Si auparavant les cérémonies de baptême du nouveau né étaient faites dans la simplicité et dans la dignité. Tel n’est plus le cas de nos jours. Car elles sont devenues une affaire, un business pour les femmes. ‘’Je te rembourse ce que tu m’as donné’’. Pour ce faire, une liste de probables donatrices est établie à l’avance, puis cocher selon la nature de la donation reçue. Plutôt du remboursement.
Autrefois, les cérémonies de baptême l’enfant se faisaient tout bonnement et dans la simplicité. Elles donnaient l’occasion, aux amies et aux sœurs de la maman heureuse d’exprimer leur joie par des remises de cadeaux comme du savon, des vêtements, et autres … c’était juste pour faire plaisir et bénir l’arrivée du bébé.
De ce fait, d’autres donnaient de l’argent. Tout cela était considéré comme du sacrifice pour l’enfant. Sans espérer sur une contrepartie ou un remboursement quelconque. Mais de nos jours c’est devenu un vrai pari (tontine) pour les femmes. Maintenant c’est devenu, mettre un bébé au monde pour avoir quelques choses. Et espérer rembourser les mêmes donations quand le tour des autres arrivera. Du coup, certaines femmes ne se soucient de rien maintenant quand elles tombent enceinte. Et se disent « j’ai de la dette envers beaucoup de personnes et elles n’ont pas encore remboursé. Cela sera fait lors du baptême ». Le comble est que d’autres se préparent avant la naissance du bébé et même après l’accouchement pour mettre du temps (souvent un mois ou plus) pour préparer le baptême. D’autres mêmes vont aller prêter de l’argent pour seulement le montrer lors du compte rendu de donations faites au nouveau né. Elles sont prêtent à tout pour arriver à leur fin. Elles donnent pour recevoir. Si jamais la dette n’est pas payée ça devient une mésentente entre elles.
En effet, tout ce que les gens donnent pour le baptême doit être un sacrifice mais c’est tout le contraire dans notre société. Car c’est devenu une obligation de remettre la pareille de ce qu’on t’a donné. C’est pourquoi, en matière de cérémonie de baptême l’établissement de la liste est devenu une étape primordiale. Histoire de faire l’inventaire des donatrices de Wax, de Bazins, de draps, de savons…Un véritable pari sur la tête de l’enfant. Dans lequel, même les griottes tirent leur compte. « Car on doit remettre à la griotte ce que l’autre l’a remis le jour de sa cérémonie de baptême », affirme F.F, une teinturière à Torokorobougou.
Cependant, Dieu seul sait où elles cherchent tout cet argent pour rembourser leurs dettes. Parce que d’autres époux sont contre ce donnant, donnant. Et disent que leur enfant n’est pas une source de tontine.
Selon une vieille, Salimata Sidibé, âgée de 65 ans et mère de 6 enfants : « pour moi ce pari n’est pas bon pour l’enfant même en question. Tout ce qui se donne le jour du baptême est un sacrifice. Une bénédiction pour l’enfant. Je suis contre ce que ces femmes font maintenant. A notre temps ce n’était pas comme ça».
On comprend alors pourquoi les enfants d’aujourd’hui se vantent par la grandeur de leur cérémonie de baptême.
Aoua Traoré