C’est par un communiqué lu devant la presse que le porte-parole du gouvernement, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, porte- parole du gouvernement, a informé l’opinion nationale et internationale du report du referendum constitutionnel qui était prévu le 19 mars 2023. C’est sans surprise et logiquement au regard du retard constaté dans l’exécution du chronogramme, il ne pouvait en être autrement si le gouvernement veut sauver la face. Tout porte à croire que ce report va impacter négativement sur le reste du chronogramme dont la fin devra être l’organisation de la présidentielle en 2024. La question qui taraude les esprits est celle de savoir si cette décision est un simple report ou renoncement à un projet qui fait aujourd’hui l’objet de beaucoup de critique et de controverses. Et d’autres termes à qui faudrait-il imputer la responsabilité du retard ? Cet autre projet de révision et où rédaction d’une nouvelle constitution va-t-il être mis aux placards ?
A un an de la fin officielle de la transition, le gouvernement peine non seulement à mettre en place les outils nécessaires pour la bonne organisation des élections, mais aussi et surtout il vient de se montrer incapable d’organiser le premier des six scrutins prévus dans le chronogramme souverainement élaboré et soumis à la communauté internationale. En effet, ce report sine die du référendum sur la nouvelle constitution, au motif que l’opérationnalisation de l’Autorité de gestion des élections (AIGE) à travers l’installation de ses démembrements dans les 19 nouvelles régions et du district de Bamako, ainsi que la vulgarisation du projet de Constitution, ont accusé un grand retard, semble être fallacieux. La raison est sans doute la montée de l’adrénaline contre le projet, mais également le manque de ressources financières pour organiser toutes les élections. Il y a aujourd’hui une véritable levée de bois vert contre le fameux projet. Pour tout bon analyste ce report est tout simplement un renoncement à un projet qui ne fait non seulement pas l’unanimité, mais aussi et surtout porte en lui les germes du pouvoir absolu du Prince président, ce qui serait aux antipodes de la démocratie.
Pour rappel ce report intervient dans un contexte marqué par le rejet du projet par une bonne partie de la classe politique et particulièrement par la Ligue Malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique au Mali, Limama. Il est à rappeler qu’avant la ligue malienne des Imams et érudits, c’est d’abord une frange importante de la classe politique qui s’est opposée à ce projet de nouvelle constitution, qu’elle a trouvé le travail indigeste et totalement démocraticide et liberticide. Après c(‘est autour de la Limama de se montrer hostile à la nouvelle constitution parce qu’elle pense être une arme qui agresse l’islam. Si cette constitution passait, martèle-t-elle, elle favorisera des pratiques qui sont contraires aux principes de la religion du Prophète Mohamad. Comme si cela ne suffisait pas le nouveau regroupement politique ou la plateforme, Appel du 20 février pour sauver le Mali demande un abandon pur et simple du projet de la nouvelle constitution, car pour lui les initiateurs de ce projet n’ont ni la qualité, encore moins la légitimité pour toucher à une virgule de la Constitution du 25 février 1992.
Au regard de cette levée des boucliers qui rappelle fort opportunément ANTE A BANA, on peut affirmer sans risque de se tromper que les autorités ont simplement pris le devant en anticipant. Elles semblent trouver les prétextes pour se faire bonne conscience et trouver une porte de sortie honorable, à savoir la lente opérationnalisation des démembrements de l’AIGE et surtout le taux insuffisant d’inscription des citoyens pour la carte biométrique. Surtout que c’est cette carte qui doit servir de carte d’électeur. Les autorités ont-elles eu peur de voir les rues être envahies par les opposants au projet de la nouvelle constitution ?
En somme, tout porte à croire que les autres scrutins connaitront le même sort que le referendum, car l’argent qui est le nerf de la guerre est devenu une denrée rare. Le Mali sous embargo financier aura du mal à trouver les fonds nécessaires pour faire face aux priorités. Donc d’autres reports sont en « téléchargement », tout comme la transition a du plomb dans les ailes.
Youssouf Sissoko