Mme Binta Yattassaye, épouse de Soumeylou Boubèye Maïga, a adressé une lettre ouverte au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour attirer “de nouveau son attention sur la situation critique” que vit son mari dont l’état de santé nécessite une évacuation d’urgence. Malgré la confirmation de la nécessité de l’évacuation par le Conseil de santé commis par l’Etat, aucune autorisation n’est produite en ce sens, pendant que l’état de santé de Soumeylou Boubèye Maïga va de Charybde e Scylla.
Sur le procédé, notamment une lettre ouverte, Mme Maïga Binta Yattassaye se veut sans équivoque : “c’est pour que le peuple malien soit pris à témoin” de cette situation qu’elle juge “inhumaine et intenable”, mais à laquelle le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, peut bien remédier : “Vous détenez la solution” écrit Mme Maïga, non sans rappeler que “toutes les lettres que nous avons adressées au ministère de la Santé et de la Santé sont restées lettres mortes”. Ce qui fonde la démarche de Binta Yatassaye, comme elle le rappelle dans sa lettre ouverte, c’est que depuis le placement de Soumeylou Boubèye Maïga en détention préventive le 26 août 20021 à la Maison central d’arrêt de Bamako, “sa santé s’est progressivement détériorée en raison des conditions d’incarcération épouvantables et dégradantes tant sur le plan humain, sanitaire que sécuritaire”. Et Mme Maïga de poursuivre, écrivant noir sur blanc dans la lettre ouverte adressée au président de la Transition : “Dans ces conditions, il a perdu aujourd’hui plus de 23 kg et se trouve dans un état critique pour lequel un collège d’éminents médecins a requis depuis la mi-décembre une évacuation d’urgence”. Binta Yatassaye ne comprend donc pas pourquoi, depuis lors, aucune mesure ne soit prise en ce sens, encore moins le silence du ministère de la Santé et celui de la Justice, alors que, précise-t-elle : “Le Conseil de santé, commis par l’Etat, a confirmé la nécessité de cette évacuation d’urgence” et, ajoute-telle : “Il s’agit pourtant d’une détention préventive qui ne justifie pas une telle inhumanité et qui aurait pu prendre une forme plus humaine, comme le contrôle judiciaire”.
Face à cette situation, Mme Maïga Binta Yatassaye de s’interroger doublement. D’abord : “Les recommandations du collège de médecins et du Conseil national de santé sont également restées lettres mortes. Veut-on la mort par abandon et négligence de Soumeylou Boubèye Maïga ?” Ensuite : “Quelle société serions-nous en train de bâtir en dehors du respect des droits fondamentaux de ses citoyens, en dehors d’une humanité qui est le fondement de toute société aspirant au progrès, en dehors de l’Etat de droit qui est la base d’un Contrat social vertueux entre citoyens et dirigeants ?”.
Cependant, déclare-t-elle s’adressant au colonel Assimi Goïta, président de la Transition, concernant les valeurs qu’elle vient d’énoncer : “Je reste confiante que vous êtes porteur de ces valeurs et que vous prendrez les décisions qui s’imposent pour préserver la vie du citoyen Soumeylou Boubèye Maïga”. Et, ajoute-t-elle : “Je garde foi en votre humanité, votre impartialité et votre capacité à prendre les décisions qui s’imposent dans l’urgence et dans le respect des recommandations des médecins, car Vous êtes le Décideur final”. Mais qu’est-ce qui dit que cette évacuation sanitaire ne serait pas une occasion pour Soumeylou Boubèye Maïga de se soustraire à justice ? Mme Maïga Binta Yatassaye s’engage solennellement, en prenant le Peuple malien à témoin, du retour au Mali de Soumeylou Boubèye Maïga. Ainsi écrit-elle : “Je prends aussi l’engagement devant le Peuple malien, du retour au Mali de Soumeylou Boubèye Maïga, après ses soins effectués. Nous ne saurions manquer à cette parole prise devant notre peuple. Nous vivons dans un monde où une personne digne ne saurait se cache et manquer et manquer à ses obligations et SBM est tenu par un tel engagement…”.
Le pronostic vital de Soumeylou étant engagé, son épouse qu’est Binta Yatassaye demande au président Assimi Goïta, devant le Peuple malien, de permettre à Soumeylou Boubèye Maïga d’aller se soigner et de revenir parmi les siens au Mali dès qu’il sera rétabli. De tout ce qui précède, Mme Maïga Binta Yatassaye interpelle le président de la Transition, non sans mettre une lourde responsabilité sur ses épaules de chef de l’Etat, relativement au sort de son époux : “Tout notre espoir repose sur votre décision, votre humanité, votre respect du droit à la vie, votre sens de l’Etat de droit, votre respect de l’expertise et de la parole des médecins, votre sens du devoir à l’égard de tous les citoyens maliens, sans exclusion”, dit-elle. Mais sera-t-elle entendue ? L’avenir est le meilleur juge.
Aujourd’hui-Mali N°302 du 4 Mars 2022.
El Hadj A.B.HAÏDARA
Problèmes de santé de SBM : La justice se décide enfin !
La Chambre d’instruction de la Cour suprême a accédé à la requête du Collectif des avocats de Soumeylou Boubèye Maïga désormais autorisé à être hospitalisé dans une structure sanitaire appropriée, donc hors du système de santé pénitentiaire, au vu de son état de santé préoccupant. L’essentiel étant que cela ne soit pas hors du Mali.
Tard vaut mieux que jamais !”, dit-on. La justice en a mis un peu de temps pour enfin reconnaître la nécessité d’autoriser le transfert de Someylou Boubèye Maïga dans une structure de santé en mesure de lui prodiguer les soins nécessaires, au vu de son état de santé. S’il est vrai que la justice a son temps, qui lui est propre, l’essentiel est de permettre à Soumeylou Boubèye Maïga de pouvoir se soigner pendant qu’il est encore temps de le faire. Il n’est donc plus besoin d’épiloguer sur ce sujet, en tout cas pour le moment. C’est par Ordonnance du 14 février 2022 que la Chambre d’instruction de la Section judiciaire de la Cour suprême s’est prononcée: “Ordonnons l’hospitalisation de l’inculpé Soumeylou Boubèye Maïga dans un centre médical approprié à l’intérieur du Mali pour y recevoir des soins”. Selon toujours cette ordonnance, même s’il n’est point question de sortir du territoire, Soumeylou Boubèye Maïga est formellement autorisé à être hospitalisé dans une structure médicale “en dehors des structures sanitaires de la Maison d’arrêt de Bamako”. Cette décision de la Chambre d’instruction fait suite à la demande du Collectif des avocats de Soumeylou Boubèye Maïga à laquelle la justice a donné acte, notamment sur la base des pièces versées au dossier et au vu des conclusions du Procureur général de la Cour suprême en date du 11 janvier 2022, faisant ressortir que l’état de santé de Soumeylou Boubèye Maïga nécessite une hospitalisation en dehors des structures pénitentiaires, pour y être suivi par un centre médical approprié. Mais sans pouvoir sortir du territoire national, précise l’Ordonnance.
Rappelons que Soumeylou Boubèye Maïga s’est retrouvé en prison suite à un Mandat de dépôt du 26 août 2021. Il est inculpé de faux en écritures et usage de faux, atteinte aux biens publics, corruption et trafic d’influence, favoritisme.
Pour rappel, il est poursuivi sur la base de rapports du Bureau du vérificateur général et de la Section des comptes de la Cour suprême sur des dossiers relatifs à l’acquisition de l’avion de commandement du président de la République ( du temps de Feu le président IBK) et l’achat de matériels et équipements militaires. Au moment des faits incriminés, il était ministre de la Défense et des anciens combattants. Il a été par la suite Premier ministre. Un statut et un haut rang qui font que, normalement, il devait se défendre des accusations devant la Haute cour de justice qui, malheureusement, n’existe pas actuellement, en cette période d’exception. Raison pour laquelle, un débat passionné a accompagné son embastillement, notamment pour savoir si, en l’absence de la Haute cour de justice, la Cour suprême pouvait légalement se saisir de cette affaire. Mais comme nous le rappelons toujours lorsque nous informons sur cette affaire, laissons ce genre de débats aux juristes et acteurs de la justice, pour nous contenter de relater des faits, rien que des faits, pour rester en phase avec notre métier de journaliste. Aujourd’hui-Mali N°300 du 18 février 2022.
Amadou Bamba NIANG
Incarcération de SBM : Attention aux antécédents médicaux !
Souffrant d’une affection cardiaque ayant fait l’objet d’une intervention pour la pose d’un stent coronaire en 2019, l’ancien-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) voit son état général altéré avec notamment une perte de poids de 9 kg. Constat fait par un médecin spécialiste, lequel avait été d’ailleurs commis pour soigner Soumeylou qui avait contracté une infection des voies respiratoires basses dès les premiers jours de son séjour carcéral, notamment au début du mois de septembre 2021. Le spécialiste tire la sonnette d’alarme sur les conditions carcérales qui pourraient causer un préjudice à l’état de santé de SBM, au vu de son âge et ses antécédents médicaux : affection cardiaque, hypercholestérolémie, Covid-19 et arthrose dorso-lombaire.
Plusieurs voix se lèvent désormais pour se joindre à celle des médecins traitants qui alertent sur les conditions de détention de l’ancien chef du gouvernement, confiné dans une pièce avec 84 codétenus, dans une chaleur extrême, faute d’aération. Ce qui pourrait porter préjudice à son état de santé, si l’on tient compte de son âge et de ses antécédents médicaux. Hypertendu depuis plusieurs années, ce qui lui avait d’ailleurs causé des malaises à Tombouctou lorsqu’il accompagnait le Premier ministre Moussa Mara en déplacement au nord du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga ne soupçonnait pas que derrière ces ennuis de santé se cachaient des problèmes cardiologiques, lesquels seront finalement découverts et traités en France, notamment au célèbre hôpital Val-de-grâce. Suite à une ischémie silencieuse cardiaque associée à une élévation des enzymes cardiaques et à un ECG douteux, une angioplastie coronaire a été réalisée en 2019 avec mise en place d’un stent actif, suivie d’une double anti-agrégation planétaire.
Rares sont donc les Maliens qui savaient que l’ancien Premier ministre, actuellement embastillé à la prison centrale de Bamako, a un cœur qui bat correctement grâce à un petit appareil qui lui a été installé, suite à une intervention subie en France en 2019. Cet appareil, appelé stent coronaire, est un minuscule tube ajouré métallique expansible qui aide à éviter de nouvelles obstructions ou un rétrécissement de l’artère après une angioplastie. Le stent est mis en place à titre permanent.
Depuis lors, dans le cadre du suivi médical, l’ancien Premier ministre est obligé de se rendre régulièrement auprès de son médecin-traitant en France et d’ailleurs, quelques semaines avant son interpellation par la justice malienne suivie de sa mise sous mandat de dépôt, il y est allé, en juillet 2021, pour une réévaluation clinique.
En plus, ses médecins-traitants recommandent que “pour éviter toute évolution pouvant conduire à un pronostic à court et moyen termes défavorable, une surveillance régulière et rapprochée est souhaitable dans un environnement sécurisé”. Par ailleurs, dans les antécédents médicaux de Soumeylou Boubèye Maïga, on retrouve des notions d’hypercholestérolémie, de Covid-19 et d’arthrose dorso-lombaire. Mais comment vivre dans les conditions pénitentiaires si décriées ? Aussi, dans l’univers carcéral de la Prison centrale de Bamakocoura, comment Soumeylou Boubèye Maïga pourrait-il appliquer les recommandations de spécialistes comme celles formulées par le Médecin-colonel Ouologuem Madani, Professeur agrégé en Neurologie de l’hôpital Val-de-Grâce ? Normal donc que les conditions de détention de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, fassent débat. Surtout après le constat d’un médecin spécialiste de l’hôpital “Le Luxembourg” de Bamako qui précise dans une attestation médicale signée le 16 octobre 2021 : “…Monsieur Soumeylou Boubèye Maïga âgé de 67 ans, actuellement en détention dans la prison centrale de Bamako, présente une altération de l’état général (perte de poids de 9 kg), alors qu’il avait contracté une infection des voies respiratoires basses que nous avons dû traiter par antibiothérapie au début de son séjour (début septembre).” Et le médecin d’alerter sur un préjudice éventuel de l’état de santé du prisonnier : “Les conditions actuelles dans lesquelles vit Monsieur Maïga (la chaleur extrême, la non aération de la pièce et le nombre pléthorique de détenus (84) dans la même pièce que lui) pourraient porter préjudice à son état de santé, vu le contexte pandémique Covid-19 et tuberculose, eu égard à son âge et ses antécédents médicaux… “.
Les autorités maliennes, notamment celles judiciaires actuellement avisées, quelle sera alors leur réaction face à un pareil carnet de santé ? Mais une chose est sure : la polémique sur l’état de santé de l’ancien Premier ministre actuellement incarcéré suite à un mandat de dépôt, ne doit pas occulter, de façon générale, la problématique des conditions carcérales des détenus au Mali. Même en privation de liberté, l’Homme ne voit pas ses droits fondamentaux suspendus ou annulés et devra donc bénéficier du minimum requis pour le respect de la personne humaine. Dans tous les cas, espérons que la justice triomphe, sans passion ni parti-pris, mais simplement au nom du droit dont l’application n’écarte pas le bon sens.
Aujourd’hui-Mali N°287 du 29 octobre 2021. La Rédaction
Suite à sa mort en détention préventive :
Des proches de Soumeylou Boubèye Maïga réagissent
Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre du Mali, est décédé le lundi 21 mars 2022 à l’âge de 67 ans dans une clinique de Bamako. Un des principaux acteurs de la scène politique malienne, depuis août 2021 il était en détention préventive à la prison centrale de Bamako, poursuivi dans une affaire de fraude présumée. En Afrique, pour en savoir davantage sur une personne, notamment si elle est bonne ou mauvaise, on demande d’abord à ses proches. Ce que nous avons fait, en recueillant des témoignages empreints de tristesse, mais aussi de regret car cette mort, au vu de ses circonstances, sonne comme une tragédie nationale.
Soumeylou Boubèye Maïga était accusé de “faux, usage de faux et favoritisme” à propos d’une enquête sur l’achat d’équipements militaires et l’acquisition de l’avion de commandement du président de la République en 2014, pendant qu’il était ministre de la Défense. Très malade au cours de sa détention préventive, jusqu’à perdre plus de 20 kg, selon son dossier médical, en décembre 2021 il a été transféré dans une clinique de Bamako où il a rendu l’âme, le lundi 21 mars 2022. “Que Dieu nous protège ! Moi j’ai connu le défunt de 1974 en 1976. On s’était perdu de vue et en 1977, quand on s’est rencontré, il m’a intégré à la Fonction publique. Je n’oublie pas aussi qu’il a acheté les médicaments de mon père malade, le 2 juillet 1998, et le 6 juillet 1998, ce dernier est décédé. A cette même date, il m’a envoyé à la Mecque. Il a intégré 1 131 personnes à la Fonction publique. Un bienfait n’est jamais fortuit et un bon musulman n’a pas peur de la mort. J’appartiens à sa famille aujourd’hui. Je ne suis pas Malien, mais plutôt Soudanais, parce que le Mali n’existait pas encore. Soumeylou réfléchissait avant de parler et c’est Dieu seul qui sait ce qu’il a fait pour ce pays”, relate Gaoussou Traoré, un parent de Soumeylou Boubèye Maïga.
“Tout ce que Dieu fait est bon. Soumeylou était un ami à moi. Il considérait tout le monde de la même manière, qu’on soit musulman ou pas. J’implore le pardon de tout le monde en son nom afin que son âme repose en paix. Je lui ai rendu visite deux fois à l’hôpital où on m’a interdit l’accès à sa salle la première fois et la seconde fois un médecin m’a fait entrer. C’est ce qui a été notre dernière rencontre”, s’alarme Djétènè Chaka Kouyaté, griot du défunt.
«Aujourd’hui est un jour triste pour nous, la démocratie malienne perd un homme de valeur, un homme engagé, disponible et à l’écoute des Maliens. Toute âme goutera à la mort, sinon Soumeylou a décidé de consacrer sa carrière à la politique et j’en fais une appréciation positive. Il a eu un couronnement en occupant des postes de responsabilité avec des impacts et des acquis. Dans toute œuvre humaine, il y a des failles. Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, il a fait de grandes réalisations pour jouer sa partition dans l’édification de la nation», s’attriste Moctar Ousmane Sy, fils de Mme Sy Kadiatou Sow.
“Je suis sous le choc, je n’arrive toujours à réaliser ce qui s’est passé, même si je sais que c’est Dieu qui l’a voulu. Le Président était très bon, il était humble et il a été un frère pour nous. C’est une très grande perte et on aura du mal à nous remettre de sa disparition, mais on tiendra bon pour sa mémoire”, déclare Mme Kane Makoye Sissoko, présidente des femmes de l’Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques (Asma-CFP), le parti de Soumeylou Boubèye Maïga.
“Je retiens beaucoup de choses de Soumeylou Boubeye Maïga. C’était un homme de conviction et je peux dire qu’il est mort à cause de cette conviction politique. Il était un homme de paix, rigoureux, patriote et très sincère. Je regrette beaucoup son décès de cette façon, il ne méritait pas de mourir comme ça. Nous pouvons dire que son décès a été programmé parce que les membres du Parti, ainsi que sa famille, ont eu à démarcher toutes les autorités, qu’elles soient administratives, politiques, religieuses ou coutumières, les ambassades, toutes les personnes que nous connaissons afin qu’il puisse être évacué pour recevoir des soins adéquats, mais tout le monde est resté sourd-muet à notre appel.
Le Mali ne devrait être perdre Soumeylou Boubèye Maïga de cette façon-là. C’est une perte énorme pour le Parti, mais aussi une grande perte nationale car il a tout fait pour ce pays. Le Parti va vivre, parce qu’il a préparé cela en initiant des gens. Nous allons tout mettre en œuvre pour honorer sa mémoire”, rassure Kissima Magané, 6ème vice-président de l’Asma-Cfp et ancien député.
En tout cas, Soumeylou Boubèye Maïga s’en va, de cette façon que tout le monde déplore. Mais il restera dans les mémoires pour avoir été l’un des hommes politiques à avoir marqué la vie publique nationale.
Marie DEMBELE
ℜ𝔄Tℂ0ℒℒ€𝕌ℜ0𝒫É€ℕ?
ℳ0ℒ𝕀€ℜ𝔄Tℂ𝔄𝕀ℒℒ€_0ℂℂ𝕀𝓓€ℕŦ𝔄ℒ€
Comments are closed.