Le Réseau Joko ni Maaya composé de plusieurs ” associations de veille citoyenne ” a organisé, le vendredi 11 septembre 2015, une session de formation sur les grands enjeux de la crise qui secoue le Mali depuis trois ans et les stratégies pour la résoudre. Le paneliste principal de cette rencontre, président du Réseau Joko ni Maaya, Pr Abdoulaye Niang, a expliqué qu’à travers ses recherches c’est ” l’inversion des droits économiques qui est la cause profonde de la crise qui a failli faire disparaître le Mali “.
C’est en présence des principaux cadres des associations membres du Réseau que cette session de formation s’est déroulée dans l’après-midi du vendredi dernier.
Dans son exposé, Pr Abdoulaye Niang a expliqué que le Mali a, aujourd’hui, plus de chance que n’importe quel Etat pour accélérer son développement. “Nous avons une crise qui est potentiellement une source de changement positif pour notre pays. De la bonne sortie de la crise dépend notre avenir vers l’émergence. Et nous avons dit, en novembre 2011 déjà, en nous fondant sur nos recherches, qu’il faut que le changement survienne pour un nouveau départ porteur de progrès. C’est ce qui a été marqué par le coup de force de mars 2012″.
Il a ensuite expliqué des concepts de macroéconomie comme le PIB, qui traduit la variation des richesses dans le pays, la croissance économique. Une variation de richesses, a-t-il souligné, produites dans le Mali mais pas par des Maliens. Et de rappeler la joie du président de la République, lorsque qu’en marge d’un récent sommet à Abuja, ses pairs l’ont félicité pour la croissance (de 7,2 %) enregistrée par le Mali.
Pr Niang relevera le contraste entre cette performance et l’étonnement du même IBK lors de sa visite à Kolondièba, lorsque le chef de l’Etat s’est désolé de l’état de dénuement de cette localité. Il en déduit que la production de richesses n’est pas faite par des Maliens, donc, n’a pas de répercussion à l’intérieur du pays. Et de faire un aperçu de l’Indice de développement humain (IDH) coordonné par des organisations onusiennes comme le PNUD, qui classe le Mali parmi les pays les plus pauvres du continent. Alors que des milliards de richesses sont produites sur les terres maliennes.
Il citera l’exemple des mines, notamment l’or qui génère des sommes colossaes servant à enrichir d’autres horizons par des capitalistes étrangers. Et le paneliste de citer l’article 55 de la Charte des Nations Unies, qui dispose qu’en «aucun cas», l’on ne peut priver les peuples de leurs droits de subsistance. Car, pour lui, les mines d’or du Mali constituent des droits de subsistance du peuple malien. “Aujourd’hui, avec l’exploitation de la 11 ème mine d’or, l’Etat malien ne détient que 20 % des profits tirés. Ce qui n’est pas normal “, a-t-il déclaré. Avant de souligner que cette injustice dans un pays, où les besoins sont immenses dans tous les domaines, est plus que révoltant. “Nous disons que la cause profonde de la crise dans laquelle ce pays a sombré est cette inversion des droits économiques”,a-t-il indiqué. Il a précisé que les droits économiques des Maliens sont détournés par les acteurs du capitalisme international bénéficiant des paradis fiscaux de par le monde.
Alors que dans tous les textes internationaux, la prééminence de la solution nationale est préconisée. C’est donc aux Maliens de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Et d’ajouter que la croissance du Mali est forte, alors que la France, par exemple, a aujourd’hui, une croissance de 0 % et c’est elle et d’autres pays qui “s’enrichissent sur le dos de nos peuples par la rétention des richesses tirées de l’exploitation des champs gaziers, des champs aurifères, des champs pétrolifères, etc. Des gens qui sont dans l’opulence sans avoir travaillé. Ce qui génère aussi une crise sociale globale et sécuritaire “.
Bruno D SEGBEDJI