Le vice-président du BIPREM suite à la rencontre avec les syndicats Sam et Sylima : «Nous avons convenu de tout mettre en œuvre pour une gestion transparente des deniers publics»

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C’est au siège du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) que s’est tenue une rencontre entre les membres du Bureau BIPREM et SAM/SYLIMA le 15 octobre dernier. Nous avons interrogé Boubacar Sidiki Diarra, Vice-Président du Bloc d’Intervention Populaire et Pacifique pour la Réunification Entière du Mali (BIPREM).

Le Sphinx : Dans quel cadre se situait cette rencontre, une première du genre entre le BIPREM et les Syndicats de la Magistrats, à savoir, le SAM et le SYLIMA ?

Boubacar Sidiki Diarra : Je vous remercie : C’est en notre qualité de membre à part entière de la société civile malienne que notre association dénommée BIPREM a décidé de rencontrer les deux syndicats en grève depuis maintenant presque trois mois. La rencontre était à notre demande. Et c’est le lieu pour nous de remercier très chaleureusement les responsables des deux syndicats pour la qualité de l’accueil et la franchise dans les débats.

De quoi aviez-vous parlez ?

Bien sûr, de la grève illimitée observée par les magistrats, du décret portant réquisition des magistrats et de la transparence dans la gestion des deniers publics. Je dois dire que nous sommes tous sur la même longueur d’ondes.

Et quelles sont les conclusions ?

Au BIPREM, nous estimons que le gouvernement a envenimé la crise non seulement en tenant des discours pour le moins provocateurs, équivoques voire conflictuels et même insultants, mais aussi, en tentant d’utiliser la manière forte à travers l’adoption d’un décret plutôt vide de sens et en coupant le salaire des grévistes. L’Etat voulait-il jouer à faire peur aux Magistrats ? Si oui, il a échoué ! Et pour cause. Nous constatons qu’aucune mesure par lui prise n’a apporté l’effet escompté. Toutes les grandes déclarations se sont limitées à de simples professions de foi, de simples menaces en l’air. Au finish, point de réquisition comme annoncée à grand renfort de publicité ! Guère de suspension du mot d’ordre de grève ! 

On eût dit, au demeurant, que la réaction du gouvernement a contribué à renforcer davantage les rangs des grévistes, en tout cas, au regard de la grande, très grande mobilisation à la faveur de l’Assemblée générale extraordinaire conjointe des deux syndicats du 10 Octobre après la sortie ratée du Premier Ministre.  A ladite rencontre, ont pris part la quasi-totalité des membres des institutions judiciaires à l’image de la Cour Constitutionnelle, de la Cour Suprême… Aussi, les syndicalistes sont parvenus à faire sortir le Président de la République de sa réserve. Et en guise de bonne foi, le gouvernement a décidé de verser la totalité des salaires du mois de Septembre et de satisfaire entièrement la revendication portant sur la sécurisation des Magistrats et du personnel judiciaire, un point essentiel pourtant occulté par le Premier Ministre. On peut donc parler d’avancée !

Le Gouvernement a récemment publié un document dans lequel il évoque les efforts consentis par l’Etat au profit de la Magistrature. Est-ce à dire que l’Etat a suffisamment fait pour cette corporation ?

C’est bien l’impression qu’il veut donner. Bien sûr, c’est ignorer tout simplement, dans toute entreprise humaine, que ce qui reste à faire, est toujours plus important que ce qui a été fait ! Mais c’est de bonne guerre ! Pour autant, les principales revendications des Magistrats portent sur 02 points ayant déjà fait l’objet d’un accord avec le Gouvernement. En clair, il ne s’agit pas d’une nouvelle négociation, mais plutôt, de la mise en œuvre d’un commun accord, signé et approuvé !  Et c’est là que le gouvernement a péché ! L’Etat du Mali tente tout simplement de remettre en cause un acquis syndical. Et il s’y prend très mal !  Et du coup, il remet en cause le principe de continuité de l’Etat. De l’amateurisme quoi !

Mais quelle solution préconise donc le BIPREM ?

Nous venons juste d’écouter une partie (quand bien même nous restons convaincus que l’autre doit faire des efforts pour rétablir sa crédibilité !). Enfin ! Ce n’est pas un secret : le BIPREM a d’ores et déjà pris contact avec des personnes ressources pour servir de médiateurs.

Et qui sont donc ces personnes prodiges ?

Nous ne pouvons en dire davantage pour l’instant. Une chose est sûre : ces personnes sont crédibles ! 

Dans le communiqué issu de la rencontre d’avec les deux syndicats, le BIPREM semble prendre parti. Qu’est qui justifie cette prise de position ?

Nous estimons tout simplement que le gouvernement a outrepassé ses prérogatives. Et il faut bien qu’on le lui rappelle ! Il est désormais de notoriété dans notre pays que tout mouvement de revendications et de contestation, toute opinion contraire soit vite assimilée à une opposition politique. C’est le fameux principe : «Si tu n’es pas avec moi, alors tu es contre moi».  C’est bien connu ! Mais quelle petitesse de vue ! Au BIPREM, nous nous insurgeons contre ce nombrilisme, voire cette bassesse ! Le Mali va au-delà de ceux aujourd’hui aux affaires. Pour nous, le «Mali d’abord» n’est pas un vain mot !

Le BIPREM et les syndicats de magistrats ont en outre déploré l’approche du gouvernement qui, dans cette affaire, constitue une grave atteinte à la démocratie, à la mémoire des martyrs de la démocratie et la fin programmée du syndicalisme au Mali. A y voir de très près, l’approche du gouvernement a pour but de tuer toute opposition et opinion contraires, bref, de remettre en cause, les acquis démocratiques. Au BIPREM, nous disons non !

Au-delà de la grève et de ses corollaires, le BIPREM et les deux syndicats (SAM/SYLIMA) semblent désormais avoir des projets en commun. Lesquels ?

Disons que nous avons convenu d’un cadre de collaboration mieux élaboré et approprié.

Dans le communiqué issu de la rencontre, il est écrit que les deux parties «continueront de tout mettre en œuvre pour une gestion transparente des deniers publics». Soyez plus explicites ! Allusion est-elle faite à la fameuse affaire des «trois milliards et demi (3.500.000.000) FCFA évaporés dans la nature à l’hôtel des Finances» ?

Pas seulement celle-là !  Il s’agit de toutes les affaires de détournement de deniers publics dont les Magistrats seraient éventuellement imprégnés, mais dans l’impossibilité légale d’agir ! Signalons qu’avec la création de la Haute Cour de Justice, certaines catégories de responsables échappent de facto au système judiciaire classique puisque ne pouvant être poursuivies par les juridictions traditionnelles. La haute cour de Justice semble justement avoir été créée pour les besoins de la cause.   Pour autant, nous ne devrons voir qu’une seule face de la médaille : il est bien possible que certains parmi ces hauts responsables soient également victimes de la loi. Même si accusés à tort, la loi leur interdit de se défendre tant qu’ils occuperont leurs fauteuils ministériels et autres. La société civile, en tout cas, le BIPREM peut servir d’interface en demandant et obtenant éventuellement l’abrogation de cette loi que nous jugeons injuste (et taillée sur mesure) et en prenant le relais des Magistrats Maliens, en transportant les affaires conflictuelles en question auprès des juridictions compétentes nationales et internationales, et aussi, en donnant la possibilité à tous les mis-en-cause de se défendre et contribuer ainsi à la manifestation de la vérité.

Un dernier mot ?

Le BIPREM, fidèle à ses engagements, soutient les Magistrats sans démagogie aucune. Nous invitons tous les compatriotes à nous rejoindre. Bien entendu, nul n’est infaillible et la justice malienne n’est pas sans reproche, comme toute œuvre humaine d’ailleurs. Qu’à cela ne tienne ! Mais c’est ensemble que nous parviendrons à la consolider. Imaginez tout simplement un pays sans justice !

Propos recueillis par Batomah Sissoko

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1 commentaire

  1. Ces islamistes nous ont montré que c’était la plus stupide des “civilisations”…

    Et qu’ils ont déjà été assez trop bénéficié des favorisations comme ça!

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