Le ton a été donné par les habitants du quartier Missira, avec les femmes et les enfants, qui ont déversé leurs ordures tout au long de la route qui part de Santoro jusqu’à l’ancien siège de l’US-RDA. Déverser les déchets sur la chaussée pour protester contre le défaut de ramassage des ordures, c’est la raison principale de cette opération. En effet, aux dires des populations de Missira, chaque poubelle leur coûte 2.500 Fcfa par mois. Les différents ménages payent régulièrement cette somme aux GIE d’assainissement ; lesquels ne pointent le nez qu’à la fin du mois, pour venir récupérer leur argent. «Ils viennent uniquement pour prendre de l’argent avec nous, mais ne ramassent les ordures», soutiennent certains habitants de Missira. Par contre, c’est le dépôt d’ordures en face du Stade Modibo Keïta et contigu à l’école du quartier qui cristallise la colère des habitants de Medina Coura. Lesquels avaient déjà déversé des ordures dans la cour de la mairie en août 2013. Visiblement, les autorités locales ne semblent pas avoir tiré des enseignements de cette première action des habitants de la Commune II, qui reviennent donc à la charge.
En fait, cette révolte cache des problèmes bien plus graves qu’un défaut de ramassage des ordures. Car certains chefs de famille et femmes leaders de la commune II sont en fait révoltés contre le régime actuel. «Nos enfants sont en chômage, nos maris n’ont pas un salaire suffisant. En plus, le pouvoir ne veut rien pour assainir notre environnement. Les enfants tombent malades, nous-mêmes, les femmes, nous souffrons. Rien n’a changé ! On ne peut pas en plus de tout cela garder les ordures dans nos familles», déclare Mariam Diarra de la grande famille chrétienne de Missira.«Nous nous sommes trompés de personne. On a refusé de voter pour les autres candidats en choisissant IBK, mais il nous couvre de honte, nous qui avions dit à d’autres de le choisir, qu’il est l’homme de la situation. C’est la honte totale pour nous. IBK n’a même pas commencé de penser à lui-même d’abord à plus forte raison aux Maliens…Il ne sait pas travailler. Je le dis et le répète, IBK ne sait pas gérer une nation. Il nous a déçus et il doit se ressaisir», s’exclame Mamadou Diawara, frigoriste en face du lycée Bouyagui Fadiga à Missira.
En faisant le tour du quartier Missira, qui a donné le ton de cette manifestation spontanée, les femmes et les enfants, qui occupaient les rues, avaient la dent dure contre le régime d’IBK. Après les habitants de Missira, ceux des quartiers populaires comme Niaréla et Quinzambougou sont aussi rentrés dans la danse. Ils vont alors entasser des ordures sur la voie publique, coupant la circulation par endroits. Dans ces deux derniers quartiers, les habitants ont sans doute été encouragés par les résultats probants obtenus par les mécontents de Missira. Comme à Missira, les populations de Médina Coura, Niaréla et Quinzambougou étaient aussi remontées contre le pouvoir actuel qui, selon elles, ne donne aucun espoir. «Même le pouvoir de Dioncounda Traoré vaut mieux que celui d’IBK. Au moins, on ne connaissait pas les augmentations des tarifs d’eau et d’électricité. Tout le monde a vu comment on a fait la fête de ramadan ; la fête de Tabaski arrive, plus la rentrée scolaire. Le président ne fait rien pour les populations, même réduire son train de vie. Nous, aussi, on ne va plus s’asseoir et le laisser faire», affirme Samba Yaffa, un boutiquier à Bagadadji. Même son de cloche chez le président du Réseau des communicateurs traditionnels (Recotrade), Cheick Tidiane Oumar Soumano, qui habite le quartier populaire Médina Coura. Il estime que l’Etat a la responsabilité de veiller à l’assainissement du cadre de vie des populations. «Nous sommes dans un Etat de droit et il faut se dire certaines réalités. Je ne suis contre aucun pouvoir, mais il faut que l’Etat malien assume ses responsabilités», souligne-t-il, en pointant un doigt accusateur vers les maires des différentes communes du district qui, de son point de vue, doivent jouer pleinement leur rôle. Malgré les dispositions prises par la mairie de la Commune II, les populations restent sur le qui-vive, prêtes, assurent-elles, à remettre ça en cas de besoin. Elles ne cachent pas leur ras-le-bol face à la panne du système d’évacuation des ordures.
Les autorités communales
Les autorités municipales se sont précipitées pour trouver une solution à l’accumulation des ordures à Niaréla et Quinzambougou. Elles ont été appuyées par le gouvernorat et certains départements ministériels qui se sont fortement impliqués dans le nettoiement des routes obstruées de Missira. Le 3ème adjoint du maire de la Commune II, chargé de l’assainissement, Abdoulaye Bassolé, tente de donner une explication au débordement des ordures dans la circonscription. «Il y a eu la fermeture du dépôt de transit appelé Kilimandjaro, situé non loin de l’APCMM d’une part, et d’autre part la fermeture du dépôt de transit du CFP, fermé par le maire du district par intérim, le 18 août dernier, par un communiqué (ndlr : la décision était inévitable car le dépôt était totalement saturé). Les services d’hygiène, notamment le groupement d’intérêt économique (GIE), n’ayant plus un dépôt de transit dans la commune, ont arrêté le travail», développe-t-il. La mairie de la Commune II a mobilisé plus d’une trentaine de camions Benne et des voitures ordinaires pour faire face à la situation. Le maire Youssouf Coulibaly semble prendre sérieux la révolte des populations de sa Commune, qui ne sont pas à leur premier coup, parce qu’ils ont envahi la mairie et son alentour avec les ordures, poussant le maire et ses adjoints à abandonner la mairie qui a même été par la suite rénovée.
Depuis le déclenchement de la leçon des ordures, le maire et ses adjoints veuillent au grain. Chaque maire surveille son quartier pour détecter les cas de mécontentement parce que dans certains quartiers, les habitants affirment ne pas à accepter le mépris de la mairie.
«Nyamanton», la leçon des ordures
C’est le nom d’un film de Cheick Oumar Sissoko tourné en 1986. Dans un quartier de Bamako, Kalifa, un jeune garçon de 9 ans est, comme sa sœur Fanta, renvoyé de l’école le jour de la rentrée scolaire parce qu’il n’a pas de table-banc. Leurs parents font un emprunt pour acheter un banc, mais les enfants sont obligés de travailler pour aider financièrement leur famille. Leur vie est ainsi partagée entre l’école le matin et les petits boulots l’après-midi. Certes «Nyamanton» parle de la vie de cette famille, sous la dictature de Moussa Traoré, mais les mêmes problèmes persistent aujourd’hui. Car, au-delà de Kalifa et Fanta, il y a des problèmes à l’école, des problèmes d’emploi… Les mêmes problèmes soulevés par Cheick Oumar Sissoko persistent. À l’instar de Kalifa, neuf ans, et sa sœur Fanta, qui vont tout tenter pour sortir de la misère en suivant l’école pour s’instruire, les Maliens en sont toujours à se battre pour gagner leur pain quotidien, pour pouvoir envoyer leurs enfants à l’école, assurer leur avenir.
Comme dans le film de Cheick Oumar Sissoko, la réalité reste la même : la rue devient le lieu où les Maliens tentent de résoudre leur problème. Les difficultés des Maliens en 1986 sont ceux des Maliens en 2014, avec en prime une dose de mauvaise gouvernance, de corruption et de détournement de deniers publics sous l’ère des démocrates. Lesquels nous ont fait croire que honnir la dictature était la panacée à tous nos problèmes. 28 ans après, les réalités dépeintes par le film «Nyamanton» demeurent d’actualité.
Faut-il rappeler que ce film a été projeté dans toutes les salles de cinéma du Mali. Il parle de la mauvaise gestion de l’école, du nombre pléthorique dans les salles de classe ; sans oublier le chômage, les enfants mendiants, la misère, tous ces maux qui continuent de ronger les Maliens.
Kassim TRAORE
Le problème des déchets est très certainement mal posé. Consultons les spécialistes et regardons ce qui se passe dans d’autres grandes villes.
Les moyens et l’organisation mis en œuvre ne correspondent pas à une gestion moderne des déchets d’une ville de près de 3,5 millions d’habitants. Des charrettes et des ânes au 21ème siècle pour une ville de plus de 50 Km de long et 35 km de large, voire plus; des jeunes dont les seuls outils de travail sont constitués d’un stylo et d’un carnet de facture, dont les employés sont des migrants ruraux sachant conduire une charrette et prêts à accepter des salaires dérisoires..
La ville de Bamako doit revoir sa modernisation et tourner le dos à des technologies et à des organisations qui ne peuvent plus résoudre ses problèmes. On pourrait longuement disserter sur plusieurs domaines, par exemple les transports publics avec ses “dourounis” et taxi-chariot à trois roues, …tout ça à l’heure de la fibre optique et de l’Internet. Nous pouvons mieux!
Le depot ,nos autorites communales,ne visent que leurs interets sordides et presonnels,sinon entre deux et en face du stade,lors d'une emission TM2,il aete demontrer que ses enfants de ses differente ecoles manifesteront dans 10 ans des infections pulmonaires
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