certaines de ses réactions sont bizarres. Elle s’énerve pour rien, elle insulte pour un rien. Elle mène une vie de débauche. Elle a eu deux enfants de pères inconnus. Je lui ai retiré ses enfants de peur qu’elle ne leur fasse du mal, car ses réactions sont imprévisibles. Voilà donc où ma générosité m’a conduite… »

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