Les barons de la drogue veulent le pouvoir

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Dans un aveu retentissant passé en boucle sur les chaînes de télévision américaine, l’ancien patron de la lutte anti-drogue à la Maison Blanche disait : «Nous avons perdu le combat contre les trafiquants de stupéfiants. Nos prisons sont pleines, nous avons dépensé des milliards de dollars et le nombre de drogués a triplé dans notre pays ». Il posait clairement la question de la légalisation des drogues afin de les contrôler comme les médicaments, de « casser » les prix et les reins des trafiquants, de prélever les impôts et taxes pour financer la sécurité sociale.

 

Selon l’Office des Nations unies contre la drogue, le trafic des différentes substances représente près de 1000 milliards de dollars, plus que le PIB de tout le continent africain. C’est une somme énorme, colossale, une somme qui fait peur. Car, le trafic de drogue, même s’il est extrêmement dangereux, est très rentable. De prime abord, clarifions un fait : les vendeurs et leurs complices ont une espérance de vie inférieure à 45 ans. Près de 75% des individus qui y sont impliqués meurent et très vite sous les balles de rivaux, lors de règlements de comptes internes ou abattus par la police. Avis à ceux qui rêvent de dolce vitae !

Ensuite, s’il est très facile d’accumuler des milliards en vendant cocaïne, héroïne, marijuana, haschich ou drogues de synthèses comme l’ecstasy ou le GHB (appelé aussi drogue du viol puisqu’il fait perdre connaissance et mémoire quand on la glisse dans un verre de boisson), dépenser cet argent est un casse-tête. Les dealers sont obligés de dilapider leur argent en pacotilles et babioles pour adolescents immatures parce que le blanchiment de ces liasses est devenu extrêmement compliqué. Il y a vingt ans, on pouvait débarquer à la banque avec un sac bourré d’argent et le déposer incognito dans son compte. Aujourd’hui, à part certains pays africains reconnus laxistes, la limite admise est de 10 000  dollars par dépôt en liquide. Et des dépôts répétés seront signalés à la police.

 

Face aux verrous mis en place dans le système financier international, les trafiquants de drogue, de l’avis des experts de l’ONU, se sont rabattus sur des pays africains, moins exigeants et notoirement corrompus pour s’insérer dans le système financier et « blanchir » leur magot. Le scénario en ce qui concerne l’Afrique est machiavélique et dangereux pour l’avenir de nos nations. Il se décline ainsi : les narcotrafiquants veulent d’abord prendre attache avec les hommes politiques. A partir de cette amitié, financer les partis légalement constitués sans considération de chances d’accéder au pouvoir. Ensuite, « acheter» les élections à coups de milliards pour ensuite parasiter le pouvoir qui sera issu des urnes truquées.

Ce parasitage concerne le pouvoir exécutif, la police, la gendarmerie, l’armée, le système judiciaire et le monde des télécommunications. Ils arriveront ainsi à caporaliser ces Etats peu viables en les rendant encore plus faibles.

 

Une fois la mainmise sur l’Etat, ses appareils idéologiques et répressifs terminée, il ne reste aux trafiquants qu’une infiltration du système bancaire, économique et financier.

L’économie légitime deviendra ainsi une économie mafieuse, ruinant les fondements structurels de la nation. L’Etat n’aura plus aucun contrôle sur ses revenus et dépenses. Les bases d’une économie saine disparaîtront et fatalement, les pays proies de ces prédateurs sombreront dans la guerre civile. En attendant, les milliards de dollars investis auront déjà été blanchis et planqués dans des paradis fiscaux.

 

On peut voir avec des lunettes roses l’arrivée massive des milliards de la drogue en Afrique et croire qu’une injection de liquidités de cette importance pourrait booster nos économies en lambeaux. Ce serait une grave erreur. Une économie mafieuse se fait toujours aux dépens de la nation et du peuple. Elle ne peut incarner des valeurs sûres et provoque des crises sociales inégalées. La Somalie vit aujourd’hui sous le régime mafieux des seigneurs de guerre. Qui a envie d’en faire sa patrie ?

 

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