Les commerçants détaillants menacent de mettre le pays sous embargo

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Cheick Oumar Sacko, president du SYNACODEM
Cheick Oumar Sacko, president du SYNACODEM

Rien ne va plus entre le Syndicat national des commerçants détaillants (SYNACODEM) et la Direction générale de la douane. Un bras-de-fer qui persiste depuis quelques jours. Et pour cause, les frais de dédouanement des marchandises ont augmenté. Résultat: plus de 1000 camions bloqués à Kati et l’instauration d’un dialogue de sourd entre les deux parties.     

 

 

Après les 48 heures de grève de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM),  c’est peut être le tour des commerçants détaillants de partir en grève. C’est en tout cas ce qui ressort d’un entretien entre Le Canard Déchainé et des leaders syndicaux des commerçants détaillants. La pomme de la discorde est l’application de nouvelles mesures prises par la douane. Des mesures qui se sont soldées par une augmentation des frais de douane. Une hausse qui n’empêche pas, selon les syndicalistes,  le paiement des pots de vin par les commerçants.

Rappel des faits

Tout a commencé, il y a de cela trois semaines, lorsque la douane a décidé de faire une application stricte des textes en matière de dédouanement. Cela a entrainé une hausse des frais de douane qui est estimée par les syndicalistes à plus de 100% des frais habituels de dédouanement. La déclaration de soutien du ministre de l’Economie et des finances, Mme Boiré Fily Sissoko au Directeur général de la douane a jeté l’huile sur le feu. Selon Cheick Oumar Sacko, président du SYNACODEM, son organisation n’est pas contre l’application des textes, mais une application soudaine, surtout après 25 ans de désuétude aura de lourdes conséquences pour les consommateurs qui font déjà face à plusieurs difficultés. La meilleure manière de procéder, selon les commerçants détaillants, était d’attendre la fin de l’année, c’est-à dire, attendre que les commandes déjà faites entrent et que les commerçants puissent prendre en compte les nouveaux frais de douane désormais en vigueur. « Nous avons demandé une audience au Directeur général de la douane pour lui signifier notre inquiétude et lui faire part de nos recommandations. A notre grande surprise, le Directeur général de la douane a refusé de nous accorder une audience arguant que cette affaire ne concerne en rien les commerçants détaillants », affirme Cheick  Oumar Sacko, président du SYNACODEM. Et d’ajouter : « si nous ne sommes pas écoutés nous n’avons d’autres choix que de faire une grève ».

Vers une grève générale des commerçants

Pour le vice-président des groupements de commerçants détaillants, Ousmane Guitèye, il est clair que les commerçants détaillants ne peuvent pas être exclus de ce débat. Car, selon lui, ils sont concernés directement  et indirectement. Directement parce que tous les produits ne pouvant être importés en gros, faute de pouvoir les écouler rapidement sur le marché, les commerçants détaillants s’associaient pour remplir un conteneur dont les frais de douane étaient payés collectivement. Ces nouvelles mesures interdisent cela. Les commerçants détaillants sont indirectement concernés parce que même si ce sont les grossistes qui payent les frais de douane, il est évident que cela aura une répercussion sur les prix auxquels ces derniers leur céderont la marchandise. Au final, indique M. Guitèye, c’est le consommateur malien qui payera le plus lourd tribut.

Mamadou TOGOLA  

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